Berlin envisage d’adopter une réglementation visant à exclure les entreprises chinoises Huawei et ZTE, soupçonnées d’espionnage, des services de télécommunications allemands, une mesure qui pourrait s’avérer importante pour répondre aux préoccupations en matière de sécurité.
Le 6 mars, les médias allemands ont annoncé que l’interdiction allemande pourrait concerner des composants de réseau qui ont déjà été mis en œuvre, obligeant les fournisseurs à les retirer et à les remplacer.
L’Allemagne a adopté en 2021 une loi sur la sécurité informatique qui impose des exigences strictes aux fabricants d’équipements de télécommunications pour les réseaux de nouvelle génération. Elle n’a toutefois pas interdit purement et simplement Huawei et ZTE, même si elle a été poussée à établir des lois lui permettant de prendre des mesures drastiques à l’encontre de ces entreprises.
Une surveillance accrue des technologies et des entreprises chinoises en Allemagne
Lorsqu’on lui a demandé, lors d’une conférence de presse, si l’Allemagne devait aller plus loin et se montrer plus stricte en matière de surveillance d’autres technologies que la 5G, le conseiller allemand Olaf Scholz a réagi : « Votre question ne peut pas trouver de réponse dans le cadre d’une conférence de presse ».
« Il n’est pas possible de répondre à votre question de manière abstraite ou généralisée. Il s’agit de mettre en œuvre la législation existante, les responsabilités institutionnelles sont également en place, tout le monde fait son travail et il n’y a rien d’autre à signaler », a ajouté M. Scholz.
Le mardi 7 mars, un représentant du ministère de l’intérieur a indiqué que le gouvernement allemand procédait à une évaluation globale des fournisseurs de technologies de télécommunication, mais il a ajouté que cette évaluation ne visait aucune entreprise en particulier.
Toutefois, un document du ministère de l’intérieur a fait surface et stipule que s’il est prouvé qu’un fournisseur particulier est indirectement ou directement contrôlé par l’administration d’un autre pays, ce fournisseur devrait se voir interdire de livrer des pièces essentielles, selon Reuters.
« Nous ne pouvons pas dépendre des composants de certains fournisseurs », a affirmé Christian Lindner, ministre des finances, sur Welt TV, selon la chaîne d’information.
Étant donné qu’aucun opérateur n’avait auparavant été interdit d’utiliser des composants spécifiques d’entreprises chinoises dans leurs réseaux 5G, la révision pourrait conduire l’Allemagne à ordonner aux opérateurs d’éliminer et de remplacer des fonctionnalités déjà intégrées dans les réseaux, selon le porte-parole du ministère allemand de l’Intérieur, Maximilian Kall.
« Le principal changement est que ces contrôles stricts des risques de sécurité potentiels s’appliquent désormais également aux composants existants dans les réseaux de télécommunications », a poursuivi le porte-parole.
« Ces composants existants feront également l’objet d’un contrôle décisif au cours des prochains mois », a souligné M. Kall, ajoutant que les opérateurs ne recevraient pas de paiement pour les composants qui doivent être retirés du réseau et remplacés par des appareils provenant de sources fiables.
Prendre au sérieux les risques liés à la Chine pour la sécurité nationale
« C’est un signe que le gouvernement allemand pourrait enfin prendre au sérieux les risques liés à la Chine pour la sécurité nationale », a fait remarquer Noah Barkin, rédacteur en chef du cabinet d’études Rhodium Group’s China Practice.
« Mais après des années de tergiversations, le réseau 5G allemand dépend profondément des fournisseurs chinois. Il faudra de nombreuses années pour y remédier », a ajouté M. Barkin.
Selon leurs détracteurs, l’intégration de Huawei et ZTE dans les réseaux mobiles omniprésents du futur pourrait permettre à des espions, voire à des pirates informatiques chinois, d’accéder à des infrastructures cruciales en raison des liens étroits de ces deux entreprises avec les agences de sécurité de Pékin.
Ces allégations sont démenties par Huawei, ZTE et le régime communiste chinois, qui affirment qu’elles sont motivées par un désir protectionniste de favoriser les concurrents non chinois.
Huawei, qui fournit depuis 20 ans des technologies à l’Allemagne et au reste du monde, a un « excellent bilan en matière de sécurité », selon un de ses représentants. Huawei a également déclaré qu’elle ne commentait pas les rumeurs. Selon un porte-parole de ZTE, aucune preuve n’a été apportée pour suggérer que ses technologies ne sont pas sûres, mais l’entreprise accepte les contrôles extérieurs.
Il est intéressant de noter que le gouvernement allemand n’a pas pu répondre à une enquête parlementaire le mois dernier sur le nombre de composants Huawei utilisés par les opérateurs dans leurs réseaux 5G.
« Il est déconcertant que le gouvernement ne commence que maintenant à dresser une carte complète des endroits où les opérateurs utilisent des composants Huawei et ZTE et qu’il ne dispose pas de ces informations en temps réel », a commenté Thorsten Benner du Global Public Policy Institute à Berlin.
Rédacteur Albert Thyme
Source : Germany Considers Banning Huawei, ZTE From 5G Participation
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