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Chine. Quel sera l’impact sur le régime communiste chinois des suppressions massives dans la fonction publique ?

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Récemment, il a été révélé que certaines provinces et villes de Chine continentale souffraient de graves déficits en raison de l’impact sévère de la récession économique, qui a entraîné l’incapacité des finances locales à joindre les deux bouts. Les gouvernements locaux ont commencé à retirer des salaires et des postes de fonctionnaires afin de réduire les dépenses. Quel sera l’impact des réductions massives de la fonction publique sur le régime communiste chinois ? Dans cette interview, le Dr Xie Tian, professeur titulaire à l’Aiken School of Business Administration de l’université de Caroline du Sud, examine l’impact sur le régime communiste chinois.

Les collectivités locales chinoises sont toutes endettées, le fardeau qui pèse sur la population est lourd

Selon un rapport récent des médias chinois, au cours du premier trimestre, les collectivités locales chinoises ont émis plus de 2 000 milliards de yuans d’obligations, et elles sont en grave déficit financier, au risque de s’effondrer et de faire faillite. Certains internautes ont révélé que le gouvernement de Tianjin avait fait faillite, avec un taux d’endettement de 500 %.

En réponse, Xie Tian a indiqué : « J’ai aussi vu un chiffre qui indique que le taux d’endettement de chaque province chinoise était ajusté économiquement en 2021. Le taux d’endettement de Tianjin a atteint 529 %, ce qui correspond en fait au taux d’endettement corrigé des variations saisonnières, et le taux d’endettement réel était encore plus élevé. La deuxième ville est Chongqing, avec un taux de 394 %. Sur plus de 30 provinces et régions autonomes en Chine, environ 10 ont un taux d’endettement supérieur à 300 %, et seulement 10 ont un taux inférieur à 200 %. Ce ratio d’endettement est très effrayant, le problème est vraiment grave. Et nous ne voyons aucun signe d’amélioration à l’heure actuelle. Par exemple, les collectivités locales qui dépendaient autrefois de l’immobilier pour leurs recettes de vente de terrains n’y comptent même plus aujourd’hui. Je pense que la situation actuelle pourrait être pire ».

Un nombre colossal des fonctionnaires mieux payés que la population ordinaire : un maillon de la machine dictatoriale pro régime communiste

Le gouvernement communiste chinois n’a pas annoncé clairement le nombre de fonctionnaires en Chine. Toutefois, certains chiffres non officiels de 2022 indiquent que le nombre de fonctionnaires en Chine s’élève à 7,1 millions. Si l’on ajoute le personnel qui est géré comme des fonctionnaires, ceux qui travaillent dans les centres de services du parti et de la communauté, ceux qui travaillent dans les syndicats et les fédérations de femmes, etc… le total est de 51 millions. Si l’on inclut également le personnel retraité, le nombre de fonctionnaires payés par le Trésor chinois s’élève à plus de 80 millions. Un internaute a publié un jour dans une communauté en ligne que « les dépenses de la Chine pour nourrir les fonctionnaires représentent plus de 40 % de ses recettes fiscales ».

Xie Tian a souligné : « Nous pouvons voir que le Parti communiste chinois a en fait accordé aux fonctionnaires une énorme augmentation de salaire, en leur offrant des salaires élevés, des avantages importants et des cantines gouvernementales où ils peuvent très bien manger pour deux yuans (30 centimes d’euro). Pour le Chinois moyen, un salaire mensuel plus élevé, de bons avantages et une bonne nourriture satisfont de nombreuses personnes qui vont soutenir le gouvernement du Parti communiste chinois (PCC). Le PCC maintient donc un grand nombre de fonctionnaires à des salaires élevés dans le cadre du fonctionnement de sa machine dictatoriale ».

Parallèlement, nous constatons que la proportion de fonctionnaires en Chine (PCC) est la plus élevée de l’histoire du monde. Le fardeau qui pèse sur les citoyens ordinaires de la Chine est donc également très lourd. À vrai dire, ce système pléthorique du Parti communiste chinois est en place depuis longtemps. Je me souviens du temps où nous étudiions à l’université de Pékin, quelqu’un a dit avec sarcasme qu’il y avait neuf vice-présidents à l’université de Pékin, ce que l’on appelle « quand les neuf dragons règnent sur le monde, il y a la sécheresse ». Dans de nombreuses provinces, villes et comtés chinois, il y a souvent plus d’une douzaine de postes de maires adjoints au sein d’une même commune.

Dans le passé, la bulle économique de l’immobilier en Chine ne cessait de croître, le PCC continuait à dépenser de l’argent et certains investisseurs étrangers continuaient à investir dans le PCC, de sorte que les dirigeants continuaient à mener la belle vie et à gagner de l’argent sur le dos des Chinois ordinaires, de sorte qu’ils pouvaient encore se maintenir au pouvoir. Aujourd’hui, les Chinois n’ont plus d’argent, et de nombreux jeunes nés après les années 90, sont restés inactifs. Il n’y a plus de poireaux à récolter pour le PCC selon un dicton chinois, et il n’y a plus de fonds étrangers, il est donc impossible d’assurer la pérennité du PCC.

Un grand nombre d’emplois de la fonction publique ont été supprimés dans plusieurs provinces et régions chinoises

Xie Tian poursuit son analyse : « Il y a quelque temps, lorsque l’économie allait mal, le Parti communiste chinois n’a pas osé toucher aux fonctionnaires, car c’est la base de son régime. Tout au plus, certaines primes et avantages des fonctionnaires ont été supprimés ou réduits. Dans un pays ou une société normale, le nombre de fonctionnaires est immédiatement réduit en cas de déficit budgétaire. Le Parti communiste chinois n’a jamais osé réduire le nombre de fonctionnaires, mais il semble désormais évident que le PCC ne peut plus tenir et n’a plus d’argent, il doit donc supprimer des fonctionnaires ».

Je pense que cela pourrait avoir un impact très important, mais bien sûr nous ne l’avons pas encore vu parce que cela ne fait que commencer. Pourquoi le Parti communiste chinois n’a-t-il pas osé licencier les fonctionnaires auparavant ? Je pense que tout a commencé avec les manifestations de Tian’anmen.

Nous savons qu’à l’époque, il s’agissait d’un mouvement étudiant contre la corruption et pour la démocratie. Il a commencé avec les étudiants de Pékin, mais s’est ensuite étendu aux étudiants des universités et des collèges de tout le pays, puis de nombreux travailleurs et fonctionnaires, y compris le personnel des ministères, sont descendus dans la rue. Je me souviens que les notes d’un responsable du Parti communiste chinois ont mentionné plus tard que les fonctionnaires étaient descendus dans la rue à la grande surprise des autorités communistes chinoises. Celles-ci estimaient en effet que ces fonctionnaires faisaient partie de leur système gouvernemental, de leur propre cercle. Si les fonctionnaires s’y opposaient, cela ébranlerait les fondements du pouvoir du PCC. 

Les fonctionnaires font partie de l’appareil dictatorial du Parti communiste chinois

Hu Xijin, ancien rédacteur en chef du Global Times, aurait affirmé en ligne que plus de deux millions de fonctionnaires sur les quelque sept millions que compte le pays sont des policiers, soit un tiers du total, ce qui a suscité une frénésie de débats en ligne.

En réponse, Xie Tian a confié : « Je n’ai pas examiné attentivement les chiffres annoncés par cette personne. Mais nous savons que le budget du PCC pour la répression interne provient des dépenses du PCC pour le maintien de la stabilité. Le coût du maintien de la stabilité sous le PCC dépasse depuis longtemps le coût de l’armée. Je ne suis donc pas surpris qu’un tiers des fonctionnaires soient des policiers. La Chine est désormais une société policière. Par exemple, il existe toutes sortes de moyens pour maintenir la stabilité, comme la surveillance étroite, la police temporaire, la police urbaine et les Da Bai (personne revêtue de combinaison blanche chargée de faire respecter le confinement en Chine) d’il y a quelque temps, de sorte qu’il n’y a pas seulement des policiers, mais aussi des para-policiers et des semi-policiers. »

Xie Tian a poursuivi : « Les fonctionnaires sont une partie très importante de la machine autoritaire du Parti communiste chinois, les vis de la machine directoriale. Si ces vis commencent à se desserrer, ce sera un grand danger caché pour le système du PCC. En effet, ces fonctionnaires connaissent très bien le fonctionnement interne du PCC et ses coulisses. Lorsqu’ils faisaient partie du système du PCC, ils pouvaient bénéficier d’un traitement spécial et ne se souciaient pas des difficultés de la population. Aujourd’hui, alors que leurs salaires ont été soudainement réduits, ou qu’elles ont même été licenciées, au point de ne plus pouvoir bénéficier d’un buffet somptueux à 2 Yuan (30 centimes d’euros) à midi, ces personnes reviennent dans le monde des personnes ordinaires pour commencer à comprendre la détresse du peuple et rejoindre plus tard les manifestations similaires au mouvement du papier blanc ou au mouvement des cheveux blancs ».

Lorsque les fonctionnaires se lèvent, le système du PCC commence à s’effondrer

Xie Tian conclut : « Les fonctionnaires sont des partisans inconditionnels du PCC. Si la réduction des salaires est appliquée, ou même si certains établissements commencent à licencier, la loyauté et le soutien des fonctionnaires à l’égard du PCC seront très durement touchés. Bien sûr, nous devons attendre de voir quel type de postes de fonctionnaires sera supprimé par le PCC et qu’elle sera l’ampleur de la réduction des salaires. Si la situation devait s’amplifier, je pense que cela déclencherait une forte réaction.

Étant donné qu’ils sont des initiés, s’ils commencent à s’opposer au PCC, l’effet sera stupéfiant. Comme je l’ai dit plus haut, le PCC a appris une leçon le 4 juin 1989, il craignait que les personnes en son sein ne commencent à s’opposer à lui. Aujourd’hui, lorsque le PCC doit renvoyer ces personnes internes, il craint qu’elles ne se retournent contre lui. C’est comme si vous embauchiez un individu pour s’occuper de votre maison, vous devez payer pour cela, et si vous ne le faites pas, cet homme vous accordera-t-il sa loyauté ? ».

Rédacteur Yi Ming

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