Des personnes cherchent des survivants parmi les débris d’une maison détruite par le tremblement de terre dans le district de Zinda Jan, à Herat, en Afghanistan, le 8 octobre 2023. (Image : wikimedia / VOA / Domaine public)
Plus de deux mille personnes auraient perdu la vie lors du tremblement de terre dans la province d’Herat, dans l’ouest de l’Afghanistan, a annoncé l’administration talibane le 7 octobre. Il s’agit du bilan le plus meurtrier dans ce pays montagneux sujet aux tremblements de terre depuis des années.
Des milliers de personnes se sont retrouvées sans abri et sans ressources, certaines souffrant de pneumonie en raison du froid et de l’absence d’abris adéquats, ne serait-ce que des tentes.
Les tremblements de terre de samedi dans l’ouest du pays ont frappé à 35 km au nord-ouest de la ville d’Herat, avec une magnitude de 6,3, a déclaré l’institut géologique des États-Unis (USGS).
« Tous les membres de ma famille étaient sous les décombres. Je n’ai pu sortir vivantes des décombres que ma femme et ma fille. L’une de mes filles est morte ici, l’autre là-bas, et une école pour enfants a été entièrement détruite », a déclaré un survivant identifié comme Ahmad.
Il a ajouté qu’il n’y avait aucun moyen pour les survivants de passer l’hiver sans tentes.
« Dans certains villages voisins, des cadavres sont encore sous les décombres, ils n’ont pas encore pu sortir les corps, certaines personnes ont des tentes, d’autres non, je n’ai pas de tente, nous ne pouvons pas passer l’hiver ici ».
Recherche de victimes du tremblement de terre dans la province d’Herat. (Image : wikimedia / Voice of America / Domaine public)
Effort de redressement dans la province d’Herat après le tremblement de terre du 7 octobre 2023. (Image : wikimedia / Voice of America / Domaine public)
D’autres sont encore plus mal lotis
« Je n’ai plus de vie, nous étions sept membres d’une même famille. Je suis le seul survivant, mes deux fils sont revenus d’Iran avec leurs épouses, ils sont tous morts. Je n’ai plus de vie, il serait bon que vous me tuiez aussi, l’hiver arrive, dites-moi comment je pourrais survivre », a déclaré à la presse Lal Mohammad, une victime éplorée.
Un autre tremblement de terre important a secoué Herat le 11 octobre (mercredi), faisant d’autres morts et blessés.
Un survivant du tremblement de terre, Naeemullah Fedaee, a déclaré que huit membres de sa famille sont morts et que d’autres ont été blessés à la suite du tremblement de terre. Il a ajouté que les 200 maisons se trouvant dans le village de Naib Rafi ont presque toutes été détruites.
Les récents tremblements de terre en Afghanistan sont parmi les plus meurtriers au monde cette année, après les tremblements de terre qui ont frappé la Turquie et la Syrie, faisant environ 50 000 morts en février.
Janan Sayeeq, porte-parole du ministère de la gestion des catastrophes, a déclaré dans un message adressé à Reuters, que le bilan s’élevait à 2 445 morts, mais il a revu à la baisse le nombre de blessés, qui s’élèverait à « plus de 2 000 ». Plus tôt, il avait déclaré que 9 240 personnes avaient été blessées.
Janan Sayeeq a également indiqué que 1 320 maisons avaient été endommagées ou détruites. Le nombre de morts a augmenté par rapport aux 500 signalés plus tôt le dimanche par le Croissant-Rouge.
Dix équipes de secours se trouvent dans la région, qui borde l’Iran, a déclaré Janan Sayeeq lors d’une conférence de presse.
Plus de 200 morts ont été transportés dans divers hôpitaux, a déclaré un responsable du département de la santé de Herat, qui s’est identifié comme le Dr Danish, ajoutant que la plupart d’entre eux étaient des femmes et des enfants.
Les corps ont été « transportés dans plusieurs endroits - bases militaires, hôpitaux », a déclaré le docteur Danish.
Des lits ont été installés à l’extérieur de l’hôpital principal d’Herat pour accueillir l’afflux de victimes, comme le montrent des photos diffusées sur les réseaux sociaux.
