Le chef du groupe djihadiste État islamique au Grand Sahara (EIGS), Adnan Abu Walid al-Sahraoui, a été abattu le mois dernier par les forces françaises. L’annonce a été faite sur Twitter par le président Emmanuel Macron, déclarant que le chef terroriste avait été « neutralisé par les forces françaises. »
Le règne de la