Shanghai, surnommée la « ville démoniaque » ces dernières années, a récemment fait l’objet d’une attention particulière en raison de l’épidémie. Dernièrement, on a appris que Zhu Weiping, directrice du département de contrôle des maladies infectieuses et de gestion de la désinfection du Centre de contrôle et de prévention des maladies de Pudong, a fait savoir dans un enregistrement que « le système médical de Shanghai est paralysé », « parce que la prévention des épidémies par les autorités a déraillé, les " catastrophes secondaires " de la prévention drastique sont désormais bien plus importantes que le virus », et « les autorités poussent de force à une politique de « zéro Covid », faisant de l’épidémie de Shanghai une « maladie politique ».
Qui dispose de vrais résultats du test PCR, la Commission de la santé ou le Centre de contrôle et de prévention des maladies ?
Le 2 avril dernier, un enregistrement de 20 minutes d’une plainte a été publié sur Internet en Chine. Dans l’enregistrement, un Shanghaien appelle le Centre de contrôle et de prévention des maladies de Shanghai pour signaler que son père a subi deux tests de PCR les 25 et 27 mars, alors qu’il était en quarantaine à l’Hôtel « Wisdom Rose Hotel », et que le « Health Cloud » d’Alipay a affiché un résultat « négatif » vers 10 heures le matin du 28 avril. Mais à sa grande surprise, le 29 mars, son père a reçu un appel du Centre de contrôle et de prévention des maladies lui indiquant que son test était « positif » et qu’il devait coopérer pour faire une enquête épidémiologique.
Le Shanghaien s’est demandé lequel des deux faisait foi : le Health Cloud ou le Centre de contrôle et de prévention des maladies ? Qui a publié et vérifié les données sur Health Cloud ? Le Centre de contrôle et de prévention des maladies, l’hôpital et Health Cloud sont-ils divisés et ne forment-ils pas une seule entité ? Où peuvent-ils obtenir les résultats de tests ?
La directrice du centre a répondu au téléphone que les résultats des tests communiqués par le Centre de contrôle et de prévention des maladies étaient vrais et que les informations sur Health Cloud étaient fausses, et elle a proposé à l’homme de déposer une plainte auprès du 12345 (service d’assistance téléphonique aux citoyens de Shanghai) contre Health Cloud.
La directrice a ajouté : « Lorsque j’ai vu cette information pour la première fois, je l’ai également trouvée incroyable. Ils disent aux gens que c’est négatif et ensuite ils me demandent de prévenir les gens par téléphone que c’est positif, est-ce que c’est une sorte de connerie ? J’ai eu la même réaction que vous lorsque j’ai vu le message. C’est tout simplement une connerie » …… « Marquer le résultat positif d’une personne comme négatif et ensuite nous demander, au Centre de contrôle et de prévention des maladies, d’informer le public que le résultat est en fait positif. »
Il est important de noter que le « Health Cloud » est une application lancée par la Commission de la santé de Shanghai, en collaboration avec l’entreprise privée Wanda Information. Les propos de la directrice montrent que la Commission de la santé de Shanghai et le Centre de contrôle et de prévention des maladies ne sont pas d’accord l’un avec l’autre dans la communication des résultats des tests, et qu’il y a des problèmes avec le système de statistiques et de notification de l’épidémie à Shanghai.
Après la révélation de l’enregistrement, le Comité de la santé de Pudong a publié un avis le 2 avril, indiquant qu’il attachait une grande importance aux plaintes du public concernant les résultats incorrects des tests sur le « Health Cloud » et qu’il menait actuellement une enquête, mais qu’au moment de la mise sous presse, le responsable n’avait pas donné de comptes rendus raisonnables.
Les personnes asymptomatiques et légèrement malades doivent-elles être isolées à domicile ?
Dans cette plainte, l’homme a également signalé que l’approche officielle de l’accueil et du traitement des personnes infectées asymptomatiques est très mauvaise. Il a également cité l’exemple de sa mère qui s’est avérée être une personne infectée asymptomatique.
Il a fait remarquer que sa mère a été signalée comme personne infectée asymptomatique il y a quinze jours, après quoi elle a passé sept jours à l’hôpital et, il y a quelques jours, elle a été admise dans une chambre de huit personnes, service de pneumologie, du nouveau quartier de Pudong, « seule la nourriture était correcte et il n’y avait pas d’endroit pour prendre une douche, l’environnement était extrêmement mauvais. »
Plus tard, sa mère a été transférée à l’hôpital Zhoupu de Shanghai, mais le transfert a eu lieu à 22 heures cette nuit-là, les gardes de sécurité de l’hôpital ont refusé de la prendre, le directeur de l’hôpital de Zhoupu n’a même pas appelé, et toutes les personnes infectées asymptomatiques sont restées en plein vent, à l’extérieur de l’hôpital pendant deux heures. Plus tard, un nouveau groupe de personnes infectées asymptomatiques a également patienté dehors, dont un groupe de jeunes garçons qui a forcé la porte avant que l’hôpital ne prenne les dispositions nécessaires.
L’homme a exprimé que sa mère était infectée mais asymptomatique. Mais après deux heures passées à l’extérieur, elle a des symptômes maintenant. De plus, son père souffre de trois maladies graves, et maintenant que les résultats du test sont devenus positifs, comment assurer le suivi du traitement et l’accès aux ressources médicales pour son père ?
La directrice lui a répondu en toute honnêteté que les ressources médicales sont désormais très limitées à Shanghai : « Je vous dis aussi, nous manquons cruellement de chambres d’hôpital (à Shanghai), il n’y a plus de place disponible à la station d’isolement, le 120 (centre d’urgence médicale de Shanghai) n’a pas de voiture, c’est un fait. » Elle a également conseillé à l’homme de ramener ses parents chez lui pour s’occuper d’eux, car les hôpitaux locaux de fortune ne disposent d’aucune ressource médicale et ils sont dans un état déplorable.
« L’isolement à domicile des patients asymptomatiques et légèrement malades » est une politique que de nombreux pays ont adoptée pendant la pandémie. Toutefois, en vertu de la politique officielle du Parti communiste chinois (PCC), les cas légers et les cas positifs seront gérés dans un isolement centralisé. Quant aux personnes asymptomatiques, les autorités n’ont pas mentionné si les personnes infectées asymptomatiques devaient être mises en quarantaine de manière centralisée.
Des données visiblement falsifiées sur les épidémies en Chine
Durant cette vague d’épidémie soudaine à Shanghai, le grand public s’est demandé pourquoi le peuple n’a vu aucun rapport officiel de cas asymptomatiques ou légers.
Dans cette conversation enregistrée, l’homme demande également à la responsable du Centre de contrôle et de prévention des maladies de Shanghai s’il peut « jeter un coup d’œil au rapport positif » de ses parents. La directrice dit vaguement : « Alors il devrait être à l’hôpital et ils devraient vous donner un rapport positif, … il n’y a pas de rapports positifs maintenant. »
Hésitant, l’homme a continué : « Alors je ne pourrai pas sortir de l’hôpital si j’y vais ! ». Embarrassée, la directrice lui a répondu : « Donc, quand je vous dis que le 120 (centre d’urgence médicale) est venu pour chercher (votre père), qu’ils vous montrent le rapport, vous lui demandez pourquoi il doit être éloigné alors que le 120 n’a pas de rapport positif comme preuve ? »
L’homme a demandé à nouveau : « Donc, si le 120 ne peut pas fournir un rapport positif, nous n’irons pas, n’est-ce pas ? Il ne peut rien nous faire non plus. » La directrice fait une pause de 5 ou 6 secondes avant de dire : « Vous pouvez le faire… oh, cette question dépasse les compétences de mes fonctions. »
Qui est Zhu Weiping, la directrice du centre ?
Après la révélation de cet enregistrement, certains internautes ont fait des recherches sur Internet et ont découvert que la femme qui a répondu à l’appel enregistré était Zhu Weiping, directrice de la section de contrôle des maladies infectieuses et de gestion de la désinfection au Centre de contrôle et de prévention des maladies de la nouvelle zone de Pudong à Shanghai, qui était également un expert internationalement reconnu en matière de contrôle des maladies à l’époque du SRAS.
Il faut noter que le Shanghaien qui porte plainte, afin de protéger Zhu Weiping, lui avait dit que la conversation était enregistrée et qu’il ne la divulguerait qu’en dernier recours. Zhu Pai Ping a d’abord demandé en retour : « Avant d’enregistrer, avez-vous demandé ma permission ? ». Mais il a ensuite dit : « C’est bon, j’ai déjà abordé (ces questions) avec mes supérieurs. » Lorsque l’homme a dit qu’il n’avait nulle part où se plaindre, Zhu Weiping lui a même suggéré de rendre l’enregistrement public.
Toutefois, l’enregistrement a été rapidement bloqué par les autorités chinoises. Dans le même temps, un document circulant sur Internet, intitulé « Conseils sur le travail du récent service de consultation du public », montre que le Centre de contrôle et de prévention des maladies de Shanghai a ordonné aux services concernés de « répondre aux appels (téléphoniques) d’une manière conforme aux politiques de prévention et de contrôle du pays et de la ville, sans opinions subjectives personnelles ». « Si vous rencontrez un problème auquel vous ne pouvez pas répondre, vous devez transférer l’appel vers un autre service du Centre de contrôle et de prévention des maladies immédiatement. »
Certains analystes estiment qu’il s’agit sans doute d’une mesure d’urgence en réponse à l’incident d’opinion déclenché par l’appel de plainte enregistré et publié.
Cependant, de nombreux internautes chinois ont exprimé leur soutien à Zhu Weiping. Certains utilisateurs de Weibo ont même lancé le sujet « Protéger Zhu Weiping », la comparant à Li Wenliang, le dénonciateur de l’épidémie. Certaines personnes ont commenté : « De Li Wenliang à Zhu Weiping, ils sont l’avenir de la ville, l’espoir de la ville. » D’autres ont dit : « Grâce à elle, je respecte toujours Shanghai. »
Le Zéro Covid, un autre grand bond en avant qui emporte sur la politique antiépidémique scientifique
Face à la prévention extrême de l’épidémie et à la paralysie du système médical qui en résulte à Shanghai, Tang Hao, animateur de l’émission « Crossroads of the World » (世界的十字路口), en a analysé quatre raisons : « Le Parti communiste chinois a falsifié la situation de l’épidémie, trompant ses collaborateurs et la dissimulant au peuple, se trompant lui-même et trompant les autres », « Les dirigeants sont corrompus et profitent de l’occasion pour faire de l’argent avec la catastrophe du pays », « Les autorités communistes chinoises traitent le peuple comme de l’herbe et prennent un contrôle extrême de l’épidémie », « L’esprit de Parti détruit l’humanité et la bureaucratie tue ».
La hiérarchie des fonctions est la source du pouvoir et de toute gloire, fortune et statut. Par conséquent, dans le système communiste chinois, « l’esprit de Parti » prend souvent le pas sur « l’humanité » afin de conserver les fonctions ou les emplois.
Il conclut également que « la campagne de " zéro Covid " de Pékin, à forte connotation politique, ne fera probablement qu’effacer les données, et non le virus, mais qu’elle aura plutôt pour effet d’étendre et d’alimenter le mécontentement public et la résistance contre le PCC, et de déclencher davantage de luttes et de contre-attaques du Parti anti-Xi contre les autorités de Pékin. De ce point de vue, il semble que le Parti communiste tente d’effacer le virus, mais en fait c’est le virus qui anéantit le Parti communiste étape par étape. N’est-ce pas ? »
Rédacteur Yi Ming
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