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Chine. Le ralentissement de l’économie chinoise devrait se poursuivre en 2022

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Le 17 janvier, le Bureau national des statistiques de Chine (NBS) a rendu public son bilan annuel, annonçant que l’économie chinoise a connu une croissance de 8,1 % par rapport à 2021.

Une ventilation des données montre toutefois que l’économie chinoise se détériore et se dirige vers davantage de difficultés cette année. La croissance du quatrième trimestre de 2021 n’a été que de 4 %. Les données trimestrielles (+ 18,3 % au T1, + 7,9 % au T2, + 4,9 % au T3) reflètent une nette décélération. Les investissements et la consommation, deux des moteurs de croissance de la « troïka » chinoise, ont également montré des signes de faiblesse.

Investissements

Les investissements en actifs fixes de la Chine (hors ménages ruraux) ont augmenté de 4,9 % de janvier à décembre 2021, atteignant 54 455 milliards de yuans. Cependant, la croissance des investissements a nettement diminué tout au long de l’année, passant d’une augmentation de 35 % pendant la période de janvier-février à moins de 10 % à partir d’août.

Le ralentissement de l’économie chinoise devrait se poursuivre en 2022
Immeubles résidentiels construits par Evergrande dans la nouvelle zone de Pingyuan, à Yuanyang. (Image : wikimedia / Windmemories / CC BY-SA 4.0)

L’un des principaux facteurs de la baisse des investissements serait dû à la crise d’Evergrande et aux problèmes d’endettement croissants du grand secteur immobilier chinois dans son ensemble. Les investissements immobiliers n’ont augmenté que de 4,4 % sur l’ensemble de l’année, contre 38,3 % au cours de la période janvier-février. Les ventes de logements commerciaux n’ont également augmenté que de 4,8 % sur l’ensemble de l’année, alors qu’elles avaient progressé de 133,4 % début 2021.

Les investissements sont sur une trajectoire descendante en Chine, et semblent promis à de nouvelles baisses en 2022, car la crise financière s’étend avec l’aggravation de la dette du secteur immobilier et la baisse des ventes de biens immobiliers. Cela a entraîné une diminution des achats de terrains et une contraction des recettes des administrations locales, contraignant ces dernières à réduire les salaires des fonctionnaires, les primes et d’autres avantages. À moins d’un improbable changement de circonstances, ce cercle vicieux va se poursuivre, avec des conséquences désastreuses.

La détérioration de l’économie chinoise et les mesures de répression réglementaires pourraient également affecter les investissements extérieurs. En août 2021, le conglomérat japonais SoftBank a annoncé qu’il suspendait ses investissements en Chine face aux incertitudes réglementaires dans le pays. Pékin avait ciblé les géants chinois de la technologie comme Didi Chuxing et Ant Group, ainsi que les cours privés et l’industrie des jeux vidéo. En novembre, SoftBank a fait état de pertes d’actifs nets d’environ 54 milliards de dollars sur trois mois en raison des mesures réglementaires prises en Chine.

Consommation

Les données du NBS ont montré que les ventes au détail ont augmenté de 12,5 % par rapport à 2021, pour atteindre 44 082 milliards de yuans. Toutefois, comme dans le cas des investissements, la croissance des ventes au détail a plongé tout au long de l’année, passant de plus de 30 % au début de l’année à sa plus faible progression en juillet, en dessous de 5 % en août et de 1,7 % en décembre.

Plusieurs facteurs expliquent la baisse constante des chiffres de la consommation. Tout d’abord, la politique « zéro Covid » de Xi Jinping fait que les entreprises ont du mal à rester ouvertes. Environ 4,37 millions de petites et moyennes entreprises (PME) ont fermé définitivement leurs portes au cours des 11 premiers mois de 2021, soit plus de trois fois le nombre d’entreprises nouvellement enregistrées au cours de la même période. Les entreprises privées représentent les trois cinquièmes de la production et les quatre cinquièmes de l’emploi urbain en Chine. Les fermetures et les suspensions d’entreprises ont affecté les emplois et les salaires, ce qui a impacté la capacité de consommation des Chinois.

