Documentaire sur le Front uni de la Chine, partie 1. (Image : Capture d’écran/ YouTube)
L’influenceur taïwanais des médias sociaux Ba Jiong (八炯) a tout risqué pour exposer les activités obscures du Front uni de la Chine communiste. Son documentaire, China’s United Front : Part I , a été visionné plus de 2,8 millions de fois sur YouTube et a suscité une prise de conscience sur la corruption et la propagande du Parti communiste chinois (PCC).
Le « front uni» (统一战线) fait référence aux efforts déployés par le PCC pour coopter les élites et influencer l’opinion publique. Les tactiques du Front uni ont permis aux forces communistes de remporter la victoire en 1949 lors de la guerre civile chinoise et continuent d’être déployées à l’étranger, Pékin espérant promouvoir ses intérêts à l’échelle mondiale.
Dans un entretien exclusif avec Vision Times, Ba Jiong a expliqué les motivations qui l’ont poussé à créer ce documentaire, le processus dangereux de ce travail et les révélations explosives qu’il a prévues pour la suite.
Lorsque le PCC a vaincu le gouvernement nationaliste chinois sur le continent, ce dernier s’est réfugié sur l’île de Taïwan et a fini par adopter un système démocratique. La Chine communiste, qui considère Taïwan comme une partie légitime de son territoire, effectue non seulement de fréquents exercices militaires pour harceler l’île et ses plus de 20 millions d’habitants, mais consacre également d’importantes ressources aux opérations du Front uni, destinées à rapprocher Taïwan de Pékin.
En plus de fournir des informations récentes sur la manière dont le Front uni du PCC cible les influenceurs des médias sociaux à Taïwan, l’enquête de Ba Jiong a également révélé un détournement flagrant de fonds du Front uni dans la province du Fujian, impliquant des fonctionnaires de haut rang, des dirigeants de banque et des représentants du Front uni.
Dénoncer les opérations du Front uni
Ba Jiong, qui compte plus d’un million d’abonnés sur sa chaîne YouTube Fun TV, a déclaré que la frustration engendrée par les démentis concernant le travail du Front uni de Pékin à Taïwan l’avait en partie motivé à produire ce documentaire. Déterminés à produire des preuves irréfutables, lui et son équipe se sont lancés dans des enquêtes sous couvert à Taïwan et en Chine continentale.
« Tous ceux qui étudient le PCC savent que le Front uni opère depuis des décennies, ciblant non seulement Taïwan, mais aussi les pays occidentaux. Pourtant, personne n’a osé le dénoncer avec des preuves solides. Pourquoi aucun membre des industries taïwanaises de l’art, du divertissement ou du sport ne s’est-il manifesté pour révéler ces offres et ces pots-de-vin » ? s’est-il interrogé.
« Nous espérons que de hauts responsables chinois ou des factions anti-Xi Jinping pourront voir ce film et reconnaître la corruption au Fujian. L’économie s’effondre, mais les fonctionnaires détournent des millions. Un bénéficiaire taïwanais peut recevoir 1 million de RMB, mais les registres indiquent que 5 millions de RMB ont été versés. Où sont passés les 4 millions supplémentaires ? Aux fonctionnaires du Front uni, aux directeurs de banque et aux dirigeants provinciaux. Le peuple chinois supportera cette dette alors que Xi Jinping prétend lutter contre la corruption », a déclaré Ba Jiong.
Attirer, piéger, tuer
Le personnage central du film est Chen Boyuan, un ancien activiste pro-CCP devenu dénonciateur. Autrefois fervent nationaliste pro- PCC, Chen Boyuan a changé de point de vue après avoir été lui-même victime du système judiciaire de la Chine continentale.
J’étais furieux lorsque Chen Boyuan a publié « The Fujian Ship », utilisant le porte-avions chinois pour intimider Taïwan. « Je l’ai attaqué en ligne sans hésiter », se souvient Ba Jiong.
Cependant, après avoir été piégé par le fils d’un haut responsable du PCC, Chen Boyuan a été qualifié de partisan de l’indépendance de Taïwan et a fait l’objet d’un harcèlement judiciaire incessant. Dépouillé de son statut et de sa dignité, Chen Boyuan a commencé à voir clair à travers la façade autoritaire du PCC.
« Il a perdu une affaire judiciaire simplement parce que le fils du fonctionnaire était impliqué. C’est la réalité de la corruption du PCC », explique Ba Jiong. Leur désillusion commune à l’égard du PCC les a amenés à collaborer à la réalisation de ce documentaire novateur.
Dans ce documentaire, Ba Jiong présente et discute de la stratégie du PCC, consistant à « attirer, piéger, tuer ». Grâce à cette tactique, les influenceurs taïwanais des réseaux sociaux sont encouragés à se faire parrainer et à bénéficier d’avantages lucratifs, pour être ensuite contraints de promouvoir des discours pro-Pékin.
« Cela ne me surprend pas après des années de recherche », a déclaré Ba Jiong. « Ce qui a choqué les gens, ce sont les preuves concrètes que nous avons présentées. Nous avons transformé des rumeurs en preuves indéniables ».
La diffusion du documentaire a été un choc pour Pékin. Le bureau des affaires taïwanaises de la Chine continentale a publié des démentis véhéments, tandis que les trolls en ligne pro-CCP ont déclenché une vague de harcèlement à l’encontre des influenceurs taïwanais.
« Cela prouve que notre stratégie a fonctionné : augmenter le coût de la collaboration avec le PCC », a fait remarquer Ba Jiong, notant que de nombreux influenceurs ont reconsidéré leur décision d’accepter des accords pro-Chine.
Franchir le pare-feu
Ba Jiong et son équipe ont également conçu des méthodes innovantes pour contourner la stricte censure de l’internet en Chine. Ils ont stratégiquement déployé des « acteurs amicaux » dans la Chine rurale, qui ont prétendu soutenir le PCC tout en partageant des messages incendiaires qui ont piqué la curiosité des habitants. Une fois engagés, ces individus dirigeaient les utilisateurs vers des contenus non censurés par le biais de messages privés.
« L’étincelle de curiosité peut déclencher une résistance », a expliqué Ba Jiong, détaillant comment les internautes des régions rurales sont souvent les plus sensibles à la propagande du PCC, mais aussi les plus désireux de rechercher des récits alternatifs lorsqu’ils en ont l’occasion.
Un aperçu de la deuxième partie
La suite du documentaire promet d’approfondir encore davantage la question de la corruption du PCC, en mettant l’accent sur la façon dont le système bancaire chinois facilite les crimes financiers sous couvert d’opérations du Front uni. Ba Jiong fait allusion à des révélations choquantes sur le détournement de fonds de citoyens chinois ordinaires.
« Notre objectif est de couper les canaux financiers du PCC », a-t-il déclaré avec fermeté. La sortie du film China’s United Front: Part II est prévue fin décembre 2024, ce qui laisse présager des découvertes encore plus explosives.
Grâce à une enquête courageuse et à son engagement à dénoncer la corruption autoritaire, le documentaire de Ba Jiong a suscité un débat mondial sur les tactiques obscures du PCC. Alors que l’intérêt du public ne cesse de croître, la série témoigne de la résilience des individus prêts à défier un système oppressif. Avec que la deuxième partie se profile à l’horizon, le monde observe attentivement le déroulement de la lutte pour la vérité.
