Une photo de Feng Zhenguo, l’ancien propriétaire d’une usine prospère de meubles en bois dans la province chinoise du Hebei, avec sa femme Han Yanjing (assise) et leur fille. (Image : Feng Zhenguo / Epoch Média Group)
Pourquoi l’entrepreneur chinois prospère Feng Zhenguo, qui a créé et dirigé une usine de meubles en Chine, s’est-il réfugié avec sa famille au Canada ? Qu’est-ce qui les a poussés à s’enfuir de Chine ?
Feng Zhenguo a créé et dirigé une usine de meubles rentable dans la province chinoise du Hebei. Il s’est fait connaître et était recherché pour son excellent savoir-faire. Grâce à ses compétences de gestionnaire, l’usine s’est agrandie. Cependant, le sentiment d’autosatisfaction de Feng a été de très courte durée. Cette entreprise prospère est rapidement devenue la « vache à lait » de fonctionnaires locaux.
Les tentatives d’extorsion des fonctionnaires ont commencé, selon Feng Zhenguo, en raison de l’implication de sa mère dans la pratique du Falun Gong dans sa ville natale de Heilongjiang. En conséquence, elle a été arrêtée pour avoir distribué des tracts d’information et a passé 15 jours dans un centre de détention. Bien que Feng Zhenguo et son épouse ne soient pas des pratiquants de Falun Gong, leur poste de police local les a appelés et avertis en leur précisant de « prendre garde » à cette situation familiale.
Des extorsions grâce à divers chantages
À mesure que l’usine de meubles de Feng Zhenguo prospérait, les visites des fonctionnaires locaux sont devenues plus fréquentes, faisant explicitement allusion au casier judiciaire de sa mère et lui faisant du chantage pour qu’il leur verse de plus en plus d’argent, s’il voulait éviter les problèmes. L’un d’eux lui a spécifiquement demandé de refaire le rembourrage de ses meubles. La valeur de ce travail était de plus de 8 000 dollars. Le fonctionnaire a décidé de ne payer que 700 dollars américains et a menacé de faire des rapports indiquant que Feng Zhenguo avait échoué à son inspection de sécurité incendie ou que des travailleurs intermittents illégaux étaient utilisés dans son usine.
Photo non datée de l’usine de meubles de Feng Zhenguo à Qinhuangdao, dans la province du Hebei, en Chine. (Image : Feng Zhenguo / Epoch Média Group)
« Tout d’abord, le fonctionnaire va inventer des raisons que vous ne pouvez pas comprendre ou mêmeen imaginer juste pour vous faire chanter. Il ne veut pas mettre fin à votre entreprise, il veut juste vous extorquer en douceur parce qu’il sait que vous devrez continuer à faire plus d’argent pour qu’il puisse continuer à vous extorquer davantage », a expliqué Feng Zhenguo.
L’activité de l’usine a été ralentie pendant la période de confinement qui a suivi l’épidémie de Covid-19 en 2020. Puis, en avril de cette année-là, la femme de Feng Zhenguo, Han Yanjing, a assisté à un rassemblement familial chrétien à la demande d’un ami, afin de prier pour le bien-être et la sécurité de tous. Elle était loin de se douter que la police allait bientôt frapper à sa porte.
Han Yanjing raconte qu’un agent de la police locale a commencé à venir la voir chez elle. Il lui a dit qu’elle avait été signalée pour avoir participé à un « rassemblement illégal », mais lui a assuré qu’il ne laisserait pas les autorités supérieures le découvrir si elle le payait. Il est parti après qu’elle lui ait donné 700 dollars. Elle ne s’attendait pas à ce que le chantage se poursuive après cette première rencontre. Mais l’agent a continué à inventer des mensonges et a précisé qu’il allait signaler que leur usine ne respectait pas les normes de sécurité. À une occasion, il a même ramené une pile de meubles très usés et a exigé qu’ils soient réparés.
