Sun Yi a pris beaucoup de risques en aidant à réaliser Lettre de Masanjia, un documentaire de 52 minutes sur son expérience dans l’un des camps de travail le plus tristement célèbre de Chine.
Le film qu’il a aidé à tourner est sorti cet été et a déjà été projeté dans plusieurs villes des États-Unis, du Canada et d’Europe. Pourtant, le protagoniste n’en aura jamais vu les images ni entendu parler de ces dizaines de récompenses puisqu’il est mort l’année dernière, en l’attente d’un statut de réfugié dans la ville indonésienne de Jakarta, où il avait fui après avoir été brutalement persécuté pour ses convictions en Chine.
C’est l’histoire de Sun Yi à Masanjia et d’un appel au secours qui a été des mains d’une Américaine, ces deux personnages étant au cœur du documentaire.
Sun YI n’était que l’un des nombreux pratiquants de Falun Gong détenus dans le camp de travail situé dans le nord-est de la Chine.
Là, il a été brutalement torturé, des expériences qui ont été recréées dans le film à l’aide d’animation.
Une photo d’une séquence d’animation utilisée dans Lettre de Masanjia. (Image : Avec l’aimable autorisation de Flying Cloud Productions)
Le réalisateur Leon Lee, lauréat du prix Peabody, a déclaré que malgré l’horreur qu’il avait traversé, Sun Yi n’était pas une personne amère.
« Lorsqu’il racontait l’expérience de la torture, par exemple, c’était comme s’il racontait l’histoire de quelqu’un d’autre », a révélé Leon Lee aux médias chinois SupChina.
« Il était si paisible, et il n’y avait aucun ressentiment envers le tortionnaire ou qui que ce soit, ce qui, je pense, est de la vraie compassion. »
Une grande partie des images ont été tournées par Sun Yi et d’autres à l’intérieur de la Chine, qui l’ont ensuite exportée clandestinement.
Sun Yi tient sa lettre SOS qu’il a réussi à faire sortir du camp de travail
de Masanjia. (Image : Avec l’aimable autorisation de Flying Cloud Productions)
Au cours de leur tournage, ils ont interviewé deux gardiens du camp qui ont torturé des pratiquants du Falun Gong, une pratique de méditation qui inclut les principes de vérité, de compassion et de tolérance.
Leon Lee avait prévenu Sun Yi qu’il pensait que serait trop dangereux de mener de telles interviews en Chine.
« Mais Sun Yi sentait qu’ils regrettaient vraiment ce qu’ils avaient fait, et ce sera une rédemption pour eux », a rapporté le réalisateur Leon Lee. « Après l’interview, Sun Yi m'a dit qu’ils étaient vraiment soulagés. Ils se sentaient bien, pour la première fois de leur vie, ils avaient fait quelque chose de bien. »
Leon Lee a confirmé qu’ils n’avaient pas révélé l’identité des deux gardes dans le film.
C’est la lettre manuscrite d’appel au secours de Sun Yi, placée à l’intérieur d’un kit de décoration d’Halloween et découverte plus tard par Julie Keith, une mère de famille de l’Oregon (États-Unis), qui a fait la une des journaux en 2012.
Sun Yi (à droite) rencontre Julie Keith de l’Oregon. (Image : Avec
l’aimable autorisation de Flying Cloud Productions)
Cette lettre était l’une parmi les 20 que Sun Yi avait secrètement écrites et placées dans l’emballage quelques années plus tôt lorsqu'il était emprisonné à Masanjia pour ses croyances pacifiques.
Celui que Keith a reçu est le seul que l’on connaisse publiquement.
La couverture médiatique de la lettre et plusieurs autres reportages révélant les exactions commises à Masanjia auraient exercé des pressions sur le gouvernement chinois pour qu’il supprime son système de rééducation des camps de travail.
Leon Lee avait déjà remporté un prix Peabody pour son autre documentaire en 2014, Human Harvest, sur le prélèvement forcé d’organes en Chine.
Le film a dernièrement été projeté en Belgique et est sélectionné à plusieurs festivals en cours.
Regardez le discours d’acceptation du prix Peabody de Lee pour le film Human Harvest ci-dessous :
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