Depuis décembre, certaines des meilleures universités chinoises ont été contraintes de modifier leur charte pour aligner leur point de vue sur les idéaux du Parti communiste. À l’université Fudan de Shanghai, les responsables ont supprimé toute référence à la « liberté de pensée », ce qui a déclenché une vive réaction de la part des étudiants.
La censure dans les universités
« À Fudan, les étudiants se sont réunis dans une cafétéria et ont participé à une interprétation de l’hymne officiel de Fudan, qui comprend la phrase " liberté de pensée " qui a été supprimée de la charte de l’école. Plusieurs professeurs de l’université... ont mis en ligne des messages critiquant la décision de réviser la charte, disant que l’école aurait dû consulter le corps professoral et les étudiants. Beaucoup de leurs messages ont été rapidement supprimés par les responsables de la censure », selon le New York Times.
Un étudiant de l’université a fait circuler une lettre ouverte sur WeChat, demandant à l’établissement de revenir sur les changements. Cependant, l’administration de l’université a justifié la nouvelle charte, faisant valoir qu’elle n’avait rien d’illégal et qu’elle ne visait qu’à « souligner » l’implication du Parti communiste dans les activités de la direction sur le campus. Les règles interdisant la liberté d’expression et d’enquête ont toujours été présentes à l’université dans le passé. Ce n’est que maintenant que de telles restrictions ont été officialisées.
L’administration de l’université a fait remarquer que les règles contre la liberté d’expression et d’enquête ont toujours été présentes au sein de l’université dans le passé, mais ce n’est que maintenant que ces restrictions ont été officialisées. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Le Times Higher Education a classé Fudan à la 109e place dans son classement mondial des universités de 2020. Ainsi, la restriction actuelle ne fera que nuire à la réputation de l’établissement à l’échelle mondiale. Au lieu de « liberté de pensée », la nouvelle charte parle d’« éducation patriotique ». Elle précise que le comité du Parti communiste chinois (PCC) sera désormais profondément impliqué dans le processus de prise de décision à l’université tout en définissant son orientation. Le Socialisme aux caractéristiques chinoises de Xi Jinping sera promu dans tous les campus.
« Cela se fait par étapes dans tout le pays: Les constitutions de toutes les universités sont en cours de révision… Depuis la quatrième session plénière du 19ème Congrès du Parti… les universités sont transformées en véritables bastions de l’éducation politique et idéologique… Tout libéralisme restant parmi les enseignants universitaires est complètement éliminé par une intervention institutionnelle », a déclaré à Radio Free Asia, Wu Qiang, ancien professeur de politique à la prestigieuse Université Tsinghua de Pékin,.
Outre Fudan, l’Université normale du Shaanxi, dans le nord-ouest de la Chine et l’Université de Nanjing, dans l’est du pays, ont également révisé leurs chartes conformément à la politique de l’État. Les deux universités se sont engagées à maintenir la direction globale du Parti communiste dans leurs établissements.
Nouvelle censure de l’Internet
Le gouvernement chinois renforce également les règles de censure d’Internet déjà strictes dans le pays. Une publication récente de la Cyberspace Administration of China décrit comment les entreprises d’internet opérant à l'intérieur du pays doivent gérer leur contenu.
Le gouvernement chinois renforce également les règles de censure d’Internet déjà strictes dans le pays. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Les nouvelles lignes directrices préconisent « des algorithmes de recommandation qui favorisent les idées " positives " (lire : politiques gouvernementales) tout en excluant les " mauvais " documents. La mesure interdit explicitement tout contenu qui " met en danger la sécurité nationale, divulgue des secrets d’État, subvertit le pouvoir de l’État, (et) sape l’unité nationale ". En d’autres termes, les sociétés Internet ne peuvent pas contester le statu quo politique », selon Engadget.
Les règles entreront en vigueur le 1er mars de cette année. Elles prévoient également des contrôles plus stricts sur les personnes qui peuvent s’inscrire aux services Internet, la gestion des comptes, la modération du contenu et la gestion des « rumeurs ». Selon un rapport de Freedom House, la censure chinoise sur Internet a atteint un nouveau palier cette année. Le rapport avertit que le pays est devenu un leader mondial dans le développement, le déploiement et l’exportation d’outils automatisés de surveillance de masse sur les réseaux sociaux. La Chine n’a obtenu que 10 points sur 100 et a été classée comme « non libre » par le rapport.
Rédacteur Swanne Vi
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