Le 5 avril, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué que près d’une personne sur quatre en Afrique souffre de la faim, alors que le pays est confronté à la pire crise alimentaire depuis 2017.
Alors que l’aide humanitaire a été renforcée pour venir en aide aux personnes dans le besoin, plusieurs facteurs ont contribué à affamer des millions de personnes.
Un continent frappé par la faim
Quelque 346 millions de personnes en Afrique sont en situation d’« insécurité alimentaire grave », faisant face à la pire crise connue depuis 2017, selon Reuters.
Entre 2015 et 2022, le nombre de personnes nécessitant une assistance alimentaire en Afrique de l’Ouest est passé de 7 millions à 27 millions. L’année précédente, environ 286 millions de personnes étaient confrontées à des problèmes de faim sur le continent. L’Organisation des Nations unies (ONU) a également estimé que 6,3 millions d’enfants, tous âgés de moins d’un an, souffriront de « malnutrition aiguë » d’ici la fin de l’année.
En raison de cette situation alarmante, onze grandes organisations internationales, incluant Oxfam, ALIMA et Save the Children, ont émis une alerte, indiquant que le nombre de cas pourrait encore augmenter et atteindre un « nouveau niveau historique ».
Selon la directrice régionale d’Oxfam pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Assalama Dawalack Sidi, la crise s’est aggravée en raison de « la sécheresse, des inondations, des conflits et des impacts économiques du Covid-19. » En conséquence, des millions de personnes sont déplacées et sont « poussées au bord du gouffre ».
« Il n’y a pas assez de nourriture, et encore moins d’aliments suffisamment nutritifs pour les enfants. Nous devons les aider de toute urgence car leur santé, leur avenir et même leur vie sont en danger », a déclaré Philippe Adapoe, directeur de Save the Children pour l’Afrique occidentale et centrale.
Violence humaine et catastrophes naturelles
L’Afrique de l’Ouest a été entachée par de nombreux actes d’insurrection, touchant notamment des régions comme le Burkina Faso, le Niger, le Tchad, le Mali et le Nigeria.
Depuis 2015, le Burkina Faso a connu de multiples attaques de groupes islamistes, conduisant au déplacement de 1,5 million de personnes et faisant 2 000 morts au fil des ans. L’instabilité et la violence ont mené à un coup d’État le 24 janvier, renversant l’ancien président Roch Marc Kabore et suscitant les critiques d’autres pays.
Le Mali traverse depuis une décennie une crise impliquant des affrontements avec les séparatistes touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). En septembre 2021, environ 400 000 personnes auraient été déplacées, soit quatre fois plus que le nombre enregistré l’année précédente, selon l’ONU.
Assalama Dawalack Sidi a également souligné que d’autres facteurs sont en jeu dans cette crise croissante. Les inondations et les sécheresses ont également frappé la région, détruisant les cultures. Selon le Réseau de prévention des crises alimentaires en Afrique de l’Ouest, la production céréalière entre 2021 et 2022 a chuté de 39 % en glissement annuel au Niger, tandis que le Mali a subi une baisse de 15 %.
Le directeur des opérations mondiales du CICR, Dominik Stillhart, a fait savoir que quatre-vingt-dix pour cent de la Somalie était frappée par la sécheresse, avertissant également que 1,4 million d’enfants de moins de cinq ans souffriront de malnutrition si les pluies ne viennent pas cette année.
La sécheresse en Somalie a également provoqué la perte de 650 000 têtes de bétail, privant ainsi les Somaliens de revenus indispensables.
« La crise du Sahel est l’une des pires crises humanitaires à l’échelle mondiale et, en même temps, l’une des moins financées », a déclaré Mamadou Diop, représentant régional d’Action contre la faim. « Nous craignons qu’en réorientant les budgets humanitaires vers la crise ukrainienne, nous risquions d’aggraver dangereusement une crise pour répondre à une autre. »
Le Soudan du Sud, dont la population a été durement impactée par les conséquences désastreuses des fortes inondations et par les maladies, s’est actuellement engagé à doubler ses efforts pour lutter contre les menaces causées par le changement climatique.
L’invasion russe en Ukraine a également été citée comme un facteur de la crise alimentaire actuelle
La Russie et l’Ukraine sont toutes deux des sources principales d’approvisionnement en blé. Cependant, après que Vladimir Poutine a lancé son « opération militaire spéciale », le prix du blé a augmenté de 70 % par rapport à avril 2021. Suite à l’invasion, le prix du maïs et du pétrole a également augmenté.
Pour l’heure, le Danemark a prévu de suspendre environ « la moitié de l’ensemble de son aide bilatérale au développement » destinée au Burkina Faso et le Mali, dans l’espoir d’aider plutôt les Ukrainiens déplacés par la guerre.
« Nous demandons aujourd’hui que l’attention portée au sort de la population ukrainienne, qui est bien sûr terrible, n’empêche pas le monde de se pencher sur d’autres crises », a déclaré Dominik Stillhart.
Le 14 avril, l’ONU a annoncé le déblocage de 100 millions de dollars pour nourrir les populations affamées d’Afrique et du Yémen.
Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann
Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.