Dans le sillage de la pandémie mondiale du Covid-19, le Parti communiste chinois (PCC) a fait une déclaration très médiatisée selon laquelle « la Chine est l’un des pays les plus en avance en matière de recherche et de développement de vaccins », tout en signant d’urgence un accord avec la société biotechnologique allemande BioNTech pour importer au moins 100 millions de doses du vaccin contre le Covid-19 au cours de l’année prochaine. Cette nouvelle a suscité des interrogations.
Les fabricants chinois importent 100 millions de doses de vaccin allemand
Le mois dernier, la société biotechnologique allemande BioNTech et la société américaine Pfizer ont annoncé que les données finales des essais cliniques de phase III de leur vaccin à ARNm (acide ribonucléique messager) collaboratif ont montré que le vaccin était efficace à 95%, soit plus que les 50% requis par l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (Food and Drug Administration, FDA). Le vaccin de BioNTech et Pfizer est actuellement autorisé pour une utilisation d’urgence aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans d’autres pays.
Bloomberg rapporte que le groupe pharmaceutique Fosun Pharma de Shanghai détient les intérêts du marché chinois du vaccin, et que les deux parties ont signé un accord de coopération en mars de cette année, tandis qu’un autre partenaire, Pfizer, n’est pas impliqué dans le contrat de Fosun Pharma.
Fosun Pharma a signé un nouvel accord avec BioNTech le 15 décembre pour acheter au moins 100 millions de doses supplémentaires du vaccin à BioNTech en 2021, sous réserve que le vaccin à ARNm reçoive une autorisation de mise sur le marché en Chine et les commandes correspondantes du groupe Fosun Pharma. Selon le contrat d’achat, le prépaiement pour les premiers 50 millions de doses de vaccin coute 250 millions d’euros. Fosun Pharma devra verser 125 millions d’euros d’ici le 30 décembre 2020, et le solde après l'approbation de la commercialisation du vaccin en Chine continentale.
La défaite du vaccin chinois ? Les Chinois refusent d’être vaccinés
Malgré les affirmations officielles selon lesquelles cinq vaccins nationaux sont entrés en phase III des essais cliniques, et le fait que l’entreprise d’Etat chinoise Sinopharm a soumis une demande à l’Administration nationale des médicaments le mois dernier, la sécurité des vaccins chinois est encore largement remise en question par le monde extérieur.
Par exemple, le 12 décembre dernier, le ministère péruvien de la santé a annoncé en urgence qu’un volontaire local avait développé des « symptômes neurologiques » après avoir reçu le vaccin développé par Sinopharm, et les responsables péruviens ont donc décidé de suspendre l’essai clinique du vaccin de Sinopharm dans le pays.
En outre, le 11 décembre, en Angola, il a été annoncé qu’au moins 17 ressortissants chinois, dont 16 employés d’une entreprise publique chinoise de la province de Lunda Norte, avaient été diagnostiqués positifs alors qu’on leur avaient administré le vaccin mis au point par Sinopharm avant de quitter le pays, comme l’avaient prévu les autorités chinoises. Mme You, une Chinoise vivant à Angola, a confirmé cette information.
Selon un reportage de Radio Free Asia, des employés d’entreprises publiques chinoises envoyés à l’étranger ont été infectés en Ouganda et en Angola en Afrique et en Serbie en Europe après avoir reçu des doses du vaccin contre le Covid-19 produit par Sinopharm, et le nombre d’infections pourrait se compter par centaines.
Après la publication du reportage, le gouvernement chinois a rapidement bloqué l’information et s’est efforcé de transformer l’affaire en une question politique.
Au moins un million de personnes ont été vaccinées avec le vaccin chinois en Chine continentale, mais le processus a été discret. Les habitants de Pékin et de Shanghai ont déclaré à Radio Free Asia qu’ils refusaient de se faire vacciner parce qu’ils ne faisaient pas confiance à la qualité des vaccins chinois.
Les scandales liés aux vaccins (notamment ceux pour les enfants) n’ont jamais cessé en Chine
Une mère voulant défendre le droit de sa petite fille victime du vaccin, s’est fait arrêter par la police. (Image : Capture d’écran / YouTube)
En ce moment, CCTV, le Quotidien du peuple et les médias chinois locaux continuent toujours à promouvoir l’idée que « la recherche et le développement de vaccins en Chine sont les plus développés au monde », mais une observation de près montre qu’il y a eu une vague de scandales concernant les vaccins en Chine continentale ces dernières années.
Lors de l’incident dû à un vaccin dans la province du Shanxi en 2007, de nombreux enfants ont été blessés ou sont décédés suite à leur vaccination, mais le gouvernement local et les médias ont dissimulé ce scandale jusqu’à ce qu’en 2 en mars 2010, Wang Keqin, un reporter du China Economic Times, publie un reportage intitulé « Investigation of the Shanxi Vaccine Mess », après six mois d’enquête sur le terrain. Le président et rédacteur en chef de ce média, Bao Yueyang, a été muté deux mois plus tard. En juillet 2011, le département d’enquête du China Economic Times a été dissous et Wang Keqin a été licencié. En 2013, dans le sud de la Chine, un autre scandale s’est dévoilé : plusieurs bébés ont été blessés ou sont morts après avoir été reçu un vaccin contre l’hépatite B.
Un autre scandale plus récent lié aux vaccins est celui qui a eu lieu en 2018 en lien avec le vaccin contre la rage fabriqué par Changchun Changsheng Biotechnology Co Ltd. L’accident a fait des centaines de milliers de victimes mineurs. Ce qui est plus choquant, c’est qu’il avait été découvert que cette même firme avait un an plus tôt mis sur le marché chinois 250 000 doses de vaccins diphtérique, tétanique et poliomyélitique non conformes aux normes.
Cette année, après l’apparition de l’épidémie en Chine, parmi les entreprises pharmaceutiques chinoises qui sont entrées en phase III des essais du vaccin contre le Covid-19, l’Institut des produits biologiques de Wuhan et Sinovac Biotech ont également été impliqués dans des scandales liés au vaccin.
Rédacteur Yi Ming
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