Suite à la pandémie due à la propagation du virus Covid-19, depuis un an l’école subit une crise sanitaire sans précédent aux répercussions considérables.
Une crise sanitaire qui bouleverse le monde de l’éducation
Sur le site des Nations Unies, la pandémie de Covid-19 est définie comme « un choc sans précédent dans l’histoire, bouleversant la vie de près de 1,6 milliard d’élèves et d’étudiants dans plus de 190 pays sur tous les continents. » 94% des élèves sont concernés par les fermetures des classes selon le constat de l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
Cette perturbation majeure de l’éducation creuse les inégalités. Pour enrayer les effets de la pandémie, l’UNESCO a lancé en mars 2020 la plateforme intitulée « Coalition mondiale de l’éducation » qui vise à garantir la continuité pédagogique pour les apprenants des pays membres.
Le Fonds des Nations unies pour l’enfance soit « United Nations International Children’s Emergency Fund » (UNICEF), agence des Nations Unies et spécialisé dans la protection de l’enfant, soutient les gouvernements. Par exemple, en réponse à la question : « Que fait l’UNICEF en matière d’éducation pendant la crise du coronavirus ? » on peut lire l’information suivante : « En Chine, par exemple, nous publions chaque semaine un programme d’activités que les parents peuvent effectuer avec leurs enfants et nous transmettons des conseils et des recommandations pour le bien-être des enfants ».
La France a maintenu ses écoles ouvertes bien plus longtemps que les pays voisins. (Image : Miloslav Ofúkaný / Pixabay)
Le maintien de l’ouverture des classes : une exception française controversée
Au nom du respect de la continuité pédagogique recommandée par l’UNESCO, la France a maintenu ses écoles ouvertes bien plus longtemps que les pays voisins. Selon un article du journal La Croix publié le 3 mars 2021, « l’historien Claude Lelièvre a ainsi calculé qu’en un an, la France avait fermé ses écoles primaires seulement 10 semaines, au début de la pandémie, contre 15 en Espagne, 19 en Allemagne ».
Ce choix du présentiel au détriment du distanciel « devient une exception française mais il y a tout lieu d’en être fier », disait le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer sur les antennes de France Inter, le 2 mars 2021. La décision de fermer les classes surviendrait en dernier recours seulement, et ceci pour éviter « la catastrophe éducative » causée par la pandémie, poursuivait-il.
De tels propos auraient eu tendance à inquiéter plutôt qu’à convaincre un certain nombre de parents, de soignants et d’enseignants estimant que l’école reste un lieu de propagation du virus. D’aucuns pensent que la décision de fermeture des classes annoncée par le chef de l’État le 31 mars dernier a trop tardé…
La crise sanitaire, révélatrice des faiblesses du système éducatif
Les deux mois de confinement du printemps 2020 ont plongé brusquement les élèves, les parents et les enseignants dans un monde inédit régi par des notions nouvelles telles que « l’école à la maison », « la nation apprenante ».Ces dispositifs ont montré leurs limites et leurs paradoxes. Les insuffisances du ministère de l’Éducation nationale en matière de technologies de la communication, sont apparues avec plus d’acuité en période de confinement. En 2019, un rapport de la Cour des Comptes relevait que « la connexion des écoles et des établissements est encore insuffisante et, dans bien des cas, inexistante ». Concernant les enseignants, il est précisé que « seule une minorité d’enseignants est à l’aise avec une pédagogie s’appuyant sur le numérique ».
Le confinement aurait amplifié les inégalités scolaires et les faiblesses du système éducatif
Le Programme international pour le suivi des acquis (PISA), évaluation organisée tous les trois ans par l’organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), laissait apparaître en 2018 que la France comptait parmi « les pays les plus inégalitaires ». Une publication de France Info datant du 3 décembre 2019 le rappelle. Le score obtenu par les élèves français se situait au-dessus de la moyenne mais comme pour les années précédentes, les résultats restaient fortement liés à l’origine sociale. La pandémie n’aura fait qu’aggraver la fracture à la fois numérique et sociale préexistante.
Par ailleurs, dans la revue Recherches et Éducations publiée en juillet 2020, Sylvain Wagnon, historien, professeur en sciences de l’éducation à l’université de Montpellier rapporte que : « À la fin du mois de mars le ministre de l’Éducation nationale chiffrait entre 5 et 8 % le décrochage d’élèves depuis le début du confinement, soit moins d’un million sur les 12 millions de scolarisés ».
Dans le même temps, la société de pédiatrie française alertée par une augmentation de niveau d’anxiété chez de très jeunes patients a mis en garde contre les effets du confinement de la fermeture des classes.
L’école représente le premier ciment social et le lieu d’épanouissement privilégié pour l’individu. (Image : 14995841 / Pixabay)
Perspectives pour l’école de demain
Cependant la situation de crise a suscité de profondes réflexions permettant d’entrevoir des perspectives réelles. Compte tenu des diverses expériences menées sur le plan pédagogique, des spécialistes de l’éducation proposent les pistes suivantes :
- pérenniser et moderniser les outils numériques pour une logique éducative,
- favoriser la concertation entre le ministère et les associations de parents d’élèves et les enseignants,
- montrer aux parents et aux enfants que l’école est le premier ciment social et le lieu d’épanouissement privilégié pour l’individu,
- établir de nouvelles relations entre les parents, les élèves et les enseignants pour créer une véritable base de coéducation.
L’école, face à une crise sanitaire sans précédent, gagnerait à garder foi en l’avenir. Avec de nouvelles approches se dessinent probablement les contours de l’école de demain.
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