Le projet de loi Bioéthique est actuellement en première lecture au Sénat et ce, du 21 janvier au 4 février 2020. C’est fondamentalement « une vision du vivant, du statut de l’homme et de la famille qui est actuellement en préparation pour les années à venir », a laissé entendre une sénatrice.
De nombreuses manifestations continuent d’accompagner ce projet de loi. Elles portent tout autant sur la nouvelle vision de la famille, qui se profile, que sur les droits de la personne et son consentement, notamment dans le domaine du don d’organes et de l’esprit du don, exposés dans le chapitre premier du projet de Loi : « Conforter la solidarité dans le cadre du don d’organes, de tissus et de cellules »
Pourquoi des manifestations contre le tourisme de transplantation
Au cours des différentes manifestations qui accompagnent ce projet de Loi, un thème a très peu été évoqué dans les médias, il s’agit de la prévention du tourisme du transplantation d’organes.
De manière à éclairer ce débat et sa démarche, l’association Falun Dafa France a organisé, ce jeudi 23 janvier, devant le Sénat, une manifestation pacifique.
Alain Tong, président de l’association, avait ainsi invité Fiorella Luna, représentante nationale de l’association ETAC, Coalition internationale pour mettre fin aux abus des transplantations en Chine et Géraldine King, de l’ONG DAFOH, Docteurs contre les prélèvements forcés d’organes.
Au cours de son discours le président de l’Association Falun Dafa France a tenu à rappeler que : « Le rapporteur spécial des Nations Unies a confirmé les rumeurs de prélèvements d’organes sur des pratiquants de Falun Gong vivants et non-consentants, et a déclaré que " Le prélèvement d’organes a été pratiqué sur un grand nombre de pratiquants de Falun Gong non consentants, dans une multitude d’endroits, de façon à ce que les organes soient disponibles sur les lieux de transplantation ". Plusieurs enquêtes internationales indépendantes ont depuis tenté de quantifier le nombre de prélèvements forcés d’organes en Chine. Elles estiment à plusieurs dizaines de milliers par an le nombre de ces prélèvements. C’est devenu un commerce international qui s’enrichit au dépend de la vie de dizaines de milliers d’innocents »
Les discours de Fiorella Luna et Géraldine King ont permis de clarifier les conditions du tourisme de transplantation d’organes.
« Depuis 10 ans, des victimes innocentes, principalement des pratiquants de Falun Gong, mais aussi des Ouïghours, des Tibétains et des Chrétiens sont victimes de la plus terrible des pratiques, jamais réalisée par un gouvernement, et plus grave que la torture.., la pratique macabre de prélèvements forcés d’organes », a affirmé Mme Luna en propos liminaire.
Fiorella Luna, représentante nationale de l’association ETAC, Coalition internationale pour mettre fin aux abus des transplantations en Chine, s’est exprimée sur l’enquête concernant les prélèvements forcés d’organes, le 23 janvier 2020 à Paris : « Des avocats des droits de l’homme et des journalistes ont enquêté. Ils ont révélé le résultat de ces recherches au monde entier… le meurtre de milliers de personnes emprisonnées à cause de leur croyance ». (Image : Vision Times)
Géraldine King a précisé que : « DAFOH est une ONG internationale de médecins et paramédicaux basée à Washington qui, depuis 2007, dénonce les abus de dons et de transplantation d’organes non-éthiques à travers le monde. Depuis plus de 10 ans nous nous concentrons sur la Chine, le seul pays au monde où une organisation étatique centralisée est à l’origine d’un tourisme de transplantation d’organes provenant de prisonniers de conscience non consentants. Les preuves amenées et rapportées à ce jour sont nombreuses et différentes lois en ont découlé dans le monde entier».
« Notre association a été à l’initiative de la constitution du China Tribunal, un tribunal populaire indépendant, qui après plus d’un an d’auditions et d’analyse de preuves, a déterminé avec certitude que cette pratique de prélèvement forcé d’organes, organisée par le gouvernement chinois, existe depuis 1999 et continue à se produire encore aujourd’hui. », a déclaré Fiorella Luna.
Elle a ajouté que : « Des avocats des droits de l’homme et des journalistes ont enquêté. Le résultat de leurs recherches a été révélé au monde entier… le meurtre de milliers de personnes emprisonnées à cause de leur croyance. Ces meurtres, et la vente d’organes qui s’ensuit, sont, pour le gouvernement chinois, une source de profit servant à remplir les caisses des institutions militaires et hospitalières. Des études affirment que ce commerce rapporterait à la Chine plus d’un milliard d’euros ».
Le vécu d’une Chinoise qui ne peut plus résider en Chine aujourd’hui
Lili Song est une Chinoise qui ne peut plus retourner en Chine. Lors de la manifestation elle a relaté les événements qui l’ont conduite à cette situation.
« J’ai commencé à pratiquer le Falun Gong en 1996 avec ma mère, nous respections les valeurs morales d’authenticité, bienveillance et tolérance et faisions des exercices tous les jours. Nous avons rapidement retrouvé une meilleure santé et notre famille vivait en harmonie. En 1999, lorsque le gouvernement chinois a commencé à persécuter les pratiquants de Falun Gong, je n’avais même pas dix-sept ans. Ma mère a été arrêtée et détenue dans un centre de rééducation, puis au camp de travail forcé. Mon frère et moi avons été renvoyés par nos écoles parce que nous sommes les enfants d’une pratiquante de falun gong et que nous avons refusé de déclarer nous opposer au Falun Gong. »
Lili Song, d’origine chinoise, a relaté les événements qu’elle a personnellement vécus : « Quand ma mère est sortie de prison, j’ai enfin appris ce qu’elle avait subi comme tortures inhumaines ». (Image : Vision Times)
« Quand ma mère est sortie de prison, j’ai enfin appris ce qu’elle avait subi comme tortures inhumaines : frappée, électrocutée, exposée au soleil sur une longue durée, gavée, suspendue pendant longtemps, forcée à se tenir sur la pointe des pieds pour garder son équilibre, sinon, elle risquait d’être blessée par les clous parsemés autour de ses pieds. Cela m’a fait vraiment très mal au cœur », a-t-elle précisé.
