Depuis bientôt cinq mois, les Hongkongais n’ont cessé de protester contre l’amendement de la loi d’extradition par le gouvernement de Hong Kong.
Les jeunes de Hong Kong épris de liberté et de démocratie ne sont pas favorables au régime chinois, essentiellement à cause de ses atteintes aux droits de l’Homme.
Lorsque Carrie Lam, la cheffe de l’exécutif de Hong Kong a déposé un projet de loi autorisant l’extradition des suspects en droit pénal vers la Chine continentale pour y être jugés, les Hongkongais ont réalisé qu’ils perdraient leur liberté protégée par l’accord sino-britannique « un pays, deux systèmes », établi en 1997 : date de la rétrocession de Hong Kong à la Chine.
Le courage des jeunes manifestants hongkongais
« Voir ce qui est juste et ne pas le faire est un manque de courage », cette citation de Confucius pourrait s’appliquer aux jeunes de Hong Kong. Ils font preuve de courage et expriment leurs revendications pour la démocratie, à travers différents rassemblements pacifiques face aux répressions de plus en plus violentes du gouvernement hongkongais. Un jeune manifestant de 11 ans expliquait au journaliste que c’était la première fois qu’il manifestait, il avait très peur mais il a senti que c’était son devoir de descendre dans la rue et de s’exprimer pour le futur de Hongkong.
Le 1er octobre, la police a tiré avec une vraie balle à courte distance sur un jeune lycéen de 17 ans : les jeunes ont alors compris que leur vie était réellement en danger. Malgré les risques, ils ont décidé de continuer leurs revendications et descendent dans la rue, avec désormais un testament dans leur sac à dos. « Quand tu découvriras cette lettre, je serai peut-être déjà arrêté ou tué ». « Papa, je ne suis pas un bon fils, désolé de devoir te quitter si tôt, je ne peux plus assumer mes responsabilités en tant que fils, je n’aurai plus d’occasion de rester à tes côtés pour t’accompagner… ».
Répressions, désinformations et arrestations d’enfants
Au cours des derniers mois, la police de Hong Kong, renforcée par la police de Chine continentale, a eu recours à différentes formes de violence pour réprimer ces jeunes : arrestation d’adolescents et d’enfants, utilisation de gaz lacrymogènes périmés, de projectiles en sachets, ainsi que des balles en caoutchouc, mais aussi agressions sexuelles, viols, viols collectifs et même meurtres...
Au début du mois d’octobre, lors d’une conférence de presse, Matthew Cheung, le numéro 2 de Hongkong, a déclaré que 750 des 2 379 personnes arrêtées depuis juin avaient moins de 18 ans dont 104 avaient moins de 16 ans, une information ressentie comme « choquante et déchirante » par la population. Le plus jeune a été arrêté fin septembre : il avait seulement 10 ans.
Garçon de 11 ans arrêté. (Image : Epoch Média Group / capture d’écran)
Abus sexuels et diffamations
Le 10 octobre, Sonia Ng, étudiante à l’Université chinoise de Hong Kong, a informé Duan Chongzhi, le président de son université, des violences qu’elle avait subies au commissariat de Kwai Chung. Un policier l’a frappée très fort à la poitrine et deux policières la regardaient lorsqu’elle allait aux toilettes. Après avoir dévoilé courageusement sa vraie identité, Sonia a reçu des messages rédigés en chinois simplifié (langue officielle de la Chine continentale) qui la menaçaient de viol collectif et de lui injecter le virus du Sida. Elle a également été diffamée sur le Web et traitée de « fille des rues ». Le 23 octobre, la lettre ouverte de soutien publiée par Monsieur Duan Chongzhi a été qualifiée de « propos erronés et partiels » par Xinhua.net, la presse officielle du parti communiste chinois. Il lui a été demandé de retirer sa déclaration et de rectifier ses propos.
