Les responsables chinois ont déclaré qu’ils ne s’inquiètaient pas de l’état de l’économie et qu’ils avaient la capacité de « gérer » l’Amérique dans la guerre commerciale. Mais les données brutes sur l’économie chinoise brossent un tableau complètement différent.
Une économie en difficulté
La production industrielle en Chine n’a augmenté que de 5 % en mai, ce qui est inférieur aux 5,5 % attendus par les économistes. Il s’agit de la valeur la plus basse depuis février 2002. L’investissement en immobilisations, qui rend compte des sommes investies dans l’acquisition d’infrastructures, de machines, de biens immobiliers et d’autres biens matériels, a augmenté de 5,6 % au cours de la période de janvier à mai de cette année, contre 6,1 % un an auparavant. Ces chiffres décevants ont contraint les experts à réviser leurs prévisions de croissance du PIB chinois pour 2019.
« Les données économiques en provenance de Chine au cours des deux derniers mois n’ont pas répondu à nos attentes. Nous avons donc décidé de réviser nos prévisions de croissance du PIB à 6,2% pour 2019 (- 0,2 %) et à 6,0% pour 2020 (- 0,1 %) », ont déclaré dans un communiqué les analystes d’ANZ Bank (South China Morning Post).
Les entreprises chinoises sont maintenant moins enthousiastes à l’idée d’embaucher de nouveaux travailleurs. Les étudiants fraîchement diplômés de l’université seraient les plus durement touchés, beaucoup d’entre eux étant incapables de trouver un emploi. Si la situation perdure, la Chine aura un grand nombre de jeunes chômeurs, mécontents de la mauvaise gestion de l’économie par l’État. Des jeunes contestataires dans les rues, c’est la dernière chose que souhaite Pékin qui tente de trouver un moyen de sortir de la guerre commerciale.
Les diplômés d’université ne sont pas embauchés par les entreprises chinoises. (Image : Locies / Pixabay)
« En raison de l’impact de l’augmentation constante des frictions commerciales entre la Chine et les États-Unis et d’autres incertitudes, les demandes de recrutement pour diplômés d’université sont en diminution dans l’industrie de l’Internet, dans la finance et dans d’autres industries... Certaines entreprises ont ajourné leurs recrutements dans les campus, certaines pourraient même avoir réduit ou suspendu les recrutements », a déclaré à CNBC une représentante de la National Development and Reform Commission (NDRC).
Délocalisation de la production et baisse des droits de douane
Pour ajouter aux difficultés, plusieurs entreprises en Chine commencent à délocaliser leur production vers d’autres pays. Ils ne veulent pas payer les droits de douane supplémentaires de 25 % imposés par les États-Unis sur les produits chinois. De nombreux chefs d’entreprises pensent que les relations entre les deux pays ne vont qu’empirer avec le temps. Parmi les entreprises américaines qui transfèrent leur fabrication, on trouve Google et Apple. Google déplace actuellement la fabrication de matériel de serveurs, et de serveurs Nest, vers le marché américain à Taïwan.
Apple pourrait transférer 30 % de sa production vers d’autres pays. (Image : JESHOOTS-com / Pixabay)
Certains rapports suggèrent qu’Apple envisage de transférer une production énorme, pouvant atteindre 30%, vers d’autres pays. Les experts pensent cependant que cela pourrait ne pas être possible à court terme. « Nous pensons de manière réaliste que, dans le meilleur des cas, Apple pourrait transférer entre 5 et 7% de sa production d’iPhones, probablement en Inde, d’ici 12 à 18 mois… Déplacer 15 % de la production d’iPhone de la Chine vers d’autres régions (l’Inde et le Vietnam seraient les meilleurs candidats) prendrait au moins 2-3 ans à notre avis », a déclaré dans un communiqué Dan Ives, analyste à la société d’investissement Wedbush (Fortune).
La Chine réduit également les droits de douane sur les produits provenant de pays autres que les États-Unis. Depuis 2018, les droits de douane chinois sur les produits américains sont passés de 8 à 20,7 % environ. En revanche, les droits de douane sur les marchandises en provenance d’autres pays de l’OMC (organisation mondiale du commerce) ont été ramenés à environ 6,7 % en moyenne. En conséquence, les produits américains sont devenus plus chers sur le marché chinois, alors que les produits d’autres pays sont meilleur marché.
Rédacteur Marlène Deloumeaux
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