Les membres d’un groupe de l’Armée populaire de libération lors d’une cérémonie marquant le 100ème anniversaire du Parti communiste le 1er juillet 2021 sur la place Tiananmen à Pékin, en Chine. (Image : Capture d’écran / X)
Lors d’une récente cérémonie commémorant le 130ème anniversaire de la naissance de Mao Zedong, le dirigeant chinois Xi Jinping a proclamé que la réunification avec Taïwan était une cause « inévitable et juste ».
Cet événement unique, qui s’est tenu le mardi 26 décembre au Grand Hall du Peuple sur la place Tiananmen, a servi non seulement à rendre hommage à l’influence durable de Mao Zedong, mais aussi à réaffirmer l’objectif du Parti communiste chinois (PCC) d’absorber Taïwan, pays indépendante de facto qui a échappé à l’autorité du PCC à la suite de la guerre civile chinoise.
Dans son discours, Xi Jinping a souligné l’impact du président Mao Zedong, qui a dirigé le PCC des années 1930 jusqu’à sa mort en 1976, supervisant la prise de contrôle de la Chine continentale en 1949 et responsable de la mort de dizaines de millions de personnes en raison de la famine, de la rébellion et de la répression politique.
Xi Jinping a déclaré que la philosophie politique de Mao Zedong, était un « trésor spirituel » qui continuerait à guider la Chine.
Sous la conduite de Xi Jinping, les membres du comité permanent du Politburo, le groupe de sept personnes qui dirige le PCC, ont rendu hommage au mausolée de Mao Zedong, en s’inclinant trois fois devant la statue de marbre, dans un geste symbolique de révérence et d’engagement.
Le président chinois Xi Jinping fait un discours à l’occasion du 100ème anniversaire du Parti communiste chinois. Place Tiananmen, Pékin, 01 juillet 2021. (Image : Capture d’écran / X)
La réunification avec Taïwan est nécessaire
« Notre patrie doit être réunifiée et elle le sera sûrement », a déclaré Xi Jinping lors de son discours, tout en soulignant sa position inébranlable sur la question de de la réunification avec Taïwan. Il a ajouté : « (Nous) nous opposons fermement à toute personne qui utiliserait des moyens pour séparer Taïwan de la Chine ».
Cette déclaration, qui intervient à un moment crucial, puisque les élections générales de Taïwan sont prévues pour le 13 janvier, a mis Pékin en état d’alerte face aux positions indépendantistes de plusieurs candidats en lice pour la présidence. Officiellement connue sous le nom de République de Chine (ROC), Taïwan a préservé son indépendance de facto et son autonomie, son gouvernement dirigeait autrefois l’ensemble de la Chine avant que les rebelles communistes ne prennent le dessus sur le continent en 1949.
Le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Kevin McCarthy), s’entretient avec la présidente de Taïwan, TsaiIng-wen, lors de son arrivée à une réunion bipartisane à la bibliothèque présidentielle Ronald Reagan à Simi Valley, en Californie, le 5 avril 2023. (Image : wikimedia / Office of U.S. House Speaker / Domaine public)
Toutefois, le PCC considère tout soutien ou reconnaissance de Taïwan comme une remise en cause directe de sa souveraineté et de son intégrité territoriale. C’est pourquoi il menace depuis longtemps d’utiliser la force militaire et d’autres moyens nécessaires pour reprendre l’île autonome et la réunir à la Chine continentale. Le PCC exige également que tous les pays qui souhaitent entretenir des relations diplomatiques avec la Chine rompent d’abord tout lien avec Taïwan, conformément à son principe d’une seule Chine.
Ces dernières années, Pékin a intensifié ses activités militaires autour de l’île et redoublé d’efforts pour isoler davantage Taïwan du reste du monde sur le plan diplomatique.
La cérémonie et le discours interviennent à un moment où la Chine évolue dans un paysage international complexe, caractérisé par des tensions accrues avec l’Occident et une économie nationale en perte de vitesse qui affecte ses secteurs immobilier et bancaire.
L’accent mis par Xi Jinping sur le renforcement du PCC pour diriger les efforts de modernisation de la Chine reflète son engagement à maintenir la pertinence du parti face à ces défis. « Nous devons travailler pour permettre à notre parti d’adhérer à sa mission originale, de maintenir sa vitalité et sa vigueur, et de s’assurer que notre parti ne dégénère jamais, ne change jamais de couleur et ne perde jamais sa saveur », a-t-il déclaré lors de son discours.
Lors de son discours, Xi Jinping a également abordé le concept de « modernisation à la chinoise » (中国式现代化), un terme largement utilisé par les médias contrôlés par l’État pour décrire la voie à suivre par la Chine sous sa direction. Il a opposé ce modèle à la modernisation occidentale en le présentant comme une « toute nouvelle forme de civilisation humaine », supérieure aux autres structures gouvernementales.
Le Premier ministre de L’Inde Shri Narendra Modi, et le président de la République populaire de Chine, Xi Jinping, au musée provincial du Hubei, à Wuhan, en Chine, le 27 avril 2018. (Image : wikimedia / Prime Minister’s Office (GODL-India), GODL-India / CC0 1.0)
Outre la cérémonie de Pékin, des dizaines d’hommages ont été rendus dans tout le pays, notamment à Shaoshan, la ville natale de Mao Zedong, dans la province du Hunan, et à Jinggngshan, une ville de la province du Jiangxi connue pour être le « berceau de la révolution communiste ».
Un héritage de cruauté et de mort
L’héritage de Mao Zedong en Chine est profondément complexe et controversé. Il est marqué à la fois par son rôle de dirigeant et par celui d’architecte de politiques qui ont entraîné des troubles et des souffrances à grande échelle. Son long mandat, en particulier pendant le Grand Bond en avant et la Révolution culturelle, a été caractérisé par des expériences sociales et économiques radicales qui ont eu des conséquences catastrophiques.
La révolution culturelle, lancée par Mao Zedong en 1966, a plongé la Chine dans une décennie de bouleversements sociaux et politiques. Alors qu’il visait à renforcer l’idéologie communiste en éliminant les éléments de la culture traditionnelle et capitaliste, le mouvement s’est transformé en une période d’abus généralisés et d’effusions de sang.
Pendant cette période, les intellectuels, les ennemis politiques présumés et d’innombrables citoyens ordinaires ont été pris pour cible et persécutés par les autorités communistes. La chasse aux sorcières s’est traduite par des violences, des humiliations et la destruction de nombreuses reliques, d’anciennes structures et de l’héritage culturel. Cette époque a également été marquée par un effondrement de l’ordre social qui a laissé de profondes cicatrices psychologiques et physiques dans la société chinoise, cicatrices qui perdurent encore aujourd’hui.
