Selon un rapport publié par le projet AidData conduit par le College of William & Mary en Virginie, la Belt and Road Initiative (BRI) profite largement aux intérêts de la Chine, au détriment de ses partenaires.
Présentée par Pékin comme une initiative visant à apporter le développement aux économies émergentes, la Belt and Road Initiative (BRI), a au contraire laissé beaucoup de pays avec une montagne de dettes. Le rapport, intitulé « Banking on the Belt and Road » (Miser sur la Ceinture et la Route), a été préparé suite à l’examen de plus de 13 000 projets de la BRI d’une valeur de 843 milliards de dollars et provenant de 165 pays, sur une période de 18 ans.
Pour la Chine, le délai de remboursement est inférieur à 10 ans
Le rapport note que la Chine a utilisé la dette plutôt que l’aide pour établir une position dominante sur le marché international du financement du développement. Depuis l’introduction de la BRI, la Chine a maintenu un ratio prêts/dons de 31 à 1. La Chine a proposé des prêts aux pays concernés par les itinéraires de la BRI à des conditions moins généreuses que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Le prêt moyen de l’OCDE est généralement assorti d’un taux d’intérêt de 1 %, tandis que les prêts chinois sont assortis d’un taux d’intérêt de 4,2 %. En ce qui concerne les délais de remboursement, les pays occidentaux offrent en moyenne 28 ans pour rembourser un prêt, mais avec la Chine, le délai de remboursement est inférieur à 10 ans.
« Dans le but de s’assurer de l’énergie et des ressources naturelles dont elle ne dispose pas en quantité suffisante sur son territoire et de maximiser les retours sur investissement des dollars et des euros excédentaires, la Chine a rapidement augmenté l’octroi de prêts libellés en devises étrangères aux pays riches en ressources naturelles qui souffrent de niveaux élevés de corruption. Ces prêts sont garantis par les futures recettes d’exportation de produits de base afin de minimiser le risque de remboursement et le risque fiduciaire et sont assortis de taux d’intérêt relativement élevés (près de 6 %) », indique l’étude.
Avant la Belt and Road Initiative, la plupart des prêts de la Chine à l’étranger étaient destinés à des emprunteurs éminents comme les institutions centrales du gouvernement. Mais à la suite de la BRI, près de 70 % des prêts étrangers de la Chine concernent les banques d’État, les coentreprises, les entreprises d’État, les institutions du secteur privé, etc. Le rapport indique que le poids de la dette chinoise est « substantiellement plus importante » que lors des estimations précédentes.
La plupart de ces dettes ne sont pas déclarées au système de notification des pays débiteurs (DRS)
Le rapport a révélé que 42 pays à revenu faible à intermédiaire, faisaient face à la dette publique chinoise, supérieure à 10 % de leur produit intérieur brut (PIB) et que pour 8 d’entre eux, la dette était supérieure à 30 % de leur PIB.
La plupart de ces dettes ne sont pas déclarées au système de notification des pays débiteurs (DRS) de la Banque mondiale. Cela s’explique par le fait que, dans de nombreux cas, les institutions du gouvernement central ne sont généralement pas les principaux emprunteurs.
Lorsque les gouvernements s’endettent, les prêts ne figurent pas dans les bilans des pays. Le rapport estime que le montant de la dette publique chinoise sous-déclarée équivaut à 5,8 % de son PIB, soit environ 385 milliards de dollars.
Un exemple récent est celui de la Zambie. Après avoir accédé à la présidence en août de cette année, Hakainde Hichilema a découvert que son prédécesseur avait menti sur l’ampleur de la dette chinoise. Il s’avère qu’au lieu des 3 milliards de dollars de dette revendiqués par l’ancien président Edgar Lungu, la Zambie doit à la Chine le double de cette somme.
Dans une interview accordée à VOA, Brad Parks, le directeur exécutif d’AidData, a déclaré que l’approche de Pékin en matière d’offre de fonds aux pays en développement avait une « orientation fondamentalement différente » de celle des pays de l’OCDE. La Chine « est un banquier, pas un bienfaiteur », a-t-il déclaré.
« Les banques d’État chinoises sont des substituts de l’État qui maximisent les profits. Elles sont à la recherche de projets rentables et générateurs de revenus. Les pays d’accueil peuvent bénéficier d’un développement économique ou d’un bien-être social auxiliaire, mais ce n’est pas leur motivation première », a indiqué Brad Parks.
Rédacteur Fetty Adler
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