L’île de Hong Kong, en Chine méridionale, connait une histoire très différente de celle des autres territoires du continent chinois. Des guerres successives ont opposé l’Angleterre à la Chine avant de parvenir à la signature d’un accord entre ces deux nations, en 1898.
Pour concrétiser cette entente, la Chine va concéder au Royaume-Uni un bail de 99 ans, pour la gouvernance de Hong Kong, soit jusqu’en 1997. Ainsi, conformément aux arrangements des deux pays, la Grande Bretagne rétrocède l’île de Hong Kong à la Chine en 1997. La déclaration conjointe fait état d’une condition, connue sous le nom de « un pays, deux systèmes » octroyant à ce territoire nouvellement intégré une période de transition de 50 ans : Hong Kong conserverait jusqu’en 2047, les libertés prévues par son système démocratique spécifique.
Au cours de ces années, son économie va se développer, faisant de l’île un port de commerce, un port militaire et l’un des centres financiers les plus importants, situé au neuvième rang mondial. (Image : pixabay.com / Michel Kwan)
Hong Kong, qui à l’origine n’était qu’un village de pêcheurs et un ancien emplacement de salins, va peu à peu, durant l’occupation britannique, prendre la forme d’une démocratie libérale. Tout au long de cette période, son activité économique va se développer, faisant de cette île un port de commerce, un port militaire et l’un des centres financiers les plus importants, situé au neuvième rang mondial. Actuellement, Hong Kong gère un tiers des capitaux étrangers de la Chine.
Pourquoi les élections au suffrage universel sont-elles si importantes pour les Hongkongais
Près de deux millions de personnes ont manifesté à Hong Kong pour demander la démission de la cheffe de l’exécutif pro-Pékin, Carrie Lam et l’élection au suffrage universel d’un nouveau chef de l’exécutif.
Précisons que la Loi de Hong Kong applicable après la passation du pouvoir en 1997, stipule, dans les articles 45 et 68 de la Constitution, que le suffrage universel s’applique pour les élections du Chef de l’exécutif et des membres du Gouvernement. Or, actuellement, le Chef de l’exécutif est élu par un comité de 1200 personnes, constitué en majorité par des membres pro-Pékin. Il en est de même pour les élections du Conseil Législatif, dont 40 membres sur 70 sont élus au suffrage universel.
Les pro-démocrates luttent fermement pour que ces deux élections fassent l’objet d’un suffrage universel entier et complet.
Effectivement, pour les Hongkongais, cette mesure détermine leur devenir. La crainte de voir leur pays glisser progressivement vers un régime totalitaire a causé une véritable panique au sein de la population. Les Hongkongais veulent continuer à jouir de leur liberté d’expression et de réunion, absente sur le continent. Bien que faisant partie de la Chine, Hong Kong a sa propre monnaie et dispose de sa propre organisation politique, économique et judiciaire.
Le bâtiment du Parlement de Hong Kong (LEGCO). (Image : Wikimedia / Tksteven / CC BY 3.0)
Les élections sont prévues pour le 24 novembre, cependant le gouvernement n’a toujours pas répondu aux revendications des manifestants, et la Chine a durci sa position face aux violences. Un quotidien affilié au Parti communiste chinois (PCC) informe que les élections locales à Hong Kong pourraient être annulées si les violences continuent.
Pour certains analystes, le fait que le Gouvernement de Xi Jinping ne se soit pas directement impliqué dans ce conflit, serait pour préserver son image internationale, il « préférerait miser sur le pourrissement du mouvement ».
Selon certaines sources, étayées par des vidéos, des policiers et des militaires chinois seraient déjà intervenus pour soutenir la police hongkongaise ; cette information a cependant été démentie par le gouvernement.
Un déferlement de violences qui plonge Hong Kong dans le chaos
Les récents événements ont plongé Hong Kong dans une situation de chaos : la mort d’un étudiant, un opposant brûlé vif, des centaines de blessés… Des policiers tirant à bout portant avec de vraies balles, des manifestants lançant des flèches, des cocktails Molotov et des catapultes sur les policiers, les rues de Hong Kong jonchées de briques, de parpaings, de pavés, de matériaux de chantiers, de barrières Vauban, des voitures incendiées, les espaces publics bloqués et assiégés, et le métro vandalisé…..
Près de deux millions de personnes ont manifesté à Hong Kong pour réclamer la démission de la cheffe de l’exécutif pro-Pékin, Carrie Lam et l’élection au suffrage universel. (Image : Wikimedia / Wpcpey / CC BY-SA 4.0)
En dépit de ces circonstances alarmantes et d’une tension qui s’accroît de jour en jour, les manifestants pro-démocratie restent fermes dans leurs revendications. Ils refusent l’ingérence du PCC dans la gouvernance de l’Île et la soumission de Carrie Lam aux directives données par Pékin. Leurs revendications concernent :
- - La Loi d’extradition vers la Chine, et l’ingérence du PCC dans la justice locale de Hong Kong,
- - Les élections du Chef de l’exécutif suivant les directives de Pékin,
- - La limitation du réseau Internet dans leur région,
- - L’ingérence de la police chinoise dans le conflit Hongkongais,
- - L’interdiction de protéger leur identité lors des manifestations.
La violence connait une escalade grandissante. La police a utilisé des canons projetant un liquide bleu vif sur les manifestants pro-démocratie, afin de pouvoir les identifier par la suite. Le 18 novembre la police a tenté de déloger le bastion de la contestation, retranché dans l’Université des Sciences Politiques, et les violentes échauffourées ont entraîné de multiples blessures dans les deux camps.
Toutefois, la cheffe de l’exécutif Carrie Lam, maintient un discours de fermeté face à la presse : « S’il y avait la moindre illusion, qu’avec l’escalade de la violence, le gouvernement de la région administrative spéciale de Hongkong finirait par céder à la pression et aux soi-disant demandes politiques (des manifestants), je le déclare ici haut et fort : cela ne se produira pas »
Les avocats vêtus de noir lors de la marche silencieuse du 6 juin 2019. (Image : Wikiledia / Iris Tong)
Le conflit a généré une crise profonde, exempte de dialogue, et où aucun des antagonistes n’est prêt à céder.
Des vidéos, circulant sur les réseaux sociaux, montrent des scènes de représailles indignes des forces de police, et que le gouvernement ne condamne pas.
Une question hante les esprits : Faut-il craindre un nouveau Tiananmen à Hong Kong ? Wu Qiang, ancien professeur de l’Université Tsinghua à Pékin, constate que depuis 1989 les autorités chinoises ont modifié leur technique de maintien de l’ordre. « La répression de Tiananmen a été une grande leçon pour le PCC », a-t-il affirmé, selon l’AFP. Il a précisé encore que « Le régime chinois n’a pas l’expérience des opérations antiémeutes dans une société libre, il reste en phase d’apprentissage », selon la même source. C’est pour cela qu’il fait intervenir la milice chinoise sous l’uniforme de la police de Hong-Kong, pour que cela ne semble pas être un déploiement officiel. En fait la préoccupation majeure du PCC est « d’empêcher que la situation de Hong Kong ne se propage en Chine », a expliqué Wu Qiang. C’est une réelle crainte de la part des autorités chinoises.
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