Pékin s’est engagée à freiner ses activités dans le domaine du charbon afin de contribuer à la réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Toutefois, un récent rapport conjoint de groupes écologistes montre que la Chine fait tout le contraire, mettant ainsi en danger les efforts internationaux contre le réchauffement climatique.
Les activités sournoises
Greenpeace, Global Energy Monitor et Sierra Club ont récemment publié un rapport conjoint intitulé Boom and Bust 2019: Tracking the Global Coal Plant Pipeline. Ses conclusions pour 2018 sont généralement positives : réduction de 20 % au niveau mondial du nombre de centrales au charbon nouvellement construites, baisse de 24 % des activités de pré-construction et chute de 39 % des nouveaux chantiers. Il semble que tous les pays font de leur mieux pour atteindre l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Toutefois, le rapport a également découvert une exception à ces efforts communs : la Chine. Des images satellites montrent les activités sournoises du régime chinois visant à relancer les projets de charbon en suspens. En outre, ce régime finance également la construction de nombreuses centrales au charbon à l’étranger. Pour empirer les choses, China Electricity Council a proposé le niveau de 1 300 gigawatts en tant que plafond de production d’électricité à base de charbon en Chine, ce qui augmente ce niveau de 290 gigawatts – un chiffre qui dépasse la production totale américaine (259 gigawatts). En même temps, Neha Mathew-Shah, juriste environnementale du Programme international de Sierra Club, note : « Les États-Unis sont en voie d’éliminer complètement le charbon et de passer à une économie d’énergie propre à 100 % d’ici 2030. »
Le régime chinois finance également la construction de nombreuses centrales au charbon à l’étranger. (Image : Capture d’écran / Youtube)
En raison des mesures prises par la Chine, le rapport indique clairement que les objectifs climatiques mondiaux ne seront pas atteints tant que les mines de charbon ne seront pas complètement fermées dans ce pays. Lauri Myllyvirta, analyste principal de l’Unité de la pollution atmosphérique mondiale de Greenpeace, explique : « Il serait presque impossible de concilier une nouvelle vague de construction de centrales au charbon avec les réductions d’émissions nécessaires pour éviter les pires effets du réchauffement climatique. Les objectifs énergétiques de la Chine ont une plus grande influence sur les émissions mondiales que toute autre décision politique nationale. »
Il y a quatre ans, le 12 décembre 2015, 195 pays se sont engagés à réduire les émissions de gaz à effet de serre et autres activités liées au climat en adoptant l’Accord de Paris sur le climat. Dans le cadre de cet accord, les pays membres sont tenus d’élaborer des politiques, de se fixer des objectifs pour réduire rapidement leurs émissions et de mettre en œuvre des mesures qui reflètent la vision de l’engagement mondial. L’un des objectifs de l’accord est de réduire la production d’électricité à partir du charbon.
À quel point est-ce grave ?
Malgré les mesures prises par la Chine en 2012 et 2013 afin de réduire sa dépendance de charbon, le pays semble ignorer ses propres réglementations. Les émissions de méthane continuent d’augmenter dans le pays. « La réglementation chinoise sur le méthane n’a pas eu d’impact détectable sur les émissions de méthane du pays », précise Scot Miller, professeur au département de santé environnementale et d’ingénierie de l’Université Johns Hopkins, dans un communiqué cité par Japan Times.
L’Accord de Paris demande aux pays de limiter par tous les moyens possibles l’augmentation de la température moyenne mondiale à un niveau « bien inférieur » à 2°C. Si le charbon n’est pas éliminé progressivement d’ici au milieu du siècle, les chances d’y parvenir sont jugées impossibles. « Nous devons réduire radicalement l’utilisation des centrales au charbon au cours de la prochaine décennie afin de pouvoir atteindre les objectifs climatiques de l’Accord de Paris », explique Christine Shearer, analyste de Global Energy Monitor.
Depuis des décennies, la Chine a été un très grand consommateur de charbon. Comme le montrent des études effectuées en 2014, sa consommation de charbon pourrait même être égale à celle du reste du monde. Pourtant, même si les autres pays membres respectent les objectifs de l’Accord de Paris, la Chine laisse sa consommation de charbon atteindre de nouveaux sommets.
Depuis des décennies, la Chine a été un très grand consommateur de charbon. (Image : Capture d’écran / YouTube)
De nombreux scientifiques mettent en garde qu’une augmentation continue de la production de charbon dans le monde pourrait avoir des conséquences désastreuses sur le climat mondial. À la suite de la proposition de China Electrical Council, ainsi que de l’essor actuel des activités charbonnières en Chine, l’humanité pourrait faire face à de telles conséquences.
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