C’est un renard qui garde le poulailler d’Evergrande. (Image : Brett Sayle / pexels)
Selon plusieurs estimations, il y aurait 1,62 million de bâtiments inachevés, de la société immobilière Evergrande, impliquant 6 millions de propriétaires. Ces derniers devront rembourser leur emprunt pendant les 30 prochaines années. Cependant, vivre dans la maison de leurs rêves ne se matérialisera pas.
Selon des statistiques publiques, depuis l’entrée en bourse d’Evergrande en 2009 jusqu’en 2020, avant que la crise n’éclate, la part nominale de Xu Jiayin s’élevait à elle seule à 44,7 milliards de yuans (5,82 milliards d’euros). Selon les médias nationaux et internationaux, jusqu’à 2023, Xu Jiayin aura reçu plus de 50 milliards de yuans de dividendes (6,5 milliards d’euros).
Un observateur expert de la gouvernance d’entreprise a déclaré que le groupe Evergrande avait précédemment accumulé plus de 90 milliards de yuans de dividendes (11,72 milliards d’euros). Les sociétés offshore des îles Vierges britanniques et des îles Caïmans, contrôlées à 100 % par Xu Jiayin et son épouse Ding Yumei, ont reçu la plupart des dividendes via Evergrande dans le cadre d’une disposition structurelle « red-chip » (action en bourse) en vue d’une cotation à Hong Kong.
Avant et pendant la crise, Xu Jiayin a transféré les dividendes à l’étranger et, par le biais d’un divorce, l’argent a finalement été mis dans la poche de Ding Yumei, son ex-femme résidant à l’étranger.
Le renard qui garde le poulailler d’Evergrande
Xu Jiayin est passé du statut d’actionnaire majoritaire d’Evergrande à celui de créancier. Ces dernières années, Evergrande a émis un nombre important d’obligations d’entreprises à taux d’intérêt élevé à l’étranger. Les obligations étrangères de la société ne peuvent être achetées que par la famille Xu et certains associés de Xu Jiayin. De cette manière, un montant important de capitaux est converti en devises pour le paiement des intérêts, ce qui permet d’échapper au contrôle des capitaux en Chine. Il s’agit d’un moyen opérationnel de transférer de l’argent de la Chine vers l’étranger et de vider Evergrande de sa substance.
Par exemple, le 6 novembre 2018, Xu Jiayin a souscrit à deux obligations Evergrande, émises en 2018 et 2023, en dollars américains d’un montant total de 1 milliard de dollars. Les deux obligations en dollars américains ont une échéance de quatre ans et cinq ans, avec des taux d’intérêt annuels allant jusqu’à 13 à 13,75 %, pour un montant total de 1,235 milliard de dollars. Ces obligations en dollars peuvent être réclamées, et si quelque chose arrive à Evergrande, Xu Jiayin aura la priorité pour se les faire rembourser en premier.
L’entreprise est extrêmement endettée auprès des fournisseurs de matériaux et des constructeurs, des acheteurs, des banques et autres. Ces sommes faramineuses ont, par contre, afflué sur le compte de Xu Jiayin aux États-Unis. (Image : wikimedia / Dinkun Chen / CC BY-SA 4.0)
Le fils de M. Xu aurait reçu un fonds fiduciaire familial d’une valeur de 2,3 milliards de yuans (300 millions d’euros). Ce mécanisme est également considéré comme un moyen pour lui de transférer des actifs à l’étranger.
Alors que les dettes s’accumulaient, Xu Jiayin a continué à engranger les bénéfices
Selon le rapport semestriel 2021 d’Evergrande, l’entreprise doit 1 000 milliards de yuans (130 milliards d’euros) aux fournisseurs de matériaux et aux constructeurs, 220 millions de yuans (28 millions d’euros) aux acheteurs et 240 millions de yuans (31 millions d’euros) aux banques et autres institutions financières. Ces créanciers ont attendu, impuissants, les sommes qui leur étaient dues. Ces sommes considérables ont, par contre, afflué sur le compte de Xu Jiayin aux États-Unis, hors de portée des créanciers.