L’aide afflue
Suhail Shaheen, chef du bureau politique des talibans au Qatar, a déclaré dans un message aux médias qu’il était urgent de fournir de la nourriture, de l’eau potable, des médicaments, des vêtements et des tentes pour les opérations de secours et d’assistance.
« Ils souffrent de pneumonie parce qu’ils travaillent le jour et que les nuits sont froides ici, certains ont aussi des maux de gorge et d’autres n’ont pas de tentes, ils sont donc confrontés à ces problèmes », a déclaré Abdul Razaq, un travailleur médical de la Société afghane du Croissant-Rouge. Les survivants du tremblement de terre faisaient également la queue pour recevoir des colis d’aide dans le district de Zinda Jan à Herat.
L’Union européenne s’est engagée à verser 3,5 millions d’euros (3,71 millions de dollars) au titre de l’aide humanitaire d’urgence, selon une déclaration dans un communiqué, ajoutant une nouvelle allocation aux 2,5 millions d’euros qui seront mis à la disposition des partenaires humanitaires menant déjà des opérations de secours sur le terrain.
Le communiqué précise que cette nouvelle aide s’ajoute aux 89 millions d’euros d’aide humanitaire déjà alloués en 2023 aux organisations humanitaires en Afghanistan.
Les minarets médiévaux d’Herat ont subi quelques dégâts, comme le montrent des photos diffusées sur les médias sociaux, avec des fissures visibles sur les édifices et des tuiles manquantes .
Entouré de montagnes, l’Afghanistan a toujours connu de forts tremblements de terre, souvent dans la région accidentée de l’HinduKush, à la frontière avec le Pakistan.
Le nombre de morts augmente souvent lorsque des informations parviennent des régions les plus reculées d’un pays où des décennies de guerre ont laissé les infrastructures en ruine et les opérations de secours et d’assistance difficiles à organiser.
Scène de destruction dans la province d’Herat après le tremblement de terre du 7 octobre 2023. (Image : wikimedia / Voice of America / Domaine public)
Le système de santé afghan, qui dépend presque entièrement de l’aide étrangère, a subi des restrictions budgétaires paralysantes au cours des deux années qui ont suivi la prise du pouvoir par les talibans et l’interruption d’une grande partie de l’aide internationale, qui constituait l’épine dorsale de l’économie.
Le Pakistan, l’Iran et la Chine se sont engagés à envoyer de la nourriture, des couvertures, des médicaments, des tentes et des fonds.
Le premier ministre pakistanais, Anwar ul Haq Kakar, a déclaré que Kaboul avait spécifiquement demandé des équipes médicales, des hôpitaux de campagne, des tentes et des couvertures, ajoutant que tous les articles demandés avaient été expédiés lundi après-midi et que d’autres secours suivraient.
Les diplomates et les responsables de l’aide humanitaire affirment que les inquiétudes suscitées par les restrictions imposées par les talibans aux femmes et les crises humanitaires mondiales concurrentes incitent les donateurs à réduire leur aide financière. Le gouvernement islamiste a ordonné à la plupart des femmes afghanes travaillant dans l’aide humanitaire de ne pas travailler, avec toutefois des exemptions dans les domaines de la santé et de l’éducation.
En août, un porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge a déclaré qu’il mettrait probablement fin à son soutien financier à 25 hôpitaux afghans en raison de contraintes financières. Il n’a pas été possible de savoir si l’hôpital d’Herat figurait sur cette liste.
Les tremblements de terre ont semé la panique à Herat, a déclaré Naseema, une habitante.
« Les gens ont quitté leur maison, nous sommes tous dans la rue », a-t-elle écrit dans un message texte envoyé à Reuters samedi, ajoutant que la ville ressentait des répliques.
La province d’Herat compte au total 202 établissements de santé publique, dont l’un est le principal hôpital régional où 500 blessés ont été transportés, a indiqué l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un rapport publié dimanche.
La grande majorité des établissements sont de petits centres de santé basiques et des problèmes logistiques entravent les opérations, en particulier dans les zones reculées, a précisé l’OMS.
« Alors que les opérations de recherche et de sauvetage se poursuivent, les victimes dans ces zones n’ont pas encore été complètement identifiées », a déclaré l’OMS.
