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Chine. Plan de relance de la natalité en Chine et colère des citoyens

ACTUALITÉ > Chine

Trois des régions les plus performantes en matière de planning familial, enregistrent un déclin démographique

Le taux de natalité en Chine continentale en 2020 est tombé à son plus bas niveau depuis la fondation du Parti communiste en 1949. (Image : wawawoo / Pixabay)

La Commission nationale chinoise de la santé a proposé récemment un programme pilote pour une politique globale de contrôle des naissances dans la région du Nord-Est de la Chine, dont la population est en déclin. La nouvelle a immédiatement suscité un débat civil féroce, en particulier parmi les habitants des trois provinces du Nord-Est, qui se sont exprimés dans ces termes : « La région qui a le mieux réussi en matière de planning familial est maintenant obligée d’avoir à nouveau des enfants : on marche sur la tête, n’est-ce pas ? »

La Chine est sortie de la période du dividende démographique

Le nombre des naissances en Chine continue à diminuer, l’ancien ministre de l’industrie et des technologies de l’information Miao Wei 2020 a précisé qu’en 2020, la Chine était sortie de la période du dividende démographique. En conséquence, le problème du vieillissement est de plus en plus important, ce qui entraîne des difficultés économiques, démographiques, d’emploi et autres. Les trois provinces du Nord-Est sont même en avance sur la nation en matière de vieillissement, avec des taux de natalité qui chutent de plus de 30 % dans certaines régions.

Selon le recensement de 2010, les taux de fécondité dans les provinces de Liaoning, Jilin et Heilongjiang étaient respectivement de 0,74, 0,76 et 0,75, ce qui signifie qu’en moyenne, chaque femme des trois provinces du Nord-Est a moins d’un enfant, ce qui rend le taux de fécondité inférieur à celui de la plupart des régions administratives de Chine, au niveau provincial.

Selon He Yafu, un expert de longue date sur les questions de population et de fertilité, les populations de ces trois provinces sont toutes entrées dans une phase de croissance négative. Le taux d’accroissement naturel de la population de la province du Liaoning en 2019 est de -0,80 pour 1 000 , celui de la province du Jilin est de -0,85 pour 1 000 et celui de la province du Heilongjiang est de -1,01 pour 1 000.

Parmi les 31 provinces et municipalités du pays en 2018, seules quatre d'entre elles ont connu une croissance négative, à l’exception de Pékin, qui regroupe les trois provinces du nord-est. De 2014 à 2019, la population de la province du Heilongjiang a diminué de 817 000 habitants, celle de la province du Jilin de 616 500 habitants et celle de la province du Liaoning de 397 000 habitants.

Par ailleurs, le vieillissement de la population dans ces trois provinces est supérieur à la moyenne nationale et le fonds d’assurance pension est déjà dans l’incapacité de couvrir les dépenses.

Des familles qui ont peur d’avoir des enfants par crainte  « non pas de donner naissance mais de ne pas  pouvoir les élever ». (Image : GM S / Pixabay)
Des familles qui craignent d'avoir des enfants « non pas de donner naissance mais de ne pas pouvoir les élever ». (Image : GM S / Pixabay)

Un plan de « fécondité globale » pour résoudre les problèmes démographiques du Nord-Est et un débat passionné au sein de la population

En conséquence, la Commission nationale chinoise de la santé a de nouveau proposé, le 18 février dernier, un programme pilote pour « prendre l’initiative d’une libéralisation complète des restrictions de naissance de la population dans le nord-est ».

Il est rapporté que le programme a été proposé pour la première fois lors de la cinquième session plénière du 19ème comité central du Parti Communiste Chinois (PCC), qui a également mentionné la mise en œuvre d’une stratégie nationale pour faire face activement au vieillissement de la population.

