Un avion de combat basé sur un porte-avions A_PLAN_Shenyang_J-15 en train de décoller du porte-avions chinois PLANS_Liaoning. (Image : wikimedia / Ministère de la défense, Shogunat unifié / CC BY 4.0)
L’Armée populaire de libération (APL) de Chine poursuit ses opérations militaires pour harceler Taïwan. Le ministère de la défense nationale de la République de Chine (Taïwan) a rapporté le 27 janvier que l’armée taïwanaise avait détecté 33 patrouilles aériennes de l’APL et six sorties navales opérant de manière persistante à proximité du détroit de Taïwan.
Les forces communistes chinoises ont notamment franchi treize fois la ligne médiane entre Taïwan et la Chine continentale, y compris le long des prolongements de la ligne vers le sud-ouest et le nord. En outre, deux ballons dérivants ont été détectés depuis le continent.
Les dernières mesures prises par l’APL ont eu lieu lors d’une réunion entre le ministre des affaires étrangères de la République populaire de Chine (RPC), Wang Yi, et le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan.
Les ballons ont été observés dérivant à travers le détroit de Taïwan à des altitudes d’environ 60 000 et 51 000 pieds, mais ont disparu avant d’atteindre Taïwan.
Les opérations aéromaritimes de l’APL dirigées contre et autour de Taïwan sont devenues monnaie courante ces dernières années, alors que le Parti communiste chinois (PCC) adopte une position plus dure à l’égard de la ROC, considéré par Pékin comme un gouvernement rebelle illégitime.
Avant 1949, la République de Chine gouvernait le continent, mais elle a été contrainte de se retirer à Taïwan et dans plusieurs îles mineures environnantes après avoir perdu une longue guerre civile face à l’armée du PCC.
L’armée de la ROC surveille étroitement les provocations de l’APL et y répond en utilisant des avions de surveillance, des moyens navals et des systèmes de missiles terrestres.
Les pourparlers entre Wang Yi et Jake Sullivan
Alors que le PCC intensifie sa pression militaire sur Taïwan, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a rencontré le ministre des affaires étrangères de la RPC, Wang Yi, à Bangkok, en Thaïlande. La Maison Blanche a déclaré que Jake Sullivan avait insisté sur la nécessité pour les États-Unis et la Chine d’éviter que la concurrence ne dégénère en conflit ou en confrontation.
La Maison Blanche a indiqué que Jake Sullivan et Wang Yi avaient discuté des questions relatives au détroit, Jake Sullivan soulignant l’importance de maintenir la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan.
En ce qui concerne l’utilisation continue de ballons par le PCC pour harceler l’espace aérien autour de Taïwan, et même directement au-dessus de Taïwan, Shu Xiaohuang, chercheur adjoint à l’Institut de défense nationale de la ROC, a analysé qu’en raison de la direction des vents dominants, cette période favorise l’utilisation de ballons par le PCC pour harceler Taïwan. La lutte contre les ballons en temps de paix est relativement difficile, car le fait de les abattre sur la terre ferme pourrait mettre en danger les civils par la chute de débris, qu’il s’agisse des ballons eux-mêmes ou des projectiles utilisés pour les détruire.
Toutefois, l’armée taïwanaise pourrait envisager d’abattre quelques ballons espions en mer afin de procéder à des analyses de renseignements, a indiqué Shu Xiaohuang.
Du 4 au 7 août 2022, l’Armée populaire de libération de Chine a mené d’importants exercices militaires et activités de formation, notamment des exercices de tir réel dans ces zones maritimes et leur espace aérien délimité. (Image : wikimedia / OpenStreetMap contributors and Wikimedia maps contributors / CC BY-SA 4.0)
Harceler Taïwan
Shu Xiaohuang a noté que les conditions maritimes actuelles autour du détroit de Taïwan posent quelques difficultés pour les exercices navals, mais que le domaine aérien n’est pas affecté. Le PCC pourrait donc utiliser des ballons dérivants pour harceler Taïwan.
Chen Wenjia, consultant principal de l’Institut national de recherche sur les politiques de Taïwan, a également suggéré qu’étant donné que le PCC n’a pas réussi à influencer la récente élection présidentielle à Taïwan, l’utilisation de ballons à haute altitude pour recueillir des données atmosphériques et des informations sur les déploiements militaires au sol au-dessus de Taïwan pourrait être une tentative de renseignement en préparation de futurs lancements de fusées et de missiles.
Le Liberty Times a rapporté que lors d’une conférence de presse tenue le 26 janvier, le coordinateur des communications stratégiques à la Maison Blanche, John Kirby, a été interrogé sur les 54 ballons à haute altitude de la RPC qui ont franchi la ligne médiane depuis le 7 décembre de l’année dernière, dont environ la moitié a pénétré dans l’espace aérien de Taïwan alors que seize ballons ont survolé Taïwan même.
John Kirby a confirmé que les États-Unis étaient au courant de l’existence des ballons de surveillance, notamment au moment des élections à Taïwan. Il a souligné que le gouvernement de la RPC devait faire preuve de transparence quant à l’objectif de ses vols de ballons.
Il a également réitéré la position des États-Unis selon laquelle le droit du peuple taïwanais à organiser des élections libres et équitables ne devrait pas être entravé.