Soupçons sur la cause de la mort de Chen Yanlin et sur la femme présentée comme la « mère de Chen »
Une autre manifestante âgée de 15 ans, Chen Yanlin, a été portée disparue le 21 septembre. Son corps dénudé a été retrouvé en mer le 22 septembre. La police hongkongaise l’a déclarée « morte noyée ». Mais Chen Yanlin était championne de plongeon et selon une source interne, ses muscles présentaient encore de l’élasticité lorsque son corps a été retrouvé. Pour dissiper le doute, un média pro-chinois a publié le 17 octobre une interview où une femme présentée comme la « mère de Chen » déclarait que Chen s’était suicidée à cause de troubles mentaux.
Après avoir comparé la photo montrée par « Madame Chen », qui aurait été « prise pendant La fête de Lune, le 13 septembre », et la capture d’écran de l’interview, les internautes se sont interrogés: comment les cheveux courts de Madame Chen auraient-ils pu pousser en moins d’un mois, jusqu’à former une queue de cheval très longue ? Etait-elle réellement la mère de Chen ? « Le diable est dans les détails ». Les internautes ont pu trouver la vraie date de la prise de cette photo sur la page Facebook de Chen Yanlin : le 29 juillet. Apparemment, cette dame ignore ce détail important. Cette découverte alimente d’avantage les soupçons: Est-ce que Chen a été tuée par la police avant d’être jetée dans la mer ? Face à ces soupçons, la police a rapidement procédé à la crémation du corps de Chen, renforçant encore davantage les doutes des Hongkongais.
Selon Guo Wengui, un riche homme d’affaires chinois exilé aux États-Unis, le jour de l’incinération, le crématorium était étroitement surveillé par la police spéciale et des agents secrets en provenance de Canton.
Comparaison des cheveux (Source : Facebook de Bulimaoxiangmintuan)
La date de prise de la photo. (Source : www.dcard.tw)
Chute ou projection du haut d’un immeuble
Le 10 octobre, vers 18h, un homme a chuté du haut d’un immeuble à Sha Tin. Selon la police, la victime avait 31 ans, aucun testament n’a été retrouvé sur place, la victime avait des troubles mentaux, il n’y avait donc aucun soupçon.
Cependant, les internautes ont soulevé quelques doutes après la publication de la photo : il n’y avait presque pas de sang sur le sol, le corps était raide et la position de la main laisse soupçonner que la victime a été menottée ou ligotée avant son décès, des tâches pourpres sont apparues sur son dos, le corps était pâle, bleu, pourpre, laissant soupçonner que la victime était morte un ou deux jours plus tôt.
Augmentation soudaine du nombre de « suicides », un phénomène étrange : suicides ou meurtres ?
Selon les médias, depuis le début des manifestations, le nombre de « suicides » à Hong Kong a considérablement augmenté. Selon les statistiques non officielles, une centaine de « suicides » se sont produits depuis le début des manifestations et bon nombre d’entre eux concernent de jeunes manifestants. Statistiquement parlant, ce phénomène étrange n’a encore jamais été enregistré dans l’histoire de Hong Kong. Parmi les victimes, beaucoup ont chuté d’un immeuble, certains sont morts noyés comme Chen Yanlin. Un pompier hongkongais a commenté le phénomène sur les réseaux sociaux, précisant qu’il n’avait jamais repêché autant de corps dans la mer dans le passé, et que le nombre de corps découverts en mer depuis quelques mois avait presque atteint le nombre total des corps retrouvés au cours des dix dernières années.
Technologie IA détournée pour faciliter la répression
En octobre, The AI Organization, un institut de recherche en intelligence artificielle américain a publié plusieurs articles sur son site Web précisant que le gouvernement hongkongais utilise l’intelligence artificielle et la technologie de reconnaissance faciale ou biométrique pour localiser les manifestants, puis les arrêter, les torturer, les violer, voire les massacrer pour déclarer à la fin qu’il « se sont suicidés ».
