L’ancien général Li Shangfu de l’Armée populaire de libération (APL) chinoise et L’ancien général Wei Fenghe tous deux promus ministres de la défense sous Xi Jinping, ont récemment été exclus pour corruption. (Image : wikimedia / U.S. Secretary of Defense / CC BY 2.0 & mil.ru / CC BY 4.0)
Lors d’une réunion présidée par Xi Jinping le 27 juin, le Politburo du Parti communiste chinois (PCC) a annoncé le calendrier d’une conférence de direction attendue depuis longtemps, ainsi que l’expulsion de deux anciens ministres de la Défense du Parti communiste chinois, Wei Fenghe et Li Shangfu, pour corruption.
La confirmation tardive de la réunion du « troisième plénum » du Parti communiste suggère que la direction de Xi Jinping est aux prises avec de graves turbulences politiques.
Wei Fenghe et Li Shangfu, officiers supérieurs de l’APL
Les deux généraux quatre étoiles de l’Armée populaire de libération (APL), Wei Fenghe et Li Shangfu, ont été démis de leurs fonctions. Les enquêtes menées par les autorités disciplinaires du PCC sur leurs crimes ont commencé à la fin de l’année 2023, a rapporté le porte-parole de l’État, Xinhua.
Xinhua a décrit les crimes de Wei Fenghe et Li Shangfu comme suit : « extrêmement graves, l’impact a été extrêmement flagrant et les dommages ont été particulièrement immenses ».
SinoInsider, une société de conseil en gestion des risques spécialisée dans la politique de l’élite chinoise, a noté dans un article du 27 juillet sur X : « l’éviction de Wei Fenghe et de Li Shangfu de cette manière suggère que Xi Jinping est toujours aux prises avec une corruption massive au sein de l’APL. Cela remet en question la capacité de l’APL à envahir Taïwan ou à entreprendre d’autres actes d’agression graves à court terme ».
En attendant, le PCC tiendra la troisième session plénière du 20ème Comité central du 15 au 18 juillet.
Depuis plusieurs décennies, les comités centraux du PCC ont un mandat de cinq ans, le troisième plénum est généralement utilisé pour discuter et annoncer les politiques économiques chinoises.
Un territoire en eaux profondes
Toutefois, la date du troisième plénum du 20ème comité central est retardée de près d’un an par rapport au calendrier habituel, ce qui, selon SinoInsider, s’explique par les problèmes politiques auxquels est confrontée la direction de Xi Jinping.
Outre la situation économique morose de la Chine qui rend difficile la tenue de la réunion à l’intervalle habituel, la purge de plusieurs hauts fonctionnaires pour corruption qui étaient considérés comme des alliés de Xi Jinping à partir de la mi-2023 a probablement laissé le dirigeant « indécis sur la façon de procéder en attendant le résultat des enquêtes sur la corruption », et confronté à « l’absence évidente de consensus au sein du parti dans le cadre de la tourmente politique », a écrit SinoInsider dans une analyse datée du 1er juillet.
Li Shangfu et Wei Fenghe étaient tous deux considérés par les observateurs chinois comme étant dans le camp de Xi Jinping. Li Shangfu a été brusquement démis de ses fonctions de ministre chinois de la défense l’année dernière, à la suite de la disparition puis de la révocation de Qin Gang, le ministre des affaires étrangères promu par Xi Jinping.
« Nous pensons que l’épuration par Xi Jinping de ses alliés et de ses fidèles dans l’armée préfigure un mouvement visant à consolider davantage le pouvoir lors du troisième plénum, écrit SinoInsider sur X, et à introduire diverses réformes et rectifications dans ce que l’on appelle le " territoire en eaux profondes " ».
Outre la purge de Wei Fenghe, de Li Shangfu et d’autres personnes pour corruption grave qui mine la capacité de l’APL à servir en tant que force de combat efficace, le fait que Xi Jinping soit prêt à s’en prendre à ses propres alliés pourrait suggérer qu’il prépare des actions plus importantes contre ses ennemis au sein du PCC.
Yuan Hongbing, un dissident et juriste chinois basé en Australie, qui dispose de contacts privilégiés au sein de l’establishment du PCC, a précédemment déclaré à Vision Times que, selon ses sources, la direction de Xi Jinping était divisée sur la manière de gérer l’héritage politique de Jiang Zemin, l’ancien chef du PCC dont l’influence s’est étendue de la fin des années 1990 jusqu’à l’ascension de Xi Jinping au pouvoir en 2012.
Xi Jinping espère dénoncer ouvertement l’héritage politique de Jiang Zemin, a indiqué Yuan Hongbing, mais les avis des six autres membres du comité permanent du Politburo du PCC l’organe de direction suprême sont partagés.
Une telle démarche renforcerait l’autorité personnelle de Xi Jinping au sein du PCC. Toutefois, critiquer un ancien dirigeant dont la faction conserve une influence à ce jour, pourrait également déstabiliser gravement le régime, selon l’analyse de SinoInsider.
