Le 4 juillet, le chef de l’exécutif de Hong Kong, John Lee, a déclaré que huit militants chinois pro-démocratie ayant fui la Chine pour se réfugier aux États-Unis, au Canada et en Australie seront « poursuivis à vie », pour des infractions présumées à la sécurité nationale.
Des tentatives de poursuites illégales de militants chinois aspirants à la démocratie
Lors de sa réunion hebdomadaire, M. Lee a encouragé les amis et les proches des militants en exil à se manifester pour aider à leur capture, en précisant qu’ils pouvaient bénéficier des primes offertes par les autorités.
« Le seul moyen pour mettre fin à leur destin de fugitifs, qui seront poursuivis à vie, est de se rendre », a déclaré M. Lee.
Des mandats d’arrêt ont été émis à l’encontre des législateurs pro-démocratie Nathan Law, Ted Hui et Dennis Kwok, ainsi que de l’avocat Kevin Yam, du syndicaliste Mung Siu-tat et des activistes Fin Lau, Anna Kwok et Elmer Yuen.
Ils ont été accusés de collusion avec des puissances étrangères et d’incitation à la sécession.
Dennis Kwok, citoyen canadien, qui a également siégé au parlement de Hong Kong pendant huit ans jusqu’en 2020, s’est réfugié en Amérique du Nord et M. Law a fui en Grande-Bretagne.
M. Law a affirmé à la Canadian Broadcasting Corporation (CBC) que, malgré la prime placée sur lui par le régime communiste, il « n’arrêtera pas [son] travail de plaidoyer ».
« Depuis que j’ai quitté Hong Kong il y a trois ans, je mène une vie relativement discrète parce que je sais que je suis une cible du régime chinois et j’essaierai de me protéger », a-t-il confié à la CBC.
Des primes d’un million de dollars hongkongais aux délateurs ou collaborateurs
Les autorités chinoises offrent des primes d’1 million de dollars hongkongais (125 000 dollars américains) pour sa capture et celle de chacun des autres militants.
Ces primes sont les premières du genre à être versées en vertu de la loi controversée de Hong Kong sur la sécurité nationale (NSL), qui a été mise en œuvre pour criminaliser la sécession, la subversion, le terrorisme et la collusion avec des puissances étrangères, mais qui a été utilisée pour réprimer les militants pour la démocratie et les médias qui critiquent le régime communiste chinois.
Malgré la rhétorique, il est peu probable que des arrestations aient lieu, mais elles rendront la vie des militants chinois plus difficile et auront des conséquences profondes qui iront bien au-delà des huit personnes visées.
Eric Lai, chercheur à la King’s College London School of Law, a expliqué au Time : « C’est une façon de créer un effet de "douche froide" pour la communauté étrangère de Hong Kong ».
La Chine tente depuis longtemps de faire appliquer ses lois à l’étranger, ce qui a conduit de nombreuses personnes à accuser le régime d’ingérence extraterritoriale.
Selon un éditorial du 22 juin, la Chine tente d’utiliser l’Organisation internationale de police criminelle (Interpol) pour appréhender les personnes qu’elle considère comme des fugitifs. Safeguard Defenders, une organisation à but non lucratif de défense des droits de l’homme, souligne toutefois que les statuts de l’organisation interdisent toute intervention de nature « politique, militaire, religieuse ou raciale ».
La Chine et Hong Kong ont signé des traités d’extradition avec un certain nombre de pays dans le monde, mais à la suite de la mise en œuvre de la NSL, les quatre pays où les exilés se sont enfuis ont suspendu ces accords.
Dennis Kwok a indiqué au Time qu’il faisait de plus en plus attention à ses déplacements afin de ne pas être extradé vers Hong Kong.
« Le même niveau de prudence s’applique à l’itinéraire de mes vols », a-t-elle ajouté.
Une « escalade dangereuse » au mépris du droit international
Dans une déclaration publiée sur Twitter par l’Alliance interparlementaire sur la Chine (IPAC), l’organisation a considéré cette nouvelle comme représentant une « escalade dangereuse dans la guerre mondiale de Pékin contre la dissidence ».
L’IPAC rejette les accusations de « collusion avec des forces étrangères », (d’incitation à) la subversion et d’incitation à la sécession en vertu de la loi dite de sécurité nationale, imposée illégitimement par la RPC en violation de la déclaration conjointe sino-britannique et des libertés fondamentales en vertu du droit international, peut-on lire dans la déclaration.
La déclaration de l’IPAC appelle les gouvernements à « utiliser tous les moyens à leur disposition » pour protéger les exilés de « poursuites illégales » et à faire savoir « clairement » que toute tentative d’arrestation d’activistes sur le sol démocratique est inacceptable.
Ils appellent tous les gouvernements qui ne l’ont pas encore fait à abroger tous les traités d’extradition existants avec Hong Kong et la République populaire de Chine (RPC).
« Nous restons solidaires du peuple de Hong Kong et plaidons pour le rétablissement de ses droits civils et politiques », souligne l’IPAC dans sa déclaration.
Rédacteur Albert Thyme
Source : Chinese Democracy Activists Exiled in the West to Be ’Pursued for Life’, Hong Kong Leader Says
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