Lorsque la nouvelle a été annoncée, elle a immédiatement suscité un débat animé au sein du public. De nombreux internautes ont exprimé leur colère en ces termes. « La région qui fait le meilleur travail en matière de planning familial est maintenant obligée d’avoir des enfants, on marche sur la tête, n’est-ce pas ? ». « Y a-t-il moins de gens dans le nord-est à cause des restrictions de naissance ? ». « Le deuxième enfant n’est même pas né, mais le troisième enfant et le quatrième enfant sont déjà planifiés ? ». « Vous ne faites que débiter une plaisanterie de mauvais goût ». « il y a 30 ans, la région du Nord-Est avait le planning familial le plus strict, et l’Etat a ordonné qu'il n'y ait plus de naissance ... Maintenant, les jeunes du Nord-Est s’en vont et vous voulez avoir des enfants dans le Nord-Est ». « Augmenter le taux de fécondité ? Mais les salaires dans le Nord-Est sont si bas ».

Le PCC a une nouvelle fois montré ses mesures officielles pour « maintenir la stabilité » sur Internet. Le Quotidien du peuple, un organe du Comité central du PCC, a publié un éditorial le 20 de ce mois, demandant à l’opinion publique de ne pas sortir les choses de leur contexte, tout en soulignant que les politiques concernées ne sont que des plans, et non des politiques finalisées.

Mais au-delà de l’augmentation du nombre de naissances décrétée dans le cadre d’une politique publique, la Chine ne devrait-elle pas aborder la notion traditionnelle de famille et de son rôle au sein d’une société et d’un pays ? (Image : Joyce Liu / Pixabay)
Mais au-delà de l’augmentation du nombre de naissances décrétée dans le cadre d’une politique publique, la Chine ne devrait-elle pas aborder la notion traditionnelle de famille et son rôle au sein d’une société et d’un pays ? (Image : Joyce Liu / Pixabay)

L’effondrement historique des naissances en Chine

La Chine est actuellement confrontée à un grave problème de vieillissement de la population. Le monde entier peut se demander si le nouveau plan de relance des naissances peut réellement résoudre le problème de l’insuffisance de fécondité.

En fait, afin d’augmenter le taux de fertilité, la Chine continentale a proposé différentes politiques qui ont été mises en œuvre le 28 décembre 2013 et le 1er janvier 2016 respectivement. Toutefois, depuis la mise en œuvre de la politique « globale pour deux enfants », le taux de fécondité a diminué au lieu d’augmenter. Selon le National Name Report de l 2020, publié par le Centre de recherche sur la gestion des ménages du ministère de la Sécurité publique, la Chine n’a enregistré que 10,035 millions de naissances en 2020, soit une baisse de plus de 1,7 million par rapport à 2019.

À la fin de l’année dernière, les médias chinois ont cité un certain nombre d’universitaires étudiant la population et l’économie, qui ont déclaré que la raison la plus directe du manque de volonté du peuple chinois d’avoir un deuxième enfant est le coût accru de l’accouchement, mais aussi le logement, l’éducation, les soins médicaux, les coûts des pensions et le prix à payer pour les femmes, car elles apprécient de plus en plus de travailler.

Liang Jianzhang, professeur à la Guanghua School of Management de l’université de Pékin, a également averti que « l’effondrement démographique de la Chine est déjà là, et si le taux de fécondité ne peut être augmenté de manière significative, le taux de natalité va s’effondrer au plus bas ».

Il convient de mentionner que l’agence de presse officielle Xinhua a également publié précédemment un article sur son microblog officiel, Xinhua Viewpoint, disant que non seulement dans le nord-est, mais aussi dans tout le pays, il y a des familles qui ont peur d’avoir des enfants par crainte « non pas de donner naissance mais de ne pas pouvoir les élever ».

Mais au-delà de l’augmentation du nombre de naissances décrétée dans le cadre d’une politique publique, ou même encore du coût économique à supporter par une famille, la Chine ne devrait-elle pas aborder la notion traditionnelle de famille et de son rôle au sein d’une société et d’un pays ?

Rédacteur Charlotte Clémence

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