La ville de Hong Kong a mis en place une nouvelle ligne téléphonique pour dénoncer les personnes soupçonnées d’agir contre la loi de sécurité nationale. Selon les militants pro-démocratie, cette initiative va renforcer la surveillance instaurée par le Parti communiste dans la ville.
Une ligne directe pour dénoncer les gens
Joshua Wong, un étudiant militant, a déclaré au journal d’information britannique The Guardian : « Peu importe où vous êtes, vos conversations privées, vos discussions d’affaires, vos messages sur les médias sociaux ou vos conférences dans les écoles peuvent être rapportés via cette nouvelle ligne d’assistance... En mettant « des yeux et des oreilles partout », la ligne d’assistance peut également être utilisée pour les représailles des entreprises, en encourageant les citoyens à se dénoncer les uns les autres et à porter des accusations contre les entreprises concurrentes, comme cela s’est passé lors de la révolution culturelle en Chine ».
Au cours de la révolution culturelle de 1960 à 1970, Le régime communiste en Chine encourageait la délation, incitant les familles, les amis et les voisins à se dénoncer entre eux. Cette nouvelle directive à Hong Kong suit la même ligne de conduite mais avec des technologies plus avancées. Via la hotline, les citoyens peuvent envoyer des photos, des fichiers audio ou des vidéos comme preuves à l’encontre d’éventuels contrevenants à la loi sur la sécurité nationale. Les données personnelles des rapporteurs ne seraient pas collectées. Dès le premier jour de fonctionnement, la ligne d’assistance aurait recueilli plus de 1 000 dénonciations.
Maya Wang, chercheuse sur la Chine à Human Rights Watch, a souligné que ce système de hotline s’inscrit dans la ligne de conduite du Parti communiste chinois (PCC) consistant à s’appuyer sur des informateurs clés. James To, législateur du Parti démocrate, a déclaré que la hotline finira par créer des divisions au sein de la société de Hong Kong. Il estime que la hotline est totalement inutile étant donné que l’unité de sécurité nationale de la police de Hong Kong dispose déjà de « pouvoirs énormes ».
James To, législateur du Parti Démocrate, a déclaré que la hotline finira par créer des divisions au sein de la société de Hong Kong. (Image : David Clarke / Unsplash)
L’unité de sécurité nationale est chargée de collecter des renseignements, d’enquêter sur les infractions et de mener des opérations contre des activités susceptibles de menacer la sécurité nationale. En vertu de cette nouvelle loi, 22 hommes et 6 femmes ont déjà fait l’objet d’arrestations. Les partisans du régime communiste sont apparemment enthousiasmés par la mise en place de la ligne téléphonique. Un utilisateur de réseaux sociaux a déclaré que les « cafards » n’auront désormais nulle part où aller. « Cafard » est un terme souvent utilisé pour désigner les partisans de la démocratie.
Récemment, les États-Unis ont imposé des sanctions à quatre fonctionnaires chinois en raison de leur implication dans la promulgation de la loi de sécurité nationale de Hong Kong. Parmi les personnes sanctionnées figurent le commissaire adjoint de la police de Hong Kong, le directeur adjoint du bureau des affaires de Hong Kong et de Macao, et deux fonctionnaires du bureau de la sécurité nationale de Hong Kong.
Les avoirs de ces personnes qui relèvent de la juridiction des États-Unis seront gelés et l’entrée à Hong Kong leur sera interdite. Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a souligné que les nouvelles sanctions marquent le soutien de l’Amérique à l’autonomie de Hong Kong.
Démission en masse
Après que quatre députés pro-démocratie de Hong Kong aient été démis de leur mandat par Pékin au motif de « menace pour la sécurité nationale », presque tous les législateurs pro-démocratie ont annoncé leur démission en signe de protestation. Un législateur de l’opposition a également déployé une banderole disant que la chef de l’exécutif Carrie Lam corrompait Hong Kong et blessait son peuple et qu’ « elle allait " puer " pendant 10 000 ans ». Ces démissions de masse portent un coup au parti démocratique, le conseil législatif de Hong Kong étant désormais aux mains de législateurs pro-PCC.
Après que quatre députés pro-démocratie de Hong Kong aient été démis de leur mandat par Pékin au motif de « menace pour la sécurité nationale », presque tous les législateurs pro-démocratie ont annoncé leur démission en signe de protestation. (Image : Tksteven / wikimedia / CC BY 2.0 )
Pékin a qualifié ces démissions de masse, de défi à l’autorité du gouvernement central et a reproché aux législateurs leur « résistance obstinée ». Les législateurs ont été accusés d’utiliser ces démissions pour déclencher une opposition radicale et de favoriser l’ingérence de puissances étrangères. Malgré les tentatives constantes du PCC pour réprimer les mouvements pro-démocratiques à Hong Kong, les militants continuent de se battre pour la liberté du pays.
Rédacteur Fetty Adler
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