La période de sécheresse sans précédent qui sévit cette année en Californie pourrait laisser plus de 300 000 hectares de terres agricoles non exploitées, selon un expert.
Dans les conclusions préliminaires d’une étude menée par l’université de Californie Merced (UC Merced) grâce au financement du département californien de l’alimentation et de l’agriculture, le professeur associé Josue Medellin-Azuara a annoncé ce chiffre à Bloomberg, le 15 juillet.
Ce chiffre énorme, équivalent au double de la superficie qui n’a pas été travaillée l’année dernière, est décrit comme « le plus important depuis au moins plusieurs décennies. »
Josue Medellin-Azuara a précisé que le chiffre officiel ne sera pas communiqué avant plusieurs semaines, et que les données ont été estimées à partir d’images satellites.
Bloomberg explique que ce chiffre n’est pas à prendre à la légère, car la zone touchée se trouve dans la vallée centrale de la Californie, qui représente près d’un quart de la production alimentaire américaine.
L’origine du problème viendrait du fait que les agriculteurs font face à l’incertitude quant à ce qu’ils doivent planter, car les détenteurs de droits sur les eaux de surface en Californie voient leurs quotas fortement réduits.
La sécheresse prolongée, combinée à des chutes de neige minimes au cours de l’hiver, contribue à la diminution des réserves d’eau.
L’UC Merced a noté que l’impact économique de la sécheresse sur les agriculteurs et l’économie de la Californie était déjà important tout au long de l’année 2021.
Une perte économique estimée à 1,1 milliard de dollars
Dans un article publié en février sur le site Web de l’université, les économistes ont estimé la perte économique à 1,1 milliard de dollars avec 8 750 pertes d’emplois à temps plein et partiel.
Si l’on ajoute l’impact secondaire sur d’autres secteurs, les chiffres passent à 1,7 milliard de dollars et plus de 14 500 emplois perdus.
Le rapport indique qu’environ 160 000 hectares, dont 155 000 dans la Central Valley, ont été mis au repos en raison du rationnement de l’eau.
Les producteurs de cultures, de fruits et de légumes ne sont pas les seuls à en ressentir les effets. Les producteurs laitiers sont également touchés par la situation.
Dans un article du 19 juillet du Daily Herd Management (DHM), Ryan Junio, propriétaire de Four Jerseys, une exploitation laitière de la vallée centrale, a déclaré que la pénurie d’eau était sa principale préoccupation, plus encore que la montée en flèche du prix des aliments pour animaux.
Selon Ryan Junio, la situation est suffisamment grave et « les réglementations de l’État doivent être modifiées, sinon nous devrons nous tourner vers l’étranger pour nourrir notre pays ».
Le 10 juillet, un article de CNN a résumé le problème en ces termes : « il n’y a tout simplement pas assez d’eau en Californie pour satisfaire ce qui a été alloué sur papier. »
Le système centenaire tel qu’il existe aujourd’hui implique une série complexe de droits de propriété régissant l’utilisation des eaux souterraines et de surface, ce qui semble avoir un impact négatif sur ceux qui détiennent les droits et ceux qui ne les détiennent pas, alors que le gouvernement tente de préserver l’eau à mesure qu’elle s’épuise.
Un article publié en juillet par Sonoma Magazine explique que l’aquifère de la prestigieuse région viticole de Sonoma Valley manque de 4,5 à 6 mètres d’eau rien que cette année, suite au faible enneigement de l’hiver.
La situation est si grave que des puits, dont certains sont creusés à quelques 250 mètres de profondeur, se sont asséchés après l’installation de 45 000 puits desservant 41 000 personnes par le biais de leurs résidences, leurs entreprises et leurs établissements vinicoles.
En conséquence, le gouvernement envisage des initiatives pour gérer de manière centralisée l’utilisation des eaux souterraines.
Geoff Vanden Heuvel, le directeur des affaires réglementaires et économiques du California Milk Producer Council, a déclaré au DHM que les producteurs laitiers ne s’en sortent que grâce aux prix élevés du lait.
« Avec un lait à 25 dollars, ils peuvent encore se permettre de payer les aliments pour animaux, mais on craint de plus en plus que le prix du lait baisse et que les aliments pour animaux restent élevés. Qu’est-ce qu’ils feront alors ? » a-t-il demandé.
Les données de l’USDA montrent que le lait de classe I s’est vendu à un prix moyen de 25,87 dollars par quintal en juillet, soit le même prix qu’en juin, contre 19,71 dollars en janvier.
Un quintal équivaut à 4,76 gallons américains.
La situation actuelle est vraiment effrayante
Geoff Vanden Heuvel a été franc quant à la cause du problème : « nous avons extrait des dizaines de millions d’acres-pieds d’eau du sol au cours des 30 à 40 dernières années », qualifiant la situation actuelle de « vraiment effrayante ».
Il a ajouté que le problème n’était pas isolé à la Californie : « les lacs Mead et Powell étaient tous deux pleins et contenaient plus de 27 millions d’acres-pieds d’eau chacun en 1999… Aujourd’hui, ils stockent à eux deux 15 millions d’acres-pieds d’eau et en arrivent au point où ils ne pourront plus produire d’énergie parce que leur niveau est trop bas ».
Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann
Source : California Water Crisis to Leave 800,000 Acres of Farmland Empty This Year
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