L’article a dévoilé que ces jeunes « suicidés » auraient été contraints de sauter de l’immeuble ou auraient été poussés par la police. « Ces formes de violences sont souvent pratiquées sur des dissidents, pratiquants de Falun Dafa, chrétiens chinois, Tibétains ou Ouïgours...Les personnes arrêtées sont envoyées dans des commissariats, centres de détention, camps de travail et camps de concentration pour la rééducation. Les suicides font presque toujours l’objet de déclarations de la part du régime socialiste chinois »… fournissant des preuves pour expliquer l’augmentation soudaine du nombre de « suicides » à Hongkong.
The AI Organization a également expliqué que « ces capacités qui ont conduit à l’arrestation, à la torture et à la mort de certains jeunes de Hong Kong proviennent des sociétés du secteur technologique occidental qui investissent, fusionnent et font des affaires avec la Chine. En un sens, ils sont responsables... Si la Chine ne se fait pas contrôler et si Hong Kong est limogé, ils pourront exercer leurs activités et s’étendre ailleurs... »
Les habitants locaux ne sont pas non plus épargnés
Début octobre, une femme enceinte, de 19 ans, a été arrêtée par la police de Hong Kong, alors qu’elle passait devant un centre commercial où la police était en train de procéder à des arrestations. Cette jeune femme était à son huitième mois de grossesse et a ressenti un malaise après son arrestation illégale. Elle a demandé à la police de l’amener à la maternité pour procéder à un examen médical. Dans la salle d’accouchement de la maternité, un policier a assisté à son examen en vérifiant ses informations personnelles, un geste qui a été confirmé par la police de Hong Kong plus tard et qui a fortement gêné d’autres femmes présentes dans la même salle.
Femme enceinte de 19 ans arrêtée par la police. (Souce : Capture d’écran de LIHKG)
La nuit du 21 octobre, une dame âgée a été blessée aux jambes par une bombe lacrymogène, en sortant de son travail. Elle a expliqué au journaliste que les policiers avaient surgi du coin de la rue et commencé à tirer vers les piétons. Ils ont tiré à trois reprises sur elle, quand elle leur a demandé de l’aide, les policiers l’ont chassée en disant qu’elle les dérangeait. Comme beaucoup de manifestants blessés, cette dame n’a pas osé aller se faire soigner à l’hôpital, par peur d’être recherchée ou arrêtée par la police une fois qu’elle serait enregistrée dans le système informatique des hôpitaux.
Elle a également parlé des impacts négatifs de la loi hongkongaise « anti-masque ». Beaucoup de ses amis âgés n’osent plus porter de masques respiratoires pour se protéger des virus, même en cette pleine période d’épidémie grippale. Certains de ses proches sont malheureusement décédés des suites d’une infection pulmonaire. Pour elle, « cette loi porte atteinte au droit à la vie de chacun, c’est synonyme de meurtre ».
La dame montre ses blessures aux journalistes. (Source : Epoch Média Group)
Un soutien effectif des Hongkongais « silencieux »
Selon les déclarations de Pékin et de certains Hongkongais proche du Parti communiste chinois, la plupart des non manifestants de Hong Kong seraient des opposants à la manifestation. Mais en réalité, un groupe de supporters soutient les manifestants depuis le départ, en leur fournissant des masques et de l’argent, en conduisant en voiture les jeunes loin des lieux ou se déroulent les manifestations, afin d’éviter la poursuite des policiers, etc.
Parmi ces partisans, il y a également une équipe de médecins et d’infirmiers qui fournissent une assistance médicale aux manifestants qui craignent d'être arrêtés par la police dans les hôpitaux publics. Une autre équipe offre des soins psychologiques aux jeunes rejetés par leurs parents et qui ont peur d’être confrontés au gouvernement et au régime chinois.
Ces médecins apportent un diagnostic rapide aux blessé(e)s, grâce à la télémédecine, par le biais de messages et de photos reçus via des applications sécurisées. Ils donnent ensuite des conseils de traitement, ou voire couvrent les frais pour les soins de ces patients. Parfois ces cliniques « de l’ombre » dispensent un traitement temporaire de manière à ce que les manifestants puissent se rendre à la clinique officielle quelques jours plus tard, et dire qu'ils n’ont pas été blessés lors d’une manifestation. « Ces enfants se battent dur pour obtenir la liberté ». « Pour nous qui n’osons pas descendre dans la rue, nous pouvons au moins soigner leurs blessures », précisent certaines de ces personnes.
