Les rumeurs selon lesquelles la Chine communiste envisage de construire une base de renseignement à Cuba semblent avoir été démenties dans la mesure où des installations similaires existent déjà depuis trois décennies, selon un nouveau rapport.
C’est ce qu’a déclaré Chris Simmons, ancien chef de la branche de recherche sur le contre-espionnage de l’Agence américaine de renseignement de la défense, au Miami Herald dans un article paru le 5 juin.
« Nous avons vu les améliorations sur une décennie, une évolution constante , il se passait clairement quelque chose, mais nous ne savions pas quoi », a déclaré Chris Simons, évoquant les rénovations et les mises à niveau d’une « installation de renseignement électromagnétique » située à environ 45 minutes de La Havane, dans la ville de Bejucal.
Chris Simmons a ajouté : « ensuite, en 2001, nous avons découvert que les Chinois étaient déjà présents depuis neuf ans. On nous a dit à l’époque que lorsque les Chinois sont arrivés en 1992, ils étaient installés dans un seul bâtiment de Bejucal, et qu’il y avait 50 officiers dans cette installation ».
La perspective que Pékin déploie des infrastructures militaires non loin de la pointe sud de la Floride a été un sujet brûlant, suscité par un rapport du 20 juin du Wall Street Journal, qui citait des fonctionnaires américains anonymes affirmant que la Chine et Cuba prévoyaient de lancer un nouveau centre d’entraînement militaire commun.
Un porte-parole de l’administration Biden a déclaré : « je ne peux pas confirmer ce rapport ni faire de commentaire à ce sujet », a indiqué Politico.
« Nous restons préoccupés par les activités de longue date de la Chine avec Cuba », a déclaré le porte-parole, ajoutant que la Chine « continuera à essayer de renforcer sa présence à Cuba, et nous continuerons à travailler pour la perturber ».
Une étape importante et une escalade
Les sénateurs Bob Menendez (D-NJ) et Michael McCaul (R-TX) ont écrit dans une lettre au secrétaire d’État Antony Blinken et au directeur de la CIA William Burns, que « l’établissement d’installations de renseignement et l’expansion des liens militaires si près du territoire américain constituent une étape importante et une escalade », tout en demandant que le Congrès soit dûment informé à ce sujet.
Lors d’une interview accordée à l’émission Meet the Press de la chaîne NBC, Antony Blinken a indiqué, à la suite d’un voyage très médiatisé à Pékin pour y rencontrer Xi Jinping et d’autres hauts fonctionnaires, que son ministère avait soulevé la question de la base d’espionnage avec le gouvernement cubain.
« Pour eux, il n’y a pas de secret quant à nos préoccupations (…) et au fait que nous surveillons cela de très près », a-t-il ajouté.
Il a également déclaré que Washington s’était continuellement « engagé dans un certain nombre de pays au cours des deux dernières années » où « la Chine essaie de s’implanter ».
« Alors comme je l’ai dit, dans de nombreux endroits où la Chine a tenté de prendre pied, militairement ou par le biais de renseignements, nous ne nous sommes pas contentés d’examiner la situation, nous avons pris des mesures pour tenter de la repousser, et nous avons eu un certain succès », a également expliqué Antony Blinken.
Chris Simmons a expliqué au Miami Herald que le déploiement du PCC à Cuba, il y a trente ans, a eu lieu immédiatement après l’effondrement de l’Union soviétique et à une époque où Pékin n’était pas considéré comme un adversaire international ou une superpuissance (en 1990, l’économie de la Chine continentale était plus petite que celle de la ville de Tokyo).
« Mais l’idée reçue était que la Chine avait simplement saisi l’opportunité politique de l’effondrement de l’Union soviétique. C’était la logique simplifiée de Washington. Nous pouvions voir les navires entrer et les armes sortir. Mais pour l’essentiel, Washington ne voulait pas poser les questions difficiles », a ajouté Chris Simmons en guise de mise en garde.
La porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Kate Waters, a refusé de confirmer la version des événements de Chris Simmons dans ses commentaires au Miami Herald, mais elle a laissé entendre que le déploiement d’infrastructures chinoises à Cuba n’était pas vraiment nouveau.
« Il semble qu’il y ait également une confusion, car la position de l’administration n’a pas été de dire qu’il s’agissait d’un développement récent, même si certains reportages erronés l’ont suggéré », a déclaré Kate Waters.
Des décennies d’analyse de modèles
Expliquant ce dont est capable une installation de renseignement d’origine électromagnétique, Chris Simmons a brossé un tableau beaucoup plus inquiétant de son importance par rapport au ballon espion chinois, qui a apparemment été construit avec des pièces fabriquées aux États-Unis et disponibles dans le commerce, d’après des rapports récents.
Chris Simmons a déclaré que Cuba est « étonnamment compétent dans ce que nous appelons l’analyse des schémas ».
En effet, Cuba étant si proche de l’Amérique, « ils trient les numéros importants et peuvent vous dire que Chris Simmons passe en moyenne trois appels téléphoniques à ce numéro pour la CIA ».
« Ils ne savent donc pas ce que je dis, mais le schéma leur indique avec qui j’opère et ce qui est normal pour moi », a-t-il ajouté.
Cuba et la zone à partir de laquelle les services de renseignement du PCC opéreraient se trouve à une centaine de kilomètres de la Floride, une distance comparable à celle qui sépare Taïwan de la Chine continentale.
Pendant la guerre froide, l’armée de l’air américaine a utilisé la base aérienne de Ching Chuan Kang à Taïwan, alors communément considérée comme la « Chine libre » par opposition à la Chine continentale communiste.
Plus récemment, avec la montée des tensions entre Washington et le PCC et son dirigeant Xi Jinping, les États-Unis ont déployé davantage de forces militaires à Taïwan, tandis que des hauts fonctionnaires américains rencontrent leurs homologues de la République de Chine, nom officiel de Taïwan.
En décembre 2021, Voice of America a noté que les États-Unis avaient doublé leurs forces stationnées dans la République.
Le nombre officiel est passé de 20 à 39 en l’espace d’environ 9 mois.
Bien que ce nombre soit certainement faible, « l’escalade est subtile mais indubitable », a déclaré à VOA un consultant en affaires militaires d’un groupe de réflexion.
En février dernier, le Wall Street Journal a rapporté que les États-Unis allaient déployer jusqu’à 200 soldats à Taïwan « dans les mois à venir ».
Le déploiement avait pour but « d’étendre un programme de formation que le Pentagone s’est efforcé de ne pas rendre public, alors que les États-Unis s’efforcent de fournir à Taipei les capacités dont elle a besoin pour se défendre sans provoquer Pékin », résumaient les auteurs de l’article.
Rédacteur Fetty Adler
Collaborateur Jo Ann
Source : CCP Spy Base in Cuba Has Existed for 30 Years, Intelligence Officer Says
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