Xi Jinping, Emmanuel Macron et Ursula Von Der Leyen au premier jour de la visite de trois jours en Chine, le 5 avril. (Image : wikimedia / Photographer: Dati Bendo / Domaine public)
Emmanuel Macron a été choyé par le président Xi Jinping lors de sa visite en Chine. Le président français a appelé à resserrer les liens avec la Chine tout en insistant sur l’indépendance européenne vis-à-vis des Etats-Unis.
Emmanuel Macron, qui voyageait avec une délégation de 50 entreprises, dont Airbus, le géant du luxe LVMH et le producteur d’énergie nucléaire EDF, a annoncé des accords avec la Chine.
Hormis plusieurs contrats d’aviation et de services publics que les Français ont réussi à conclure, il n’y a pas eu beaucoup de progrès sur plusieurs sujets brûlants tels que la guerre persistante en Ukraine, le conflit imminent à Taïwan et la situation déplorable des droits de l’homme sous le régime communiste de Xi Jinping.
Le président français était accompagné d’Ursula Von der Leyen, qui effectuait son premier voyage en Chine depuis sa prise de fonction en tant que présidente de la Commission européenne en 2019.
Le dirigeant chinois Xi Jinping a organisé vendredi une cérémonie du thé pour son homologue français dans le cadre d’un accueil inhabituellement fastueux lors d’une visite d’État, ce que certains analystes considèrent comme un signe de l’offensive croissante de Pékin pour courtiser des alliés critiques au sein de l’Union européenne afin de contrer les États-Unis.
Les efforts de Xi Jinping pour traiter son invité semblent avoir porté leurs fruits. Dès la fin des premiers entretiens informels entre les deux dirigeants, Emmanuel Macron a déclaré à la presse que l’Europe devait maintenir ses liens commerciaux et diplomatiques avec Pékin et renoncer à ce que certains appellent une « spirale inéluctable » de tensions entre la Chine et l’Occident.
Emmanuel Macron a également exhorté son homologue chinois à faire entendre raison au président russe Vladimir Poutine.
« Je sais pouvoir compter sur vous pour ramener la Russie à la raison et tout le monde à la table des négociations », a déclaré Emmanuel Macron lors d’une réunion bilatérale avec Xi Jinping.
Toutefois, l’envoyé français n’avait guère de nouvelles prometteuses à rapporter sur des questions telles que Taïwan, les droits de l’homme et la réticence de la Chine à dénoncer l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Xi Jinping, qui s’est présenté comme un négociateur potentiel entre les parties en conflit, n’a pas cédé à l’allusion subtile d’Emmanuel Macron et a exprimé son espoir que Moscou et Kiev organisent bientôt des pourparlers de paix.
Crise ukrainienne
Il a présenté un plan de paix en 12 points qui propose une désescalade progressive menant à un cessez-le-feu global. Toutefois, l’Occident a résolument refusé ce plan, estimant qu’il ne serait pas impartial, la Chine étant considérée comme trop proche de la Russie, au point de lui livrer des armes, ce que les Chinois ont fermement démenti.
Selon Reuters, citant une source diplomatique française, Emmanuel Macron a exhorté Xi Jinping à ne fournir aucune arme à la Russie, ce à quoi Xi Jinping a répondu que ce n’était pas sa guerre.
Emmanuel Macron a également demandé à Xi Jinping de faire pression sur la Russie pour qu’elle respecte les règles internationales en matière de non-prolifération des armes nucléaires, notamment en ce qui concerne les projets de Vladimir Poutine de stationner des missiles nucléaires « tactiques » dans son pays voisin, la Biélorussie.
Xi Jinping a déclaré que tous les pays devaient respecter tous les traités de non-prolifération des armes nucléaires. Il a également déclaré qu’une « guerre nucléaire ne doit jamais être déclenchée », appelant la communauté internationale à « s’abstenir de toute acte susceptible de conduire à une nouvelle détérioration, ou même à un dérapage de la crise ».
Ursula von der Leyen
Quelques jours avant la visite, Ursula Von der Leyen a indiqué que l’Europe devait « réduire les risques » diplomatiques et économiques face à une Chine qui se durcit.
La présidente de la commission européenne a également dit qu’elle souhaitait savoir si Xi Jinping parlerait de son plan de paix au président ukrainien Volodymyr Zelensky. « Il était intéressant d’entendre le président Xi Jinping réitérer sa volonté de parler à Volodymyr Zelensky », a-t-elle déclaré, ajoutant que Xi Jinping avait fait savoir qu’une telle conversation pourrait avoir lieu lorsque « les conditions et le moment seraient propices ».
La visite des dirigeants européens en Chine intervient après des années de détérioration des liens avec Pékin sur des questions telles que le blocage d’un pacte d’investissement, la réticence de la Chine à condamner la Russie pour son invasion de l’Ukraine et les violations des droits civils au Xinjiang, une situation qu’Ursula Von der Leyen a qualifiée de « particulièrement préoccupante ».
Pour sa part, la Chine a déclaré qu’elle tenait à s’assurer que l’Europe ne suivait pas ce qu’elle considère comme des efforts menés par les États-Unis pour contrecarrer la Chine sur la voie de la prédominance économique et politique.
Ursula Von der Leyen a également fait part de ses préoccupations concernant les tensions dans le détroit de Taïwan, qu’elle juge d’une importance capitale.
Toutefois, les espoirs d’Ursula von der Leyen d’obtenir une certaine reconnaissance ont été rapidement torpillés par Xi Jinping, qui a déclaré que s’attendre à ce que la Chine fasse un compromis sur Taïwan était « un vœu pieux ».