En août 2023, 26 sociétés cotées en bourse étaient impliquées avec Evergrande, dont 20 ont perdu de l’argent et six ont connu une forte baisse de performance. Parmi elles, 10 entreprises comme Guangtian Group, Shanghai Electric, World Union Bank et d’autres ont accumulé des créances irrécouvrables de plus d’un milliard de yuans (130 millions d’euros) auprès d’Evergrande.
Les conséquences : des millions de vies brisées
Il y aura, comme d’habitude, une dissimulation massive, mais selon plusieurs estimations des médias continentaux, le nombre de bâtiments inachevés à Evergrande a atteint 1,62 million d’unités, impliquant 6 millions de propriétaires. Ces derniers ont versé des centaines de milliers de dollars d’acompte et devront payer des milliers de dollars par mois pour le remboursement de leur emprunt pendant les 30 prochaines années. Cependant, vivre dans la maison de leurs rêves ne se matérialisera pas.
En outre, Evergrande doit une somme colossale aux banques nationales. Ces banques nationales doivent rembourser les dettes d’Evergrande en leur nom, car elles sont les garantes des emprunts étrangers de la société. Ces dettes seront inévitablement répercutées sur les citoyens.
Evergrande doit une somme colossale aux banques nationales. (Image : wikimedia / Yoshi Canopus / CC BY-SA 3.0)
Enrichir la famille et les copains du Parti communiste chinois (PCC)
Sous la « supervision » du Comité central du PCC, de la Commission centrale d’inspection disciplinaire, du Comité provincial du PCC de Guangdong, de la Commission provinciale d’inspection disciplinaire, du Comité municipal du PCC de Guangzhou et de la Commission municipale d’inspection disciplinaire, l’entreprise Evergrande, dirigée par Xu Jiayin, est devenue, semble-t-il, une machine bien rôdée, qui a accumulé 2 400 milliards de yuans de dettes (312 milliards d’euros), pour enrichir la famille de Xu Jiayin et les copains du PCC qui se trouvaient derrière lui.
En tant que secrétaire du comité du PCC à Evergrande, Xu Jiayin n’a que trop bien joué le jeu communiste : le PCC est le chef et le contrôleur de tout ce qui se passe à Evergrande. L’entreprise compte de nombreux comités du PCC, des inspections disciplinaires, des supervisions, des branches générales du PCC et des milliers de membres du PCC. Cependant, le rôle de supervision joué par tous ces mécanismes de contrôle consiste, semble-t-il, à se remplir les poches et à remplir les caisses du PCC.
Le modèle économique et gouvernemental communiste
Lorsqu’on lui a demandé pourquoi le PCUS (Parti communiste de l’Union soviétique) s’était effondré, Xi Jinping a conclu qu’une des raisons essentielles de cet effondrement était que les organisations du PCUS à tous les niveaux n’avaient pratiquement plus aucun rôle à jouer. En Chine, les organisations du PCC à tous les niveaux semblent avoir un rôle unique : tenir le peuple sous la menace des armes et le maintenir dans une peur perpétuelle, piller le peuple autant que possible, garder le Parti dans l’opulence, attaquer sur autant de champs de bataille que nécessaire, et rester au pouvoir à tout prix. C’est le modèle économique communiste. C’est un parasite.
À ce stade, nous ne savons pas comment se terminera l’affaire contre Xu Jiayin. Il se peut même qu’il obtienne une promotion. C’est tout le système qui est en procès. Il n’y a pas lieu de se réjouir de la disparition du puissant groupe Evergrande, qui est, semble-t-il, en grande partie due à la corruption et au pillage systémiques par les parasites de l’encadrement.
Il est évident que les soi-disant élites du PCC ne croient pas en la Chine. C’est une tragédie pour le peuple chinois, qui devra payer le prix fort et sera contraint de faire un nouveau « Grand Bond en avant ». La situation d’Evergrande est un rappel à une réalité de mauvais augure et pourrait déclencher l’effondrement de l’entreprise et du PCC. Le monde doit être en état d’alerte maximale et veiller à la sécurité du peuple chinois.