« Il m’a dit que concernant l’assemblée chrétienne illégale, la hiérarchie de la police était également informée et que cela entraînerait de nombreux problèmes, y compris pour le chef du groupe de prière initial », a révélé Han Yanjing. « Une autre fois, il a vu un belvédère en bois fait à la main, exposé dans notre usine, et m’a demandé combien il coûtait, affirmant qu’il conviendrait dans sa grande cour. Il a ajouté qu’il pourrait m’arrêter si je demandais de l’argent pour ce belvédère. J’ai répondu immédiatement : prenez juste le belvédère, et quelques jours plus tard, il est venu et l’a confisqué ».
L’entrepreneur chinois et son épouse tentent de vendre leur usine.
Ces évènements se sont produits à de nombreuses reprises, laissant Feng Zhenguo et son épouse épuisés. L’entrepreneur chinois a déclaré avoir investi au moins 420 000 dollars dans leur usine, et malgré l’épidémie de Covid-19, ils n’ont pas connu de revers, le nombre de commandes reçues étant resté remarquablement stable. Malgré tout cela, le couple a décidé de vendre l’usine.
La première offre était de 280 000 dollars américains. Après une demi-journée de négociations, l’acheteur a soudainement retiré sa demande. Ensuite, d’autres offres d’achat sont arrivées, mais chacune d’elles a été invariablement entravée. Finalement, Feng Zhenguo a appris qu’un responsable du Bureau de la sécurité publique avait trouvé quelqu’un pour faire une offre de 5 640 dollars et qu’il avait l’intention d’imposer l’affaire. Sinon, ils ne pourraient pas obtenir un seul centime.
Tout ce calvaire a épuisé Feng Zhenguo. La belle maison et les rêves pour lesquels il avait travaillé si dur ont finalement été brisés et piétinés par le Parti communiste chinois (PCC). À un moment donné, il a refoulé ses larmes et n’a pas pu continuer à évoquer cet épisode.
« Soudain, un jour, j’ai réalisé que vous n’êtes pas du tout un entrepreneur, vous n’êtes qu’un morceau de viande sur le billot, et dans cet environnement, vous n’avez aucun moyen de contrôler votre destin, et tout ce que vous voulez faire n’est qu’un vœu pieux, cela n’a aucune importance. Dans un plus grand ordre des choses, vous n’êtes rien dans le rêve chinois du PCC ! », a-t-il finalement exprimé avec émotion.
Des meubles en bois personnalisés sont fabriqués dans l’usine de Feng Zhenguo. (Image : Feng Zhenguo / Epoch Média Group)
Le cauchemar ne s’est pas arrêté là. Dès que les fonctionnaires n’ont plus pu l’utiliser comme « vache à lait », ils sont revenus à la charge, affirmant que l’ancienne participation de sa femme Han Yanjing au « rassemblement illégal » ne pouvait plus être dissimulée et devait être traitée. Cette nouvelle les a contraints à quitter la Chine et à trouver une autre vie au Canada.
Une vie libre et digne au Canada
Après s’être installés au Canada cette année, ils ont tous deux obtenu un visa de travail canadien. Feng Zhengguo a commencé à travailler pour une entreprise de rénovation, et Han Yanjing comme aide-ménagère.
« Le Canada nous a montré la tolérance, l’amour, la vraie liberté et la dignité, des qualités que nous n’avons jamais connues en Chine. Je travaille comme charpentier, et je suis très respecté au Canada. Mon patron et mes clients disent que je fais un excellent travail, ce que je n’ai jamais connu depuis des décennies. J’ai pu faire un excellent travail avec mon entreprise en Chine dans cet environnement difficile, alors comment pourrais-je ne pas faire un bon travail au Canada ? La racine de ce problème se trouve dans le Parti communiste chinois. Je ne suis pas contre le peuple chinois, je suis contre le Parti communiste chinois », a révélé Feng Zhenguo.
Le couple ne s’est pas seulement battu pour son gagne-pain et sa carrière, mais il s’est impliqué activement dans des campagnes contre le Parti communiste chinois. Feng Zhenguo a déclaré qu’ils ne craignaient pas de se lever et de s’exprimer, car le Parti communiste chinois veut que les gens aient peur et fait automatiquement taire leurs voix. Les gens ne doivent pas les laisser s’en sortir en toute impunité avec leurs mauvaises actions.
