Appuyez sur “Entrée” pour passer au contenu

Chine. Le Grand pare-feu de Pékin et l’accès illimité à internet pour les athlètes et les médias étrangers pendant les Jeux olympiques d’hiver

ACTUALITÉ > Chine

Les autorités chinoises ont promis aux athlètes étrangers un accès illimité à Internet pendant les Jeux olympiques d’hiver de Pékin en février prochain. Mais les militants des droits de l’homme attirent l’attention des athlètes qui se rendent à Pékin, les invitant à se méfier de cette ouverture dans le « Grand pare-feu » créée par le Parti communiste chinois (PCC).

Voice of America a rapporté que depuis des années, les autorités chinoises renforcent leur pare-feu en ligne pour empêcher les Chinois de s’intégrer dans la communauté internationale. Ce qui signifie qu’il leur est interdit d’accéder aux plateformes de réseaux sociaux, aux moteurs de recherche, aux sites web internationaux, etc.

Freedom House a regretté que le CIO n’ait pas exercé l’influence qu’il aurait dû avoir pour lutter activement en faveur d’une liberté maximale pour le peuple chinois. (Image : Jan Alexander / Pixabay)

L’engagement officiel de Pékin : ouvrir le pare-feu pour les Jeux olympiques d’hiver

Pourtant, dans une déclaration publiée par le Comité international olympique (CIO), le PCC s’est engagé, en tant qu’hôte des Jeux olympiques d’hiver de Pékin de 2022, à honorer son engagement de permettre aux athlètes et aux médias étrangers accrédités d’utiliser les mêmes services d’Internet que ceux déployés aux niveaux internationaux, tant dans le village olympique, que sur les sites de compétition et de non-compétition, ou dans les hôtels pour médias sous contrat.

L’article précise que les autorités chinoises avaient par le passé déverrouillé le « Grand pare-feu » pour certains visiteurs étrangers dans certains lieux. Par exemple, lorsqu’un reporter de la section chinoise de Voice of America, qui travaillait pour un autre média, s’est rendu à Hangzhou en 2016 pour couvrir le sommet du G20 et à Pékin en 2017 pour couvrir le sommet de « la Ceinture et la Route ». Les journalistes étrangers présents sur les deux sites avaient bénéficié d’une « liberté totale », le service Internet étant disponible pour eux dans ces deux endroits.

Mais un chercheur sur la Chine au sein du groupe de défense des droits de l’homme Freedom House, a souligné que l’engagement officiel à débloquer à nouveau le pare-feu était très limité, car la grande majorité du public des Jeux olympiques d’hiver était chinoise. Il a également regretté que le CIO n’ait pas exercé l’influence qu’il aurait dû avoir pour lutter activement en faveur d’une liberté maximale pour le peuple chinois.

Freedom House rappelle le risque de surveillance d’internet par le PCC

Quant aux athlètes étrangers, s’ils auront un accès illimité à Internet en vertu de la réglementation du CIO, leur expression en ligne sera limitée par le CIO, comme ce fut le cas lors des Jeux olympiques précédents. Ces restrictions portent notamment sur le respect des « lois pertinentes » du pays d’accueil et des valeurs olympiques, ou sur des expressions potentiellement violentes, quel qu’en soit le motif.

En outre, certains athlètes internationaux ont indiqué qu’ils avaient bénéficié d’un accès illimité aux services Internet sans fil lors des épreuves tests organisées sur les sites des Jeux olympiques d’hiver en octobre et novembre de cette année. Cependant, certains athlètes ont déclaré qu’il ne leur avait pas été communiqué le fait qu’ils pouvaient accéder à des services Internet sans restriction, ils avaient donc installé un logiciel VPN sur leur téléphone pour « murer » l’accès à WhatsApp et Instagram.

Freedom House, a rappelé que les athlètes qui décident d’utiliser le service Internet sans fil sans restriction fourni par le parti communiste chinois doivent être conscients qu’ils risquent d’être surveillés par le PCC lorsqu’ils sont en ligne.

Selon le magazine étranger New Era, outre le « Grand pare-feu », le PCC a mis en place un autre logiciel officiel de blocage d’Internet, le projet « Bouclier d’or », qui est dirigé par le fils de Jiang Zemin, Jiang Mianheng. (Image : Pete Linforth / Pixabay)

Un Grand pare-feu lancé en 2003 et un logiciel de blocage d’internet

En fait, le contrôle strict d’Internet par le PCC est si bien connu que les internautes vivant en Chine continentale ont « franchi le mur » pour contourner les pare-feu et naviguer sur des sites et des informations à l’étranger.

Les informations accessibles au public montrent que le PCC a officiellement lancé le Grand pare-feu en 2003 pour bloquer tous les sites web étrangers qui ne sont pas reconnus par le Parti communiste. Selon le magazine étranger New Era, outre le « Grand pare-feu », le PCC a mis en place un autre logiciel officiel de blocage d’Internet, le projet « Bouclier d’or », qui est dirigé par le fils de Jiang Zemin, l’ancien chef du PCC, Jiang Mianheng. Il a coûté 6,4 milliards de yuans pour le seul projet initial.

L’objectif principal de ce projet est de surveiller la navigation des continentaux sur les informations relatives à l’incident du 4 juin et au Falun Gong. La portée de la surveillance comprend même les fichiers informatiques, QQ, Weibo, WeChat, etc.

Un récent document d’appel d’offres du gouvernement provincial du Henan a révélé, par hasard, que le Bureau de la sécurité publique de la province prévoyait de mettre en place un système de surveillance pour traquer les journalistes, les étudiants étrangers et toute autre « personne suspecte », a rapporté Reuters le mois dernier. Le document d’appel d’offres de près de 200 pages n’expliquait pas pourquoi il voulait suivre les journalistes ou les étudiants internationaux. Le groupe Neusoft, dont le siège est à Shenyang, n’a pas souhaité répondre à cette question. L’accès au document d’appel d’offres a également été interdit le 29 novembre.

Certains groupes de défense de la liberté de la presse ont déploré que le gouvernement de Pékin ait resserré son emprise sur les médias ces dernières années. En février, le Club des correspondants étrangers en Chine (FCCC) a également souligné que depuis l’épidémie de pneumonie de Wuhan, début 2020, les autorités chinoises ont eu recours à l’intimidation et aux restrictions de visa pour empêcher les journalistes étrangers de rendre compte de l’actualité.

Rédacteur Charlotte Clémence

Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.