Hong Kong est un sujet très sensible pour la Chine. Le projet de loi de Pékin sur la sécurité nationale applicable sur le territoire semi-autonome, vise à renforcer le pouvoir du Parti communiste chinois (PCC). D’ores et déjà, cette question suscite depuis le 24 mai 2020, le mécontentement de la population hongkongaise et l’inquiétude des pays étrangers, qui menacent de prendre des mesures commerciales drastiques dès l’application de la loi.
Le président des USA, Donald Trump a annoncé qu’il mettrait en place une politique de suppression des exemptions commerciales pour Hong Kong, si la Loi sur la sécurité de Pékin était appliquée. D’autres pays comme l’Australie, le Canada, le Royaume Uni se sont ouvertement opposés à ce projet et prévoient également des mesures restrictives fortes.
Donald Trump : « L’action du gouvernement chinois contre
Hong Kong est une mesure qui diminue le statut détenu
depuis longtemps par le territoire autonome. C’est une tragédie
pour le peuple de Hong Kong et pour le peuple du monde. »
Image : heblo / Pixabay)
Donald Trump a précisé le 29 mai 2020 que « l’action du gouvernement chinois contre Hong Kong est la dernière d’une série de mesures qui diminuent le statut détenu depuis longtemps et fièrement par la ville. C’est une tragédie pour le peuple de Hong Kong, de Chine, et bel et bien pour le peuple du monde » AFP le Monde.
Les manifestations à Hong Kong ont repris depuis le 24 mai 2020, pour dénoncer et rejeter le projet de loi sécurité du PCC, qui signe irrémédiablement la fin du régime démocratique de la région semi-autonome. Les Hongkongais contestent toutes les décisions que Xi Jinping leur impose en les portant à la connaissance et au jugement du monde entier. Cette situation est un véritable cauchemar pour la Chine.
Contenu du projet sécurité à Hong Kong et répercussions
Malgré l’interdiction de défiler, des milliers de Hongkongais ont bravé cette interdiction pour manifester dans les rues et faire connaître leur désapprobation à l’encontre de la loi sécurité que Pékin va imposer à la région semi-autonome. Les pro-démocrates de Hong Kong pensent que cette loi met fin aux libertés acquises dans l’ex-colonie britannique.
Les yeux : Pékin interdit « la trahison, la sécession, la sédition et la subvention à Hong Kong ». Cette loi a été utilisée dans le passé pour surveiller, emprisonner et torturer les activistes des droits de l’homme et les minorités religieuses. (Image : Julien Tromeur / Pixabay)
Le contenu de ce projet est obscur, parce que les articles de loi n’ont pas été clairement énoncés au public. Toutefois, le vendredi 22 mai 2020, le PCC a déposé au Parlement, qui lui est totalement dévoué, un nouveau texte sur la sécurité nationale, visant à interdire, « la trahison, la sécession, la sédition et la subversion à Hong Kong ainsi que l’ingérence étrangère ».
Rappelons que ce texte « sécurité nationale » est celui qui a été utilisé dans le passé en Chine, pour emprisonner et persécuter les activistes des droits de l’homme et les minorités religieuses. Les Hongkongais le savent très bien et refusent d’intégrer ce texte dans leur constitution.
Les manifestants savent aussi que l’application rapide de cette loi est une action décisive du gouvernement chinois pour bloquer la reproduction des manifestations de 2019. Les violences résultant de ces manifestations et l’immobilisation du secteur économique ont entaché lourdement l’image de la Chine et porté un préjudice important à la vie économique de Hong Kong, qui est la 10ème puissance commerciale et le 3ème centre financier mondial.
Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a déclaré, lors d’une interview le 24 mai à TV5 monde, que la position de Pékin était ferme. « Il est impératif que la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong et son mécanisme de mise en œuvre s’appliquent sans le moindre délai ».
Rappelons que le territoire semi-autonome de Hong Kong jouit d’une très large autonomie par rapport au reste de la Chine dirigée par le Parti communiste chinois (PCC). Les habitants de ce territoire bénéficient à ce jour de la liberté d’expression, de la liberté de la presse et d’une justice indépendante, à l’instar du modèle démocratique des pays européens et des États-Unis. Ce statut démocratique qui est l’apanage de Hong Kong, était censé durer jusqu’en 2047, conformément aux accords entre la Chine et la Grande Bretagne en 1997.
Il faut savoir que depuis de nombreuses années, les Hongkongais dénoncent les ingérences de Pékin. Il semble, compte tenu de la situation, que le Parti communiste chinois ait opté pour un passage en force afin de contenir les activistes de Hong Kong. Cette situation constitue, sans nul doute, une grave entorse à la démocratie de la région semi-autonome.
Le mécontentement du peuple Hongkongais et des pays étrangers
Les Hongkongais sont en colère car ils ne s’attendaient pas, après la période de confinement du Covid-19, à ce que la loi restrictive de la sécurité imposée par Pékin arrive aussi vite.
Depuis les manifestations violentes de 2019 à Hong Kong, le territoire semi-autonome avait retrouvé son calme, après le triomphe du camp pro-démocrate aux scrutins locaux de novembre. Puis l’épidémie du coronavirus est arrivée et la quasi-totalité des pays de la planète a été soumise au confinement. Malgré les restrictions sanitaires, les Hongkongais ont décidé, ce dimanche 24 mai, de manifester à nouveau dans les rues, pour protéger leurs libertés et défendre leur statut de région autonome. Les activistes de Hongkong font opposition à cette loi depuis plus de 20 ans et cette résistance dérange le PCC. C’est la raison pour laquelle le Parlement a voté la loi sécurité pour écraser la contestation de Hong Kong. Selon les prévisions, ce texte devrait être applicable à la mi-juillet.
A l’étranger, les diplomates occidentaux s’inquiètent de la perte d’autonomie de l’ancienne colonie britannique avec le renforcement du pouvoir du PCC. La tension monte entre Washington et Pékin, et des menaces sont ouvertement lancées à l’encontre de la Chine.
Le président Donald Trump a signé un décret suspendant l’entrée de « certains ressortissants » chinois, des étudiants, identifiés comme « potentiels risques » à la sécurité nationale des Etats-Unis. « Depuis des années, le gouvernement chinois se livre à l’espionnage pour voler nos secrets industriels », a-t-il dénoncé.
Quatre pays mènent la lutte contre Pékin : Les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie. Ces Etats ont ouvertement communiqué leur hostilité à l’application de la loi sécurité à Hong Kong. Ils menacent de prendre toutes dispositions utiles pour limiter les échanges commerciaux avec « l’ex-colonie britannique, qui ne sera plus un territoire semi-autonome ». Ces quatre pays mènent une « fronde » et accusent Pékin d’enfreindre les traités internationaux.
(La bourse) – Les USA, le Royaume Uni, l’Australie et le Canada, accusent Pékin d’enfreindre les traités internationaux. Ils menacent la Chine de prendre rapidement des mesures drastiques pour limiter les échanges commerciaux. Une telle mesure aurait un impact conséquent sur le PIB de Hong Kong. (Image : 272447 / Pixabay)
Selon l’AFP, cette situation marquera véritablement la fin de Hong Kong avec la perte de son autonomie.
Les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie ont déposé une déclaration commune, contre l’application de cette loi sécurité à Hongkong, qui va à l’encontre de la constitution de la région semi-autonome sur les libertés. Pour ces signataires occidentaux, le vote d’une telle loi sans la participation du peuple de Hong Kong et du pouvoir législatif de la Région, est une violation au principe « un pays deux systèmes », dont les termes ont été ratifiés par traités internationaux.
Beaucoup d’États ont exprimé leur profonde inquiétude quant à cette loi, qui « limiterait les libertés de la population » et « éroderait de manière dramatique l’autonomie et le système qui ont rendu Hong Kong si prospère ». Bien entendu la Chine refuse cette lecture du texte.
Quant aux États européens, ils restent assez discrets sur cette question. L’Union Européenne a rédigé une déclaration exhortant la Chine à respecter ses engagements. La France, pays des droits de l’homme, reste pour l’instant relativement silencieuse.
Pourtant, Pékin continue d’ignorer le principe « un pays deux systèmes ».
La Chine est-elle piégée ? Totalitarisme ou régime démocratique
La Chine a fait savoir au reste du monde qu’un pays peut se développer, devenir puissant et moderne sans passer par la démocratie. C’est un concept sur lequel elle se base pour mener une politique totalitariste, où l’individu n’a aucune liberté. De ce fait, elle peut frapper lourdement toute opposition au régime, qui serait immédiatement considérée comme portant atteinte à la sécurité de l’État. Le président Chinois Xi Jinping pense que son peuple n’a rien à voir avec les droits universels qui sont une émanation de la culture occidentale.
A l’inverse, les Hongkongais pensent et disent le contraire. Ils veulent des élections libres, le respect de leurs libertés individuelles et collectives, la liberté de la presse, et souhaitent ne pas être soumis au spectre du Parti communiste Chinois. Aussi, manifestent-ils depuis des années, de façon plus ou moins continue, pour affirmer encore et encore que Hong Kong n’est pas la Chine et que le principe « un pays deux systèmes » doit être respecté et défendu par les instances internationales.
Devant toutes ces revendications et récriminations, la Chine garde une position ferme vis-à-vis de Hong Kong. Une interrogation demeure, verra-t-on dans un futur proche les investisseurs capitalistes de nombreux pays riches, fuir HongKong et se diriger vers une autre terre d’accueil, plus sereine comme par exemple Taiwan ? D’ailleurs, beaucoup de Hongkongais inquiets pour leur avenir s’interrogent de la même manière et certains cherchent déjà à y travailler. Il semble qu’il y ait la crainte que la puissance totalitaire de la Chine soit capable, du jour au lendemain, de changer unilatéralement les termes d’un contrat et de ne pas tenir ses engagements.
La confiance est un facteur déterminant pour donner envie aux investisseurs et promoteurs de s’installer. Ils doivent avoir la garantie que leurs capitaux ne seront pas en danger et que le pays vivra dans une atmosphère de paix durable.
Les États-Unis, le Royaume Uni, l’Australie et le Canada, étudient leurs sorties de capitaux, il suffira d’un pas pour que les autres nations en fassent de même.
Dans ce cas, la Chine aura-t-elle gagné la guerre du totalitarisme face au capitalisme ? Que représentera Hong Kong, si elle se vide de son centre financier et commercial et que celui-ci se déplace dans une autre région ?
La Chine ne s’est-elle pas piégée elle-même, à un moment critique où son PIB a chuté de 6,8% ?
Le piège se referme sur la Chine, nul ne peut en douter, et la décision qu’elle a prise nuit considérablement à son image à travers le monde.
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