L’Administration du cyberespace de la Chine a publié le 16 novembre une nouvelle version du règlement pour l’utilisation de l’Internet en Chine, qui entrera en vigueur le 15 décembre, exigeant que tous les commentaires sous les reportages ou les articles sur les sites Internet chinois soient examinés avant d’être publiés. En outre, les exploitants des comptes publics seront également tenus d’intensifier leurs efforts pour examiner le contenu des commentaires postés par les internautes.
Le nouveau règlement chinois pour sanctionner les commentaires sur Internet
Alors que l’épidémie continue de progresser en Chine, de nombreuses personnes ont choisi de déposer leurs plaintes et d’appeler la ligne d’urgence de leur maire pour demander de l’aide. Cependant, les autorités chinoises les ont arrêtés sous le motif de diffusion de rumeurs sur l’épidémie et d’atteinte à l’ordre public sur Internet, ce qui a suscité un tollé.
Selon l’Agence de presse Xinhua, L’Administration du cyberespace de la Chine a récemment publié le « Règlement sur l’administration des services de commentaires sur Internet » nouvellement révisé, soulignant que le règlement existant, entré en vigueur le 1er octobre 2017, doit être « révisé et amélioré » en réponse au développement rapide des nouvelles technologies et applications sur Internet. La nouvelle version du règlement, qui compte 16 articles au total, sera publiée sur Internet.
La nouvelle version du règlement ajoute trois nouveaux articles à l’ancienne version, en se concentrant sur les responsabilités de gestion des commentaires de la part des fournisseurs de services de commentaires et sur les exigences que les utilisateurs (internautes) et les opérateurs de comptes publics doivent respecter.
L’Administration du cyberespace de la Chine souligne que les producteurs et les opérateurs de comptes publics peuvent demander aux fournisseurs de services de commentaires l’autorisation de gérer la zone de commentaires conformément à l’accord de services aux utilisateurs. Le fournisseur de services de commentaires doit procéder à une évaluation du crédit de la gestion des commentaires des producteurs et des opérateurs de comptes publics, puis configurer raisonnablement et fournir un soutien technique approprié.
Le « délit de flooding malveillant » : une invention du Parti communiste chinois pour empêcher les Chinois d’envoyer les appels à l’aide sur Internet
En réalité, le contrôle étroit exercé par le Parti communiste chinois sur internet, en Chine, n’a rien de nouveau. Toutefois, la récente montée de l’épidémie en Chine a suscité des inquiétudes quant aux mesures prises sur internet, car des catastrophes secondaires ont été signalées dans diverses régions du pays à la suite de fermetures extrêmes.
Par exemple, depuis l’apparition de l’épidémie au Xinjiang début août, les autorités bloquent la région depuis trois mois, au motif de la prévention des épidémies. Pendant ce temps, de nombreux messages en ligne ont été publiés par des habitants locaux demandant de l’aide, dans l’espoir que le monde extérieur y prête attention et fasse pression sur les responsables du Parti communiste chinois.
Mais, chose incroyable, au lieu de résoudre le véritable problème de la population, les autorités locales auraient permis aux personnes qui ont des relations de vendre les « permis de quitter le Xinjiang » à Urumqi, dans le Xinjiang. Un vendeur prétendant bénéficier d’une protection officielle a ouvertement vendu des permis de circulation pour véhicules pendant toute la durée de l’épidémie, exigeant 3 000 RMB (400 €) à l’une de ses clientes et demandant à cette dernière un rapport sexuel avec lui à son retour au Xinjiang.
Afin d’étouffer le scandale au plus vite, les autorités ont lancé une campagne de censure pour détourner l’attention du public, publiant trois avis sur les « délits typiques » le 15 novembre, affirmant que pendant l’épidémie, certains internautes « ont pratiqué le flooding malveillant sur Internet », perturbant « l’ordre public sur Internet » et provoquant un « impact social négatif », et que ces internautes ont fait l’objet d’une enquête des autorités chargées de la sécurité publique.
Toutefois, hormis l’annonce officielle selon laquelle l’un de ces internautes avait inondé l’écran avec le mot « Urumqi », aucune explication officielle n’a été donnée sur ce que les deux autres personnes avaient fait concernant leur pratique du flooding ni sur la manière dont elles avaient perturbé l’ordre public sur Internet. Les internautes chinois ont reproché au Bureau de la sécurité publique du Xinjiang d’avoir créé une nouvelle « jurisprudence » en matière d’arrestations.
En réalité, les Chinois ont utilisé toutes les méthodes civilisées, y compris les plaintes et les appels sur la ligne verte du maire, mais en vain. C’est la raison pour laquelle certains internautes ont pensé à inonder la zone des commentaires sur Internet par l’envoi répétitif du nom de la ville de Urumqi afin d’attirer l’attention de tout le monde. D’autres internautes se sont exclamés : « Lorsque j’ai vu l’avis concernant le " délit de flooding malveillant ", j’étais stupéfait ! Mon cœur est brisé ! »
Le Xinjiang a puni au moins 12 internautes depuis 20 jours
Au cours des 20 derniers jours, la police d’Urumqi a arrêté au moins 12 internautes accusés de « répandre des rumeurs sur l’épidémie » et de « troubler l’ordre public sur Internet », selon des documents publics.
Parmi eux se trouvait une femme de 68 ans de la ville de Yining, également accusée d’avoir utilisé des messageries instantanées pour répandre des rumeurs et perturber l’ordre public, ayant provoqué un impact social négatif.
Pourtant, les médias étrangers ont révélé qu’au moins 22 personnes sont mortes de faim ou du manque de soins médicaux en une seule journée, fin septembre, dans la ville de Yining, dans le nord du Xinjiang, où les gens ont été contraints de chercher de l’aide en ligne face à une répression sévère.
Un internaute du Xinjiang a soupiré : « Ma ville natale est celle la plus au nord-ouest de la Chine, qui a été confinée pendant plus de 100 jours, et je ne suis pas autorisé à prononcer son nom composé de quatre mots. Avant, lorsque les États-Unis disaient que nous n’avions pas de droits de l’homme ici, nous les réfutions solennellement ! Maintenant je sais que j’avais tort, et c’est une honte ! »
Rédacteur Yi Ming
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