Le ralentissement de l’économie chinoise devrait se poursuivre en 2022
Une visiteuse de la Grande Muraille de Chine arborant un masque facial. (Image : wikimedia / Xrzt / CC BY-SA 4.0)

La politique « zéro Covid » de Pékin a également affecté le trafic des voyageurs, autre composante cruciale de la consommation. L’indice des services de transport en Chine (CTSI) s’est établi à 85,3 points en décembre 2021, soit une baisse de 30,1 % en glissement annuel et une baisse moyenne de 28 % sur deux ans. Le mois de novembre a connu le plus faible trafic de voyageurs de l’année, avec 71,7 points, soit une baisse de 43,5 % par rapport à l’année précédente.

La consommation a été affectée par la hausse rapide de l’inflation. Officiellement, l’indice des prix à la consommation en Chine a augmenté de 0,9 % en 2021, le prix du porc étant le principal responsable (-30,3 %). Cependant, les citoyens chinois se sont plaints de l’inflation tout au long de l’année, sur les médias sociaux, avec un degré de gravité variable selon les endroits. Par ailleurs, la différence de près de 10 % entre l’indice des prix à la consommation et l’indice des prix à la production (10,3 %) indique que les prix diminuent à un rythme inférieur à celui de la hausse des coûts de fabrication, ce qui reflète la diminution du pouvoir de consommation.

Parmi les autres facteurs affectant la consommation, citons la popularité croissante du « flatisme » (attitude considérée comme une protestation silencieuse contre l’injustice), chez les jeunes, ainsi que les mesures de répression réglementaires entraînant des licenciements, et la diminution de la population. Selon les derniers chiffres du NBS, il n’y a eu que 10,62 millions de naissances en Chine en 2021, soit une baisse de 11,5 % par rapport à 2020 et un niveau record de 7,52 naissances pour mille. Avec un taux de mortalité national de 7,18 pour mille, le taux de croissance de la population chinoise n’était que de 0,34 pour mille, des chiffres sombres pour un régime qui entreprend une campagne désespérée pour désamorcer la bombe à retardement démographique.

Le ralentissement de l’économie chinoise devrait se poursuivre en 2022
Photographie Aérienne du port de Lianyungang. (Image : wikimedia / David290 / CC BY-SA 4.0)

Le seul point positif de la « troïka » des moteurs de croissance de la Chine a été les exportations. Les exportations ont augmenté de 21,2 % en 2021 pour atteindre 217,348 billions de yuans, tandis que l’excédent commercial de 43,687 billions de yuans était le plus élevé depuis 2015. La principale raison du bilan positif des chiffres relatifs aux exportations chinoises est la demande croissante de produits manufacturés dans les pays occidentaux, couplée à la réduction des capacités de production mondiales, notamment dans des pays comme l’Inde et le Vietnam, en raison de la pandémie de coronavirus.

Le Parti communiste chinois (PCC) n’a toutefois pas profité autant qu’il l’aurait dû de cette situation. Les fluctuations et les différences de taux de change (le renminbi s’est apprécié de 2,62 % en 2021), la flambée des prix de l’énergie et des produits de base, ainsi que les taux de fret et les blocages portuaires ont eu un impact sur les exportations en 2021. La situation devrait s’aggraver en 2022 tant que les politiques de lutte contre la pandémie seront en place. En outre, les petites et moyennes entreprises chinoises hésitent de plus en plus à accepter des commandes, de peur de subir des pertes toujours plus importantes. Beaucoup acceptent des commandes à perte pour éviter de perdre des clients et conserver de futurs canaux commerciaux.

Sept défis

La récente rhétorique du PCC trahit sa grande inquiétude concernant l’économie chinoise et laisse présager des temps difficiles.

En décembre dernier, l’agence de presse Xinhua, porte-parole de l’État, a mentionné le mot « stabilité » 25 fois dans son rapport de la Conférence centrale sur le travail économique. La réunion a souligné que le travail économique en 2022 devrait être « stable, régulier et progressif » et que tous les départements devraient assumer la responsabilité de préserver la « stabilité macroéconomique ».

Le 16 janvier, le secrétaire général de la Commission centrale des affaires politiques et juridiques, Chen Yixin, a averti que les pressions extérieures constituaient l’un des « sept » défis auxquels le régime devra faire face cette année. Chen Yixin a décrit l’environnement inflationniste mondial comme une « pression externe majeure », les risques de sécurité politique comme des « dangers cachés majeurs » et les risques économiques et financiers comme des « risques majeurs avec des retombées ».

Rédacteur Fetty Adler

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