Une photo d’archive d’un exercice de la marine communiste chinoise. (Image : Ministère de la Défense de Nouvelle-Zélande)
Le Parti communiste chinois (PCC) ne cesse d’attaquer et d’intimider Taïwan, et l’on craint que le PCC ne lance une invasion militaire de Taïwan. Yu Maochun, ancien conseiller en chef pour la politique chinoise au département d’État américain et directeur du China Center de la Hoover Institution, a récemment écrit un article analysant la « fausse guerre » des autorités de Pékin contre Taïwan et ses véritables intentions.
Dans un récent article paru dans le Taipei Times, un quotidien taïwanais de langue anglaise, Yu Maochun a relaté que : « Les provocations et les remous constants du PCC dans le détroit de Taïwan visent en fait à promouvoir une lutte globale contre les États-Unis, le leader des démocraties capitalistes du monde ». « Toutes les crises majeures dans le détroit de Taïwan ont été provoquées par le Parti communiste chinois pour promouvoir cette grande stratégie contre les États-Unis », a-t-il ajouté.
Jiang Zemin s’était publiquement vanté que « sur la question de Taïwan, nos deux exercices militaires dans le détroit de Taïwan ont dissuadé le gouvernement américain, ainsi que d’autres pays ». (Image : wikimedia / Domaine public)
Les prémices de plusieurs crises dans le détroit de Taïwan au cours de l’histoire
Il a cité les prémices de plusieurs crises dans le détroit de Taïwan au cours de l’histoire. La première remonte à l’époque de Mao Zedong, lorsque, pour protester contre le débarquement des marines américains au Liban et pour contrer le « révisionnisme marxiste » et le « capitalisme contre-révolutionnaire » du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev contre l’empire américain et ses actions au Moyen-Orient : « En août 1958, Mao Zedong a lancé un bombardement à l’artillerie lourde sur Kinmen et Matsu, ce qui a amené le monde au bord de la guerre nucléaire à cause de la crise dans le détroit de Taïwan ».
Mais le médecin personnel de Mao Zedong, Li Zhisui, a écrit dans ses mémoires que : « c’était le défi de Mao aux tentatives de Khrouchtchev d’apaiser les tensions entre l’Union soviétique et les États-Unis …… ». Pour Mao Zedong, le bombardement de Kinmen et de Matsu n’était qu’un spectacle, une façon de faire comprendre à Nikita Khrouchtchev et au président Eisenhower qu’ils ne pouvaient pas enchaîner la Chine, et que « la Chine n’est pas un pays en voie de développement ». Mais aussi une façon de miner la recherche d’une nouvelle paix par Nikita Khrouchtchev. « Le jeu était un pari terrible, avec la menace mondiale d’une guerre atomique qui pouvait coûter la vie à des millions de Chinois innocents. »
Entre 1995 et 1996, le PCC a de nouveau créé une autre crise dans le détroit de Taïwan, en tirant des missiles près de Taïwan : ce qui, selon Yu Maochun, visait à intimider les électeurs taïwanais, mais surtout à menacer les États-Unis. Dans la foulée, le secrétaire général du PCC, Jiang Zemin, s’était publiquement vanté que « sur la question de Taïwan, nos deux exercices militaires dans le détroit de Taïwan ont dissuadé le gouvernement américain, ainsi que d’autres pays ».
Les dirigeants du PCC, de Mao Zedong à Xi Jinping, sont engagés dans une vision du renversement du capitalisme mondial
Yu Maochun a précisé que la ruse du PCC, qui se poursuit à ce jour, « est conçue pour maximiser les tensions dans le détroit de Taïwan et contraindre les dirigeants américains, perçus comme faibles et indécis, à coopérer avec Pékin selon les conditions du PCC ». La tentative consiste à forcer les États-Unis à abandonner leur détermination à soutenir un Taïwan libre, souverain et démocratique et à saper le prestige et le leadership des États-Unis dans le monde.
Yu Maochun a expliqué que le Parti communiste chinois croit en l’idéologie du marxisme-léninisme. Tous les dirigeants du PCC, de Mao Zedong à Xi Jinping, sont engagés sans réserve dans cette vision du renversement du capitalisme mondial. Et les États-Unis sont le leader mondial du système capitaliste. Pour cette seule raison, ils sont considérés comme l’ennemi juré du PCC. Pékin ne peut pas non plus tolérer que les États-Unis considèrent Taïwan comme un allié et un partenaire.
Yu Maochun a mentionné que le PCC menait une « fausse guerre » contre Taïwan, comme contre un adversaire imaginaire au nom d’une illusion. Dans cette « fausse guerre », bon nombre des fausses prémisses avancées par le PCC sont indéfendables. Par exemple, Taïwan n’a jamais fait partie de la République populaire de Chine. Depuis 1949, pas un seul centimètre carré de Taïwan n’a été placé sous la juridiction administrative ou le contrôle souverain du régime communiste chinois.
Depuis 1949, pas un seul centimètre carré de Taïwan n’a été placé sous la juridiction administrative ou le contrôle souverain du régime communiste chinois. (Image : wikimedia / Domaine public)
Taïwan n’a jamais fait partie de la République populaire de Chine
En ce qui concerne les critiques constantes de Pékin à l’encontre des « éléments indépendantistes de Taïwan », Yu Maochun a déclaré qu’il s’agissait simplement d’une diversion des autorités de Pékin et qu’aucune personnalité politique de premier plan à Taïwan ne prône actuellement l’indépendance. Tous les dirigeants politiques taïwanais actuels, qu’il s’agisse du Parti démocratique progressiste (DPP) ou du Kuomintang (KMT), tentent de maintenir le statu quo.
Yu Maochun a également souligné que l’incohérence et l’opportunisme du PCC ont rendu sa « fausse guerre » contre Taïwan encore plus trompeuse. Il a essayé de créer une fausse perception de la restitution des territoires perdus à leurs propriétaires légitimes.
En fait, le régime du PCC a souvent été négligent et opportuniste en ce qui concerne le territoire réel de la Chine. Il suffit de comparer les cartes de la Chine publiées en 1949, lors de l’instauration du régime communiste, avec les cartes actuelles pour s’en convaincre.
Depuis 1949, le gouvernement de Pékin a volontairement cédé des territoires chinois à des pays tels que l’Union soviétique, la Mongolie et la Birmanie, qui, ensemble, sont des dizaines de fois plus grands que Taïwan. « Si l’intégrité territoriale de la Chine était la principale préoccupation du PCC, il ne l’aurait jamais fait », a relaté Yu Maochun.
Alors que le PCC prétend que l’occupation de Taïwan est un principe absolu et s’oppose à la solution « une Chine, un Taïwan » pour résoudre le différend entre les deux rives du détroit, les autorités de Pékin ont reconnu la politique sud-coréenne « One Pyongyang, One Séoul » en 1992, et ont également reconnu l’Allemagne de l’Ouest tout en maintenant des relations officielles avec l’Union européenne. Elles ont également maintenu des relations officielles avec l’Allemagne de l’Est tout en reconnaissant l’Allemagne de l’Ouest.
Yu Maochun a souligné qu’il est clair que le Parti communiste chinois a toujours été opportuniste dans les affaires étrangères, plutôt que d’être guidé par des principes.
Rédacteur Jean-Baptiste Adrien-Clotaire
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