L’Arabie saoudite envisage d’utiliser le yuan chinois au lieu du dollar US pour une partie de ses ventes de pétrole à la Chine. Cependant, la dégradation des relations économiques et politiques entre les trois pays, ainsi que la situation en Russie, pourraient rendre le changement moins aisé.
La nouvelle a été annoncée le 15 mars en exclusivité par le Wall Street Journal, qui s’appuie sur des « personnes familières avec la question », ayant déclaré que les Saoudiens sont « en pourparlers actifs avec Pékin pour fixer le prix de certaines de leurs ventes de pétrole à la Chine en yuan ».
Les pourparlers avec la Chine sur les contrats pétroliers payables en yuan durent depuis au moins six ans
Le Journal a noté que cette évolution n’est pas entièrement nouvelle, et que Les pourparlers avec la Chine sur les contrats pétroliers payables en yuan durent depuis au moins six ans. La Chine achète plus de 25 % du pétrole exporté par l’Arabie saoudite.
Toutefois, selon le Wall Street Journal, ces discussions se sont « intensifiées » ces derniers temps en raison des frictions géopolitiques découlant du manque de soutien de l’administration Biden à l’intervention saoudienne dans la guerre civile au Yémen, et de la reprise des pourparlers avec l’Iran pour relancer son programme nucléaire.
Ces discussions interviennent juste un jour après que la compagnie pétrolière publique saoudienne Aramco a annoncé sa décision de conclure un partenariat avec des entreprises du Parti communiste chinois (PCC) pour construire une raffinerie de 10 milliards de dollars dans le nord-est de la Chine.
En matière de raffineries de pétrole, l’Arabie saoudite a un pied aux États-Unis et l’autre en Chine. La compagnie nationale saoudienne Aramco possède la raffinerie Motiva, la plus grande raffinerie pétrolière des États-Unis, dont le siège est à Houston, et qui fournit plus de 2 500 emplois et produit plus de 600 000 barils de pétrole par jour.
Un rapport publié en janvier par l’Autorité générale saoudienne des statistiques a également révélé que la Chine était, en novembre 2021, le premier partenaire commercial du pays, toutes catégories confondues, avec 17,2 % des exportations, derrière l’Inde et le Japon, avec respectivement 11,6 et 9,6 %.
Alors que le conflit entre la Russie et l’Ukraine n’a cessé de s’intensifier depuis le 23 février, les lourdes sanctions et la « culture d’annulation » de l’administration Biden et de l’International Rules Based Order ont de plus en plus poussé la Russie vers la Chine et son président Xi Jinping, tandis que l’Ukraine est soutenue par les pays de l’OTAN et les États-Unis.
L’Arabie saoudite, qant à elle, a conclu un accord de coopération militaire avec la Russie en août 2021.
L’Arabie saoudite est le premier client des États-Unis pour les ventes d’armes à l’étranger
Néanmoins, l’Arabie saoudite reste également le premier client des États-Unis pour les ventes d’armes à l’étranger, dépassant les 100 milliards de dollars américains, selon un communiqué de presse du Département d’État de décembre 2020.
La relation entre les Saoudiens et le complexe militaro-industriel américain est mise en évidence à la lumière d’un investissement d’un milliard de dollars dans le pays par l’entreprise américaine de défense et de sécurité Lockheed Martin pour « localiser la fabrication militaire » et « soutenir l’industrie locale saoudienne », annoncé le 8 mars, en plein cœur du conflit russo-ukrainien.
Le Wall Street Journal a noté que si les importations américaines de pétrole saoudien ont été divisées par quatre, passant de plus de 2 millions par jour dans les années 1990 à environ 500 000 fin 2021, la Chine importe actuellement 1,76 million de barils par jour et la Russie n’est pas en reste avec 1,6 million.
Des responsables anonymes de l’administration Biden ont minimisé l’avertissement de Riyad, le qualifiant à la fois de « hautement volatile et agressif » et de « peu probable », notant que le pays avait exprimé des hostilités économiques similaires dans le cadre de tensions avec Washington par le passé.
Les assistants du prince saoudien Mohammed l’ont mis en garde contre des risques importants d’une telle transaction
Le Journal a également déclaré que les assistants du prince saoudien Mohammed l’on averti que l’échange du dollar contre le yuan présentait des risques importants, non seulement en raison du contrôle central strict exercé par le PCC sur sa monnaie, mais aussi parce que le riyal saoudien est indexé sur le dollar et que de nombreuses sources de revenus du pays sont constituées d’obligations du Trésor américain.
Le média russe RT a présenté cet affranchissement de façon positive pour son effet potentiel négatif sur les États-Unis, déclarant : « Une telle décision pourrait marginaliser davantage le paradigme du pétrodollar qui contrôle le système financier mondial depuis plus d’un demi-siècle, mettant en danger le statut du dollar en tant que monnaie de réserve internationale. »
L’article reflète bien la position de Moscou sur l’évolution de la situation : « Les mesures prises par l’économie occidentale pour exclure la Russie du système financier mondial ont amené des pays comme la Chine, déjà inscrite sur plusieurs listes noires de sanctions, à faire la chasse pour s’assurer que ce qui est arrivé à la Russie ne puisse pas leur arriver. »
« Tenter de vendre du pétrole dans des devises autres que le dollar était autrefois un mauvais présage pour une nation. L’Irak, la Libye, la Syrie et l’Iran se sont tous éloignés du dollar, et ont été sévèrement punis par l’armée américaine pour leur indépendance », a indiqué RT.
Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann
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