Elle a affirmé que : « Pour éviter d’aller en prison, j’ai dû fuir et j’ai parcouru la moitié de la Chine. Car je savais que les jeunes pratiquants de Falun Gong comme moi, risquaient d’être tués pour leurs organes. Début 2018, je ne savais plus où aller. Ce mois-ci, j’ai su qu’un des pratiquants que je connais bien a été kidnappé de nouveau en 2017 et il est toujours incarcéré. Un autre pratiquant du Falun Gong de 45 ans, venait de décéder en prison. D’après les blessures présentes sur son corps, sa famille a soupçonné qu’il avait été tué pour ses organes ».
Elle a conclu en demandant : « Aidez-nous à faire cesser la persécution du Falun Gong en Chine, demandez au gouvernement chinois d’arrêter de tuer les pratiquants du Falun Gong pour voler leurs organes, demandez au gouvernement français de voter une loi interdisant aux citoyens français de se rendre en Chine pour recevoir une greffe d’organe, car ils risquent fort de devenir complices d’un crime, à leur insu. Le prélèvement forcé d’organes est un crime contre l’humanité, condamné par la loi française. Un jour, quand la vérité sera dévoilée, ces patients risqueront de faire face à une responsabilité pénale et aux remords pour le restant de leur vie. Je ne veux pas qu’ils subissent un tel drame dans le futur »
Le président de l’association Falun Dafa France a expliqué, au cours de son discours, ce qu’est le Falun Gong et le contexte de cette persécution en Chine : « Le Falun Gong est une très ancienne méthode issue de la tradition du " qigong ", une méthode traditionnelle chinoise de renforcement et de maîtrise de l’énergie. Il propose des mouvements pour stimuler la circulation de l’énergie, purifier le corps et l’esprit. Il a connu un succès extraordinaire en Chine et est rapidement devenu un phénomène populaire sans précédent. En quelques années, des dizaines de millions de chinois ont commencé à pratiquer cette méthode ».
« En plus de ses très bons effets sur la santé physique, le Falun Gong est aussi une voie de sagesse, éclairée par trois principes fondamentaux : Authenticité, Bonté, Patience – en chinois, " Zhen, Shan, Ren " », a-t-il ajouté.
Alain Tong a affirmé que : « rapidement, le régime communiste s’est inquiété de l’accroissement exponentiel de la popularité du Falun Gong, avec, d’après les estimations du gouvernement chinois lui-même, plus de 70 millions de pratiquants. En juillet 1999, effrayé de ne trouver aucun moyen de contrôle sur le Falun Gong qui restait libre et gratuit, et jaloux de sa popularité, l’ancien président chinois Jiang Zemin a ordonné une répression massive, alimentée par une campagne de diffamation sans précédent. En quelques semaines, le Falun Gong est passé du statut de " Plus grande école de qigong " à celui de " mouvement interdit ". »
« Le rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture a estimé que dans 2/3 des cas de torture en Chine, les victimes sont des pratiquants de Falun Gong. Il a détaillé les méthodes de torture du régime communiste : électrocutions, viols, simulations de noyade, longues expositions à la chaleur ou au froid, privation de sommeil, de nourriture ou d’eau », a-t-il expliqué.
Que faire aujourd’hui en France, pays des droits de l’Homme
Au cours d’une interview accordée à Vision Times, Fiorella Luna et Géraldine King ont précisé les actions menées et à mener pour lutter contre ce tourisme de transplantation.
«Deux sénatrices ont déposé des amendements pour demander qu’un registre de traçabilité des greffes soit créé, pour contrôler le tourisme de transplantation en France», a déclaré Fiorella Luna.
« On entend souvent dire que la France est le " Pays des droits de l’Homme " et je pense que c'est un pays très emblématique. Ce serait un geste symbolique d'adopter ces amendements car cela permettrait de dire à la communauté internationale : Nous, la France, ne voulons pas être les complices du tourisme de transplantation, nous ne voulons pas être les complices de la Chine qui prélève des organes sur les prisonniers de conscience par la force. Cela pourrait permettre de faire cesser la persécution à l’encontre des pratiquants de Falun Gong, mais aussi d’arrêter cette pratique illégale de prélèvement forcé d’organes sur des prisonniers de conscience comme les pratiquants de Falun Gong, les Ouïgours, les Chrétiens, les Tibétains et tous les autres prisonniers actuellement en Chine », a-t-elle ajouté.
Géraldine King de l’ONG DAFOH, Docteurs contre les prélèvements forcés d’organes, a rappelé qu’« il faudrait sensibiliser, par différents moyens, les patients qui sont en attente de greffe, de reins ou d’autres organes », le 23 janvier 2020 à Paris. (Image : Vision Times)
Géraldine King a avancé qu’« il faudrait sensibiliser par différents moyens les patients qui sont en attente de greffe, de reins ou d’autres organes, ce serait certainement possible, d’autant plus que l’on se rend compte que laisser des patients aller se faire greffer dans des pays comme la Chine et accepter un tourisme de transplantation non-éthique, créé des conséquences négatives ».
Elle a conclu son discours en affirmant : « Seule, l’adoption unanime des amendements proposés, la levée des réserves et la pleine ratification en droit français de la Convention du Conseil de l’Europe contre la traite des organes humains, permettront à la France de redevenir un exemple pour l’Europe et le monde ».
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