Cette nouvelle fait l’effet d’une bombe dans une région déjà fortement secouée par la violence. Le gouvernement hongkongais envisage des mesures restrictives d’accès à Internet sur son territoire, selon une déclaration officielle d’un membre de l’exécutif chinois faite à l’AFP.
Il faut préciser que Hong Kong est enlisé depuis quatre mois dans un climat de violence. Les opposants pro-démocratie manifestent dans les rues, plusieurs fois par semaine, pour se faire entendre. L’origine de ces contestations résulte de l’ingérence de Pékin dans la vie politique du territoire semi-autonome. Et, depuis le mois de juin 2019, la colère du peuple hongkongais s’exprime massivement pour dénoncer un projet de loi de Madame Carrie Lam, cheffe de l’exécutif pro-Pékin, autorisant les extraditions vers la Chine continentale. Face à un important mouvement de protestation de la population semaine après semaine, du jamais vu en Chine, le texte a été abandonné au bout de deux mois, mais cela a été jugé trop tard aux yeux des manifestants qui ont continué leur lutte.
Ainsi, 3 jours après l’interdiction du port du masque dans les rassemblements, qui a donné lieu à des échauffourées, Monsieur Ip Kwok-him, membre du gouvernement et député pro-Pékin, annonce la décision du gouvernement de mettre en place un dispositif pour limiter l’accès à Internet à Hong Kong.
Des réactions violentes à Hong Kong suite à l’annonce d’une restriction d’accès à internet
L’annonce lundi 7 octobre 2019, de limiter l’accès à Internet à Hong Kong, fait l’effet d’un boomerang, dans une ville déjà perturbée par une guérilla urbaine.
La colère du peuple hongkongais s’exprime massivement pour
dénoncer un projet de loi de Madame Carrie Lam, cheffe de l’exécutif
pro-Pékin, autorisant les extraditions vers la Chine continentale. (Image : VOA)
Le Parti communiste chinois (PCC) sait fort bien qu’Internet est un outil indispensable pour les manifestants pro-démocratie qui l’utilisent sous forme de forums en ligne et de messageries cryptées, pour organiser les actions de la contestation. Cependant, le fait de restreindre l’accès à Internet de façon globale à Hong Kong, pourrait avoir des conséquences très néfastes sur l’économie de la région.
Il faut savoir que Pékin a toujours exercé un contrôle étroit sur l’information. Les médias en Chine continentale ne sont pas libres, et la censure stricte combinée à des filtres Internet innovants ont rendu l’accès aux informations non autorisées très difficile pour les Chinois du continent. Aussi, les applications de messagerie et les médias sociaux, par lesquels une population communique normalement, sont considérés en Chine comme des outils de mobilisation pour les manifestants. Le gouvernement chinois intercepte donc tous les messages, avant même qu’ils ne soient envoyés, ce qui nuit à toute l’organisation des activistes potentiels.
Les Hongkongais bien informés de cette situation, ne veulent pas subir l’emprise de la Chine et luttent pour leur liberté. Par réaction à cette dernière décision du gouvernement de Hong Kong, de nombreuses stations de métro ont été vandalisées et une bonne partie du réseau est restée à l’arrêt pendant deux jours. En outre, des entreprises ayant des liens avec la Chine, comme les banques chinoises, ont été la cible de saccages.
Il faut préciser que depuis le 1er octobre, le mouvement de colère du peuple s’est intensifié, alors que la Chine populaire fêtait son 70e anniversaire avec solennité. Au même moment, les hongkongais mettait leur ville à feu et à sang, et pour la première fois, un policier a tiré à balle réelle sur un étudiant de 18 ans, le blessant grièvement.
Les fournisseurs d’accès à internet de Hong Kong refusent la censure d’internet
Le monde entier sait que le système de limitation d’accès à Internet en Chine continentale, a été mis en place dans le but de freiner les activités revendicatives; de ce fait, l’annonce d’une censure d’Internet à Hong Kong a provoqué un vent de panique au sein de la population.
Ces quatre mois de protestations contre les décisions du gouvernement, ne semblent pas infléchir les autorités. Malgré tout, les fournisseurs d’accès à internet se sont eux aussi positionnés contre cette mesure jugée inadaptée, et certains d’entre eux comme la Hong Kong Internet Service Provider Association (HKISPA), ont déclaré : « Techniquement parlant, étant donné la complexité de l’Internet moderne, y compris les technologies comme le VPN, le Cloud et les cryptographies, il est impossible de bloquer efficacement et de manière significative tout service, à moins de mettre tout l’Internet de Hong Kong derrière un pare-feu de surveillance à grande échelle ». Elle précise par ailleurs dans ses argumentations : « Les FAI (Fournisseurs Accès à Internet) n’ont pas l’intention de laisser prospérer cette tentative de blocus Internet de Hong Kong par rapport au reste du monde par les autorités hongkongaises, sous la houlette du gouvernement central chinois, qui ne sait pas fondamentalement comment gouverner efficacement une population libre et pensante » (Developpez.com).
Il semblerait, selon ces fournisseurs d’Internet, que le blocage soit difficile à réaliser, à moins que tout Hong Kong soit englobé dans le pare feu du PCC, ce que souhaite faire le gouvernement Hongkongais. Il faut préciser qu’actuellement dans le territoire semi-autonome, le trafic Internet est libre.
Les FAI mettent en place des mesures diverses pour protéger l’identité de leurs utilisateurs et déclarent que toutes mesures restrictives pour leur plateforme, fera l’objet d’une fin de non recevoir. Ce bras de fer contre le gouvernement chinois, géant de la finance et de l’ordre établi, est très courageux et apprécié des internautes et du peuple. Mais, même si cette lutte semble dérisoire, elle s’inscrira dans l’histoire de la communication de ce pays, comme une action pour la liberté d’un peuple aspirant à la démocratie.
Pour devancer les censures, certains hongkongais utilisent déjà des cartes virtuelles, des chaînes de message cryptées, Bluetooth, des applications de messageries diverses que la Chine ne peut bloquer.
Il est à noter que le jeudi 10 octobre 2019, Apple a retiré une application controversée, après un avertissement en provenance de Chine. Il s’agissait d’une application permettant de localiser les policiers sur une carte. L’entreprise ayant été accusée de mettre en péril le maintien de l’ordre et les habitants de Hong Kong. La firme en raison d’importants enjeux financiers, s’est pliée aux exigences de Pékin.
Hong Kong semble s’enliser dans ce conflit et la crainte apparaît de voir intervenir un jour prochain, l’armée du PCC pour éradiquer le mouvement pro démocratie de Hong Kong.
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