Le 28 juillet, le Bureau allemand pour la protection de la Constitution (BfV) a publié un avis de sécurité sur l’ingérence et l’espionnage chinois visant les hommes politiques et les autorités allemandes.
Le Bureau a averti que la Chine tente activement d’assouplir la politique allemande et d’influencer la prise de décision en entretenant des relations chaleureuses avec des personnalités éminentes par l’intermédiaire de son Département de liaison internationale (DLI) du PCC.
Selon le rapport, le Parti communiste chinois (PCC) a intensifié ses efforts en Allemagne pour obtenir des informations politiques sensibles et influencer les processus décisionnels du gouvernement.
« Ces dernières années, la direction de l’État et du parti chinois a considérablement intensifié ses efforts pour obtenir des informations politiques de qualité et pour influencer les processus décisionnels à l’étranger », indique le communiqué.
Ce nouveau point de vue du BfV, beaucoup plus critique à l’égard de la Chine s’aligne sur le document stratégique récemment publié par le gouvernement allemand, qui déclare : « sous Xi Jinping, la République populaire et le PCC affirment de manière plus agressive leurs prétentions à la puissance internationale ».
De même, la ministre fédérale de la recherche, Bettina Stark-Watzinger (FDP), s’est récemment exprimée contre l’espionnage pratiqué par les étudiants chinois détenteurs de bourses d’État dans les universités et les instituts de recherche allemands.
« La Chine devient de plus en plus un concurrent et un rival systémique dans le domaine de la science et de la recherche », a déclaré Bettina Stark-Watzinger, selon Mediengruppe Bayern (Allemagne du Sud).
Espionnage ouvert en Allemagne
Le BfV, qui est l’équivalent approximatif du FBI américain en Allemagne, a également déclaré que le PCC avait établi un réseau mondial de contacts et qu’il s’efforçait constamment de l’étendre.
Le département de liaison internationale (DLI) du PCC, par exemple, joue un rôle essentiel à cet égard. Le DLI est directement subordonné au Comité central du PCC et dispose de nombreux postes clandestins au sein de l’appareil gouvernemental.
Le DLI se présente comme une institution de recherche politique d’envergure internationale. Pour ce faire, il mène des études sur la situation politique mondiale, les partis, les mouvements socialistes et les questions internationales cruciales, en échange avec des institutions académiques nationales et étrangères.
L’objectif déclaré de ce département gouvernemental est de contribuer à la mise en œuvre de la « politique de réforme et d’ouverture » de la Chine et à la construction du « socialisme aux caractéristiques chinoises », et de défendre les positions du PCC à l’étranger.
À cette fin, les membres du DLI doivent établir des contacts avec des hommes politiques, des partis et des organisations affiliées à des partis de l’ensemble de l’échiquier politique mondial.
Son mode de fonctionnement a toutefois évolué au cours des dernières années, et selon les normes du BfV, il devrait désormais être classé comme une branche des services secrets chinois.
Les responsabilités et les activités des institutions de l’appareil du PCC se confondraient désormais avec la mission et les méthodes de travail des services secrets « classiques ». Ils auraient désormais pour fonction d’informer leurs dirigeants de la situation politique des autres États et de leur potentiel militaire et économique.
Comprendre les valeurs chinoises
Le service de renseignement intérieur allemand s’inquiète également des « relations historiquement développées » entre les hommes politiques, les partis et les organisations politiques allemands qui partagent généralement l’opinion selon laquelle le DLI est un « partenaire de coopération important et digne de confiance ».
Selon le BfV, les membres du DLI ont réussi à entrer en contact avec presque toutes les personnalités influentes d’Allemagne sans réserve et à maintenir les contacts existants.
Il semblerait que ce soit courant que les membres du DLI cherchent d’abord à comprendre les « valeurs chinoises » auprès des parlementaires allemands de tous les partis. L’accent serait mis sur les parlementaires allemands qui ont une attitude relativement peu critique à l’égard du gouvernement chinois qui les recruteraient pour défendre ses intérêts.
Le DLI et d’autres organisations de sensibilisation du PCC s’inscrivent dans la stratégie du « front uni » du PCC, qui cherche à établir des relations avec des entités non communistes dans le but de les manipuler et de les subvertir.
« L’objectif à long terme est de persuader des personnes influentes de s’exprimer et d’agir dans l’intérêt du PCC et d’établir un réseau de contacts en Allemagne qui soutienne l’agenda politique du PCC », indique le rapport.
Dans la pratique, cet objectif est atteint en invitant des membres actuels ou anciens du parlement en Chine pour les aider à « corriger » leur image de la Chine et à la remodeler en fonction de l’agenda du PCC, a indiqué le BfV.
Rédaction Fetty Adler
Collaboration Jo Ann
Source : Germany’s Security Bureau Warns of Beijing’s Long Arm in Politics and Policy
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