Après avoir été contraintes de céder leurs terres et leurs logements à des promoteurs chinois, des familles tibétaines protestent contre la faible indemnisation accordée par les entrepreneurs.
Au début du mois d’avril, environ 25 familles ont été informées de l’arrivée d’un homme d’affaires chinois venu saisir leurs terres. Leurs maisons auraient été vendues à leur insu et sans leur permission.
Par le passé, les autorités chinoises ont saisi des terres au Tibet et dans des régions peuplées de Tibétains, proches de provinces chinoises, à des fins d’exploitation minière, agricole et autres. Ces saisies de territoires ont souvent été effectuées en recourant à l’intimidation et en punissant ceux qui s’opposaient à cette approche.
À la suite de cette opération surprise, plusieurs habitants du village de Taktsa, dans le comté de Markham à Chamdo (Changu en chinois), ont protesté le 10 avril contre l’obligation de céder leurs terres, réclamant des compensations. Quatre d’entre eux ont été arrêtés et battus avant d’être finalement relâchés, a déclaré une source anonyme à Radio Free Asia (RFA) Tibetan.
« Les quatre habitants ont été libérés le 16 avril, mais ils ont été battus et torturés pendant leur détention, et l’un d’entre eux a même la joue enflée », a déclaré la source.
Depuis lors, une dizaine de policiers ont été envoyés pour patrouiller dans la zone, gardant un œil sévère sur les habitudes quotidiennes des gens, selon des sources.
Après les manifestations, une réunion a été organisée le 16 avril, au cours de laquelle les autorités ont exposé les détails d’un plan de compensation pour les familles tibétaines touchées. Au moins un représentant de chaque famille a assisté à la réunion.
Les autorités ont interdit aux participants d’apporter leurs téléphones, avertissant les familles de ne pas divulguer d’informations à l’étranger et de ne pas commettre le « crime » de partager la nouvelle de la saisie des terres et des manifestations.
« On leur a dit que les problèmes internes ne pouvaient être résolus qu’en interne », a déclaré un habitant.
« Mais si ces informations n’avaient pas été largement diffusées, il n’aurait jamais été question d’indemnisation, et encore moins de la libération des quatre jeunes hommes qui ont été arrêtés et placés en détention », a ajouté le résident.
Contraints de céder leurs terres en contrepartie d’une somme dérisoire
Selon les autorités chinoises, celles-ci ont accepté de verser à chaque famille 3 000 yuans chinois (415 dollars), une somme qui, selon les habitants, est bien trop faible.
« Les habitants n’étaient pas satisfaits de l’indemnisation et ont rejeté le faible montant », a déclaré une source, qui a également indiqué que les pâturages avaient été confisqués.
Les habitants ont toutefois déclaré que les familles devaient accepter l’indemnisation sans poser de questions, car les conditions n’étaient pas négociables. Toute tentative de s’opposer à ces conditions est passible d’une peine d’emprisonnement.
Un fonctionnaire qui avait fait des affaires avec les entrepreneurs à l’origine de la vente des terres a été arrêté par les autorités et inculpé de corruption pour saisie sans indemnisation, selon une source.
L’emprise de Pékin sur le Tibet
Selon RFA, des confiscations de terres similaires ont été signalées dans le Chamdo ces dernières années et dans certains cas, des Tibétains ont été déplacés de force. La plupart de ces saisies ont été associées à des projets d’exploitation minière et de développement pour le compte de Pékin. Le Chamdo lui-même est une terre riche en ressources, notamment en or, en cuivre et en lithium.
Les habitants ont appelé Pékin à faire preuve d’humanité, mais leurs voix n’ont pas été entendues. En février, des manifestations ont eu lieu dans le comté de Dege, dans la province du Sichuan, pour mettre fin à un projet de barrage chinois sur la rivière Drichu. Des vidéos du comté de Markham montrent des Tibétains implorant la police vêtue de noir.
Un blog populaire en langue tibétaine a également été fermé par le gouvernement chinois, ce qui a provoqué la colère de la communauté tibétaine qui dépendait de son riche contenu en tibétain.
Le 4 mars, le responsable des droits de l’homme des Nations unies, Volker Turk, a encouragé la Chine à tenir compte des recommandations visant à modifier les lois qui « violent les droits fondamentaux », comme l’a rapporté Reuters.
Les Tibétains du monde entier, dont beaucoup sont des exilés, ont partagé leur désir d’un Tibet libre, à l’abri des abus commis par le gouvernement communiste sur leurs familles et leurs amis dans le pays.
Le 10 mars, un grand rassemblement a eu lieu à Toronto, où des manifestants, dont des exilés tibétains, ont célébré le 65ème anniversaire du soulèvement tibétain, appelant à une position unie contre l’emprise draconienne de la Chine sur le Tibet.
Rédaction Fetty Adler
Collaboration Jo Ann
Source : Tibetans Who Sold Their Homes to Chinese Buyers Say Compensation Was Too Low
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