La Chine compte environ 1,4 milliard d’habitants, soit plus que la population de l’Europe et de l’Amérique du Nord réunies. Une population aussi nombreuse exige inévitablement de grandes quantités de nourriture. Il n’est donc pas étonnant que la Chine soit le premier producteur de denrées alimentaires au monde. Cependant, l’alimentation en Chine est loin de répondre aux critères de sécurité et de salubrité. Ces derniers temps, la sécurité alimentaire suscite une inquiétude croissante. Alors comment la Chine nourrit-elle son importante population ?
Nourrir la population
Nourrir 1,4 milliard de personnes s’avère très difficile en Chine, étant donné que sa population représente un cinquième de la population mondiale mais qu’elle exploite moins d’un dixième des terres agricoles du monde. Sur les 334 millions d’acres de terres arables potentiellement utilisables pour l’agriculture, près de 37 millions sont considérées comme polluées et ont été mises en réserve pour être restaurées.
Plus de 90 % des exploitations agricoles chinoises n’ont une superficie que de 2,5 acres, ou moins, ce qui représente l’une des plus petites surfaces d’exploitation au monde. La totalité des terres agricoles du pays est répartie entre quelques 200 millions d’exploitations. En outre, une bonne partie de la Chine est constituée de zones soit désertiques, soit montagneuses. Tous ces facteurs rendent impossible l’existence de fermes géantes à l’occidentale dans le pays. En 2019, l’indice de durabilité alimentaire (Food Sustainability Index, FSI) de la Banque mondiale, a classé la Chine au 38e rang sur 113 nations en ce qui concerne la sécurité et la qualité des aliments.
Le développement économique rapide de ces deux dernières décennies a entraîné une augmentation de la demande de denrées alimentaires. Les investissements à grande échelle dans l’agriculture ont permis à la Chine de maintenir un rapport d’environ 1,1 en ce qui concerne la production et la consommation de céréales. Toutefois, plusieurs pays comme les États-Unis ont un ratio production-consommation bien plus élevé dans de nombreuses catégories d’aliments. Par exemple, le ratio production-consommation de céréales des États-Unis est de 14,1, ce qui signifie qu’ils produisent 14 fois plus de céréales qu’ils n’en consomment.
Au cours de la période 2003-2017, les importations alimentaires en Chine ont été multipliées par plus de 7, passant d’environ 14 milliards de dollars à 104 milliards de dollars. Au cours de la même période, les exportations alimentaires de la Chine n’ont été multipliées que par trois, passant d’environ 20 milliards à 59,6 milliards de dollars. Cela signifie essentiellement que l’augmentation de la demande alimentaire a largement dépassé ce que la Chine peut produire. Le gouvernement a versé d’énormes subventions pour stimuler l’agriculture. En 2018, près de 206 milliards de dollars ont été versés en subventions agricoles, ce qui est supérieur à ce que l’UE (110 milliards de dollars) et les États-Unis (44 milliards de dollars) ont versé ensemble.
Les entreprises chinoises ont commencé à investir dans des terres agricoles à l’étranger pour combler les déficits de production dans le pays. Entre 2000 et 2018, la Chine a acheté environ 3,2 millions d’hectares de terres à l’étranger, ce qui en fait le deuxième plus grand propriétaire foncier à l’étranger, juste derrière le Royaume-Uni. Toutefois, ces achats se sont heurtés à une certaine résistance ces dernières années, les pays se méfiant de plus en plus du régime communiste et de ses intentions.
La sécurité alimentaire
À court terme, les préoccupations concernant la sécurité alimentaire se sont multipliées dans les milieux diplomatiques chinois. Les inondations dévastatrices le long du fleuve Yangtze auraient eu un impact négatif sur la production alimentaire. Dans de nombreuses régions, les autorités forcent les agriculteurs à planter des cultures de base au lieu d’arbres ou d’autres produits. À long terme, la population du pays devrait atteindre près d’1,5 milliard d’habitants d’ici 2030, et il lui faudra alors 100 millions de tonnes de céréales supplémentaires chaque année.
La Chine aura besoin de 100 millions de tonnes de céréales supplémentaires par an d’ici 2030. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
En février de cette année, Pékin a publié ses orientations annuelles en matière de politique agricole, dans lesquelles il souligne l’importance de parvenir à l’autosuffisance dans la production de céréales de base, en particulier le blé et le riz. Cette politique préconise une utilisation accrue des cultures à haut rendement, ainsi qu’une rotation entre le maïs et le soja. En 2020-2021, on estime que la production de maïs devrait diminuer de 4 %. La production de riz était censée augmenter au cours de cette période. Cependant, certains experts pensent que les récentes inondations vont réduire la production de riz de 5 %.
Rédacteur Fetty Adler
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