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Chine. Le Time Magazine cite l’activiste de Hong Kong Edward Leung

ACTUALITÉ > Chine

Edward Leung prononçant un discours à la gare de Causeway Bay. (Image : wikimedia / CC0 1.0)
 

Depuis plus d’une décennie maintenant, 15 ans pour être précis, le Time Magazine nomme régulièrement des personnes influentes dans sa liste des 100 personnes les plus influentes au monde. Cette année, l’un des jeunes politiciens et militants les plus en vue de Hong Kong, Edward Leung Tin-Kei, figure sur la célèbre liste.

Cette liste, la TIME 100 Next, a été divisée en cinq catégories - pionniers, artistes, leaders, icônes et titans.

Les manifestations à Hong Kong et  Edward Leung tin-Kei

Il n’y a guère d’événement plus époustouflant et susceptible d’attirer l’attention que le récent et actuel soulèvement en faveur de la démocratie, qui a pris la défense des citoyens à Hong Kong.

C’est peut-être l’une des raisons, ou du moins un facteur d’influence, qui a pu conduire à la nomination de l’homme politique et militant de Hong Kong Edward Leung Tin-Kai à la TIME 100 Next, dans la catégorie des leaders.

Selon le Time, bien que Edward Leung Tin-Kai soit en prison pour son implication dans les affrontements entre la police de Hong Kong et des civils à Mong Kok en 2016, des dizaines de milliers de manifestants scandent encore le slogan « Libérer Hong Kong, révolution de notre temps », qu’il a conçue lui-même, et il est toujours le leader spirituel des manifestations de la ville depuis des mois. Edward Leung Tin-Kai est également connu pour avoir introduit le « localisme » dans le courant dominant de Hong Kong et son documentaire primé, Lost in the Fumes, est devenu une référence pour tout manifestant sérieux de Hong Kong.

Une lettre ouverte

Le rapport souligne également que bien que Edward Leung Tin-Kai ne soit pas en mesure de se joindre aux manifestations de masse, il a offert son soutien depuis la prison et a même écrit une lettre ouverte poignante aux manifestants en juillet de cette année.

Dans sa lettre ouverte aux manifestants de Hong Kong, Edward Leung Tin-Kai a demandé à  tous de ne pas céder à la haine et de ne pas jouer leur précieuse vie contre ceux au pouvoir. Citant une phrase de la Bible, il a ajouté que les gens devraient toujours rester vigilants et dans une situation d’urgence, tout en pratiquant la persévérance. « Tout ce dont nous avons besoin maintenant, ce n’est pas de jouer nos précieuses vies, mais de cultiver la persévérance et l’espoir dans la souffrance », a-t-il écrit.

Dans sa lettre ouverte aux manifestants de Hong Kong, Leung a appelé tout le monde à ne pas être contrôlé par la haine et à ne pas jouer leur précieuse vie contre ceux au pouvoir. (Image : Studio Incendo via flickr CC BY 2.0)
Dans sa lettre ouverte aux manifestants de Hong Kong, Leung a appelé tout le monde à ne pas être contrôlé par la haine et à ne pas jouer leur précieuse vie contre ceux au pouvoir. (Image : Studio Incendo / flickr / CC BY 2.0)
 

Une brève biographie

Edward Leung Tin-Kei est né le 2 juin 1991, il a été le porte-parole du parti les Indigènes de Hong Kong, un groupe localiste de Hong Kong, bien que son lieu de naissance soit Wuhan, province du Hubei. Son père est citoyen de Hong Kong et sa mère est originaire de Wuhan, lieu où le couple s’est marié et qui fait partie du continent chinois.

L’arrière-grand-père maternel d’Edward Leung Tin-Kei était autrefois un marchand de coton et de lin réputé à Hankou. Son grand-père maternel était membre du Kouo-Min-Tang, « l’un des huit partis politiques mineurs enregistrés en République populaire de Chine ». Après 1949, le Parti communiste a confisqué la maison ancestrale de la famille Huang, et tué les membres de la famille qui y vivaient à l’époque.

Edward Leung Tin-Kei a déménagé à Hong Kong avec sa mère à l’âge de un an. Il a terminé ses études secondaires au Shung Tak Catholic English College, dans le district de Yuen Long et a étudié à l’Université de Hong Kong. Il s’est spécialisé en philosophie et a obtenu un baccalauréat ès arts en 2016.  Son père était professeur d’histoire chinoise, de langue chinoise et de l’enseignement du bouddhisme à l’école secondaire et lui parlait souvent de l’histoire de Hong Kong.

En janvier 2016, Edward Leung Tin-Kei représentait le groupe les Indigènes de Hong Kong, qui s’est présenté aux élections de New-Territories East (Nouveaux Territoires de l’Est), après avoir été élu par le Conseil législatif de Hong Kong. En février de la même année, trois semaines seulement avant les élections, il a été arrêté par la police lors des affrontements entre policiers et civils à Mong Kok. En décembre 20 17, il démissionne de son poste de porte-parole des Indigènes de Hong Kong. Cette même année, sort le documentaire Lost in the Fumes. En juin 2018, il a été reconnu coupable et condamné à six ans de prison par la Haute Cour pour avoir agressé un policier pendant les troubles de Mong Kok.

En janvier 2016, Leung représentait le groupe autochtone de Hong Kong, qui s'est présenté aux élections de New-Territories East (les Nouveaux Territoires de l'Est), après avoir été élu par le Conseil législatif de Hong Kong. (Image : Capture d'écran / YouTube)
En janvier 2016, Leung représentait le groupe autochtone de Hong Kong, qui s’est présenté aux élections de New-Territories East (les Nouveaux Territoires de l’Est), après avoir été élu par le Conseil législatif de Hong Kong. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

La force du courage

Edward Leung Tin-Kei est considéré par certains comme un « localiste radical » fidèle à Hong Kong. D’autres voient en lui un leader d’opinion démocratique qui remet en question le bastion totalitaire de Pékin à Hong Kong. Le slogan  « Libérez Hong Kong, la révolution de notre temps » qu’il a conçu lors de sa campagne électorale de 2016,  symbolise l’essence de ce pour quoi il s'est battu et a été emprisonné.

En 2017, il décide de suspendre temporairement sa participation au mouvement pour l’indépendance de Hong Kong. Les sections locales pro-chinoises du Parti communiste chinois (PCC) étant souvent en désaccord avec les habitants pro-démocratiques de Hong Kong.

En 2018, il a exprimé son espoir que les locaux et les pro-démocrates puissent se comprendre et s’unir pour lutter. Cette année-là, Edward Leung Tin-Kei a expliqué au tribunal que la force du courage est quelque chose de courageux et de puissant. Le courage, comme tout le monde le comprend, est aussi quelque chose de puissant. Et comme on dit, rien ne sert d’être arrogant, c’est-à-dire que face à lvinjustice, nous ne pouvons pas céder, mais nous devons nous battre.

Ne cédez pas à  la haine

Bien que de nombreuses personnes à Hong Kong ne souhaitent pas être complètement indépendantes de la Chine continentale, elles soutiennent toujours la lutte contre Pékin. C’est également le thème du mouvement de Hong Kong contre la loi sur l’extradition depuis juin de cette année.

Il semble que ceux qui sont unis à Hong Kong ne sont pas en lutte contre un pays, ou une nation, mais plutôt contre l’injustice et l’illégalité qui, si on ne les contient pas, pourraient faire tomber la position démocratique de Hong Kong, ses valeurs et ses libertés, chères à tous ses habitants.

En 2019, Edward Leung Tin-Kei a utilisé son influence et son leadership pour soutenir les manifestants anti-extradition de Hong Kong. Dans sa lettre, il a exhorté les manifestants à ne pas céder à la haine et à faire preuve de compassion. Comme le montrent les événements récents, même les manifestants les plus pacifiques se heurtent de plus en plus à la violence policière, ceci est particulièrement vrai pour les manifestants qui, sous l’effet de la colère et de la haine, en arrivent à commettre des actes de violence qu’ils ne toléreraient pas eux-mêmes dans un état d’esprit rationnel.

L’expérience a montré que Pékin profite de toute forme d’agression de la part des manifestants pour renforcer encore sa présence policière et militaire sous la bannière de la sécurité. C’est peut-être la raison pour laquelle Edward Leung Tin-Kei a appelé les manifestants à ne pas jouer leur vie face à ceux qui sont au pouvoir, espérant calmer les manifestants.

Le 15 novembre, lors d'un rassemblement, les autorités ont été appelées à enquêter sur la police. (Image : Nina Wong/Vision Times)
Le 15 novembre, lors d’un rassemblement, les autorités ont été appelées à enquêter sur la police. (Image : Nina Wong / Vision Times)
 

La montée de la violence policière

Depuis que Carrie Lam est retournée à Hong Kong, après son voyage à Pékin à l’occasion de la Fête nationale chinoise en octobre, la violence policière s’est intensifiée, les médias indépendants faisant état de tragédies toujours plus sanglantes.

Selon les critiques, l’intention de Pékin est d’inciter à la colère et à la haine. Une fois que les gens sont motivés par les émotions et la frustration, ils ont tendance à agir violemment, jusqu’à vandaliser des voitures de police, saccager  et brûler des magasins, et ainsi de suite. Pékin a une emprise étroite sur le système policier de Hong Kong. En fin de compte, la plupart des policiers et des policières sont aussi des résidents de Hong Kong déchirés et se retrouvant au coeur d’une tragique bataille des systèmes de valeurs, menée sur le dos des habitants de Hong Kong.

Si les masses pouvaient être amenées à atteindre et à libérer au summum leur frustration et leur colère, alors il serait sans doute possible au Parti communiste chinois d’atteindre l’objectif d’inciter les manifestants de Hong Kong à se battre contre les masses. Et le gouvernement de Hong Kong pourrait enfin annoncer l’abolition des élections de district, tout en arrêtant un grand nombre de soi-disant émeutiers.

Wang Hua, commentateur de l’actualité, a également déclaré : « Ne soyez pas contrôlé par la haine ». C’est très important dans la situation actuelle. « Le PCC veut que les gens deviennent irrationnels et tombent dans la haine et la colère », a-t-il expliqué.

En ce moment, le plus important pour les manifestants de Hong Kong est de retrouver un état d’esprit rationnel  et une pensée juste.

Rédacteur Charlotte Clémence

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