Ant Group, la société mère d’Alibaba et d’Alipay, vient de se voir infliger une amende de près d’un milliard de dollars par les autorités de régulation de l’État. Il reste à voir si l’enfant chéri de l’ancien homme le plus riche de Chine, Jack Ma, peut surmonter ce coup ou si le prodige chinois se retirera.
Jusqu’à présent, l’histoire d’Ant Group a été marquée par un retournement de situation spectaculaire. Alors que son introduction en bourse de 37 milliards de dollars sur les marchés de Shanghai et de Hong Kong en 2020 avait valorisé la société à 315 milliards de dollars, un rachat d’actions annoncé samedi l’a valorisée à 78,5 milliards de dollars, soit 75 % de moins.
Au cours des deux dernières années, Ant Group, la société mère d’entreprises très rentables telles qu’Alibaba et Alipay, a fait tout ce qui était en son pouvoir pour satisfaire les régulateurs gouvernementaux en se soumettant volontairement à un suicide économique et en cachant Jack Ma aux yeux du public mais rien n’a pu freiner la volonté d’élagage des dirigeants communistes.
Tout a commencé en octobre 2020, quelques jours avant l’introduction en bourse prévue d’Ant Group et l’émission d’actions correspondante, lorsque Jack Ma s’est exprimé et a qualifié la surenchère réglementaire du gouvernement, déjà omniprésente à l’époque, de « mentalité de prêteur sur gages », comme une aversion au risque.
Cette remarque a eu un coût important car, quelque temps plus tard, le PCC a tracé une ligne épaisse à travers ce qui allait marquer le plus grand lancement d’introduction en bourse de l’histoire mondiale, entraînant une perte de revenus pour Jack Ma et ses consorts, se chiffrant en milliards.
Récemment, une amende de près d’un milliard de dollars pour violation de la réglementation boursière, créée à posteriori à cette fin, est venue s’ajouter à cela.
L’annonce par Ant Group, le samedi 8 juillet, d’une offre de rachat de 7,6 % de sa participation devrait permettre à certains investisseurs de se retirer.
Les analystes ont déclaré que le lancement d’un rachat d’actions et l’annonce antérieure par Ant Group que Jack Ma céderait le contrôle du géant chinois de la fintech indiquaient que la possibilité d’une introduction en bourse à court terme était peu probable.
Tous les espoirs d’Ant Group reposent désormais sur l’obtention d’un permis de holding financier, qui est essentiel pour relancer une nouvelle licence de marché boursier, mais selon les réglementations du marché intérieur chinois des actions A, il faudra attendre trois ans si jamais cela se produit en cas de changement dans l’appareil de contrôle.
Pour une deuxième licence, Ant Group attend d’obtenir celle d’une société d’évaluation du crédit personnel. La banque centrale chinoise a déclaré en novembre 2021 qu’elle avait accepté la demande de création de Qiantang Credit Rating, une coentreprise d’évaluation de crédit personnel dont Ant Group devrait détenir 35 %.
Relation amour-haine
Le gouvernement chinois a toujours entretenu une relation d’amour-haine avec les méga-entreprises et les magnats qui les dirigent.
D’une part, les grandes entreprises technologiques sont à l’origine de la croissance exponentielle et sans précédent de l’économie chinoise au cours des dernières décennies, avec toutes les recettes fiscales et le poids de la Chine sur la scène géopolitique mondiale qui en découlent.
D’un autre côté, les bureaucrates du PCC ont toujours craint une trop grande marge de manœuvre et l’indépendance des différents acteurs du marché.
Certains analystes affirment que Jack Ma et ses semblables ont dû faire la dure expérience d’être devenus trop grands.
Une autre théorie est que le PCC veut confisquer Ant Group pour accéder aux données privées de près d’un milliard d’utilisateurs en Chine et à l’étranger, afin de perfectionner le système de crédit social déjà mis en place en Chine et de resserrer son emprise sur l’individu, l’homme libre.
Rédacteur FettyAdler
Collaborateur Jo Ann
Source : Beijing Disciplines Jack Ma’s Ant Group With $1 Billion Fine
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