Crise démographique en Chine : selon les statistiques officielles chinoises, l’indice synthétique de fécondité (ISF) n’était que de 1,3 enfant par femme en 2020, soit un peu plus de la moitié de l’ISF de 2,1 nécessaire au maintien ou à la croissance d’une population. Selon d’autres estimations, l’ISF chinois serait encore plus bas, à 1,16. (Image : Fusheng Hong / pixabay)
Lors d’une réunion de la nouvelle Commission centrale des affaires financières et économiques (CFEAC) du Parti communiste chinois (PCC), les participants se sont penchés sur la manière de maintenir une population de « haute qualité », tout en développant un « système industriel moderne », une question pertinente compte tenu de la crise démographique en Chine.
La réunion du vingtième comité central du PCC, qui s’est tenue le vendredi 5 mai, était présidée par Xi Jinping, qui a souligné que l’économie devait être guidée par les politiques centrales du Parti. Il a ajouté que la démographie était essentielle au « grand rajeunissement de la nation chinoise » et que la « qualité globale » de la population devait être améliorée.
Grave crise démographique
Selon les statistiques officielles chinoises, l’indice synthétique de fécondité (ISF) n’était que de 1,3 enfant par femme en 2020, soit un peu plus de la moitié de l’ISF de 2,1 nécessaire au maintien ou à la croissance d’une population. Selon d’autres estimations, l’ISF chinois serait encore plus bas, à 1,16.
En outre, l’industrialisation et l’urbanisation rapides que la Chine a connues depuis les années 1980, ainsi que la politique mal conçue de l’enfant unique du PCC, signifient qu’au lieu de diminuer progressivement, le taux de fécondité de la Chine est passé de plusieurs enfants par femme à son niveau actuel le plus bas, en moins de deux générations.
Cela signifie que les nouvelles générations de Chinois seront beaucoup moins nombreuses que celles qui sont nées avant la politique de l’enfant unique et l’ère du développement économique rapide. Ces anciennes générations se retirent graduellement de la population active.
Selon les statistiques officielles, l’Inde a récemment dépassé la Chine pour devenir le pays le plus peuplé du monde.
La réunion du CEFAC a appelé le régime du PCC à remédier à la crise démographique et à la pénurie de naissances en prenant des mesures pour maintenir un « taux de fécondité modéré », sans préciser de chiffres. Elle a également recommandé de fournir davantage d’aide sociale aux futurs parents, de trouver des moyens de « stabiliser » la main-d’œuvre en « améliorant l’efficacité » de l’utilisation des ressources humaines et de mettre en œuvre des politiques visant à soutenir la population âgée croissante.
Susciter l’optimisme malgré le déclin de la population
Des idées telles que « l’optimisation de la structure économique régionale et du système spatial national » et « le maintien de la sécurité de la population » sont également apparues dans les rapports des médias d’État sur la réunion des dirigeants du PCC.
Selon le cabinet de conseil en risques politiques SinoInsider, qui suit l’évolution de la politique de l’élite chinoise, les annonces du régime concernant le maintien d’une population de « haute qualité » sont destinées à « couvrir les erreurs de ses politiques démographiques antinatalistes des dernières décennies ».
En mettant l’accent sur la « qualité », le PCC pourrait également vouloir susciter l’optimisme quant à la poursuite des progrès malgré le déclin de la population, écrivent les analystes dans une lettre d’information datée du 11 mai.
« Toutefois, nous pensons que les gouvernements central et locaux ont une capacité financière très limitée pour soutenir une campagne pro-nataliste », a écrit SinoInsider.
La réunion de travail de la CFEAC s’inscrit dans le droit fil de la politique de la Chine communiste, qui s’appuie sur des campagnes de masse et des directives grandioses dans l’espoir d’obtenir un certain effet, tout en renforçant le contrôle du Parti.
Des paroles vagues, des actions maladroites et irresponsables
Parmi les exemples récents, citons la politique ruineuse du « zéro Covid », qui a enfermé des centaines de millions de personnes chez elles, entraînant une détresse psychologique généralisée, des dommages économiques et de nombreuses catastrophes humanitaires : telles que des personnes mourant de faim dans leur appartement ou incapables d’échapper à des bâtiments en flammes.
Pendant et après le « zéro Covid », le PCC a insisté sur la nécessité d’assurer la « sécurité alimentaire », ce qui s’est traduit par des mesures radicales, souvent absurdes, obligeant les agriculteurs et les autorités locales à reconvertir des terres, y compris des parcs, à la culture céréalière.
Lors de la réunion, Xi Jinping et d’autres hauts fonctionnaires ont également abordé la question du développement industriel de la Chine. La réunion a conclu que l’industrie chinoise devait éviter de se comparer constamment à celle des pays plus développés, ne pas rechercher aveuglément ce qui est « grand et étranger », et que des mesures devaient être prises pour réduire la dépendance à l’égard des importations étrangères.
En outre, la réunion a mis en garde contre l’abandon ou la négligence des secteurs « bas de gamme » ou « à forte intensité de main-d’œuvre », et a salué le rôle des « entrepreneurs exceptionnels » et des « grands artisans ».
SinoInsider écrit que la réunion de la CFEAC et les détails qui y ont été soulevés reflètent les préoccupations du PCC concernant la crise économique et démographique. Autre préoccupation du PCC: la détérioration des relations avec les États-Unis et d’autres pays occidentaux.
La volonté de construire un « système industriel moderne » ressemble à une initiative pour répondre à la migration des chaînes d’approvisionnement en dehors de la Chine. Ce serait aussi une réponse à la pression croissante exercée sur les chaînes de fabrication et d’approvisionnement de la République populaire de Chine (RPC) par la « guerre technologique », la « guerre commerciale », le découplage sélectif et les stratégies de « délocalisation amicale » poursuivies par les États-Unis et leurs alliés, a écrit SinoInsider dans son bulletin d’information.
Parallèlement, les déclarations des dirigeants du PCC sur le rôle des industries « bas de gamme », des entrepreneurs et des artisans semblent avoir pour but de rassurer ces publics sur le fait que « le gouvernement central les apprécie toujours et apprécie leurs contributions au régime », selon SinoInsider.