Le soir du 26 octobre, des médecins de Hong Kong se sont réunis au Chater Garden, en centre ville, pour dénoncer les abus de pouvoir de la part de la police.
Désinformation, indifférence des Chinois et soutien mondial
Les médias chinois diffusent une désinformation sur la nature du mouvement pro-démocratie de Hong Kong et traitent ces jeunes manifestants de terroristes et séparatistes dangereux. Même le journal hongkongais pro Pékin Ta Kung Pao (L’impartial) a publié un article fin octobre qualifiant le jeune leader du mouvement pro-démocratie hongkongais Joshua Wong Chi-fung, de « traitre chinois de la nouvelle époque ». En septembre, ce dernier s’était présenté à l’audience sur la question de Hong Kong organisée par le Congrès américain et avait affirmé dans son discours que toutes les personnes impliquées dans le mouvement appartenaient à la même communauté et luttaient pour « le droit à l’autonomie ».
L’arrogance du régime chinois et les violences de la police hongkongaise ont bouleversé la communauté internationale. Le 15 octobre, la Chambre des représentants des Etats-Unis a adopté à l’unanimité la « Loi sur les droits de l’Homme et la démocratie à Hong Kong », la « Loi pour protéger Hong Kong » et la « Résolution de soutien envers Hong Kong », traduisant ainsi leur soutien aux Hongkongais.
Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants a déclaré que « Si les États-Unis ne défendent pas les droits de l’Homme en Chine pour des intérêts commerciaux, alors nous perdrons toute autorité morale pour nous exprimer sur les droits de l’Homme partout dans le monde ».
Pour riposter, Pékin a publié, le 16 octobre, un communiqué plein de clichés sur le Site Internet de Xinhuanet, presse officielle du régime, pour exprimer de nouveau l’« extrême indignation » de la Chine face au soutien des États-Unis envers les manifestants de Hong Kong.
Porte-parole du Ministère des Affaires étrangères chinois, Geng Shuang, lors de la conférence de presse pour boycotter la loi américaine. (Source : Capture d’écran / Youtube CCTV)
Geng Shuang a déclaré : « À l’heure actuelle, Hong Kong n’est pas confronté aux prétendus problèmes de droits de l’Homme et de démocratie, mais à l’urgence de mettre fin à la violence, de rétablir l’ordre et de faire respecter la loi. La Chambre des représentants des Etats-Unis ignore les faits, renverse la situation... La Chine...aucune force extérieure ne peut s’en mêler ».
À cause de la censure et de la désinformation, beaucoup de Chinois ignorent toujours ce qui se passe réellement à Hong Kong. Ils prennent les jeunes Hongkongais pour des émeutiers qui se rebellent à cause de la flambée du prix de l’immobilier à Hong Kong, et pensent que ces mouvements ont pour but de saboter le principe d’un seul pays et de séparer la Chine « unifiée » depuis 1997.
En même temps, choqué par les violences excessives perpétrées par la police hongkongaise, voire par la police spéciale, ou des agents secrets chinois infiltrés dans la police de Hong Kong, (selon les services de renseignements des Etats-Unis), le monde entier se réveille doucement et porte son soutien à ces jeunes de Hong Kong. Citons comme exemple une publicité pro-démocratie de Red Bull, un tweet de soutien au mouvement de protestation hongkongais posté par Daryl Morey, manager général de la franchise texane de NBA, le dessin animé South Park mentionnant des sujets très sensibles tels que les camps de travail forcé, des tortures subis par les dissidents en Chine, voire les prélèvements forcés d’organes pratiqués dans les prisons chinoises. Le Youtubeur indépendant le plus connu au monde, « PewDiePie », a également déclaré fièrement qu’il avait été complètement banni du Web en Chine à cause de son soutien ouvert envers les Hongkongais. « Voir ce qui est juste et le faire, c’est faire preuve du courage ».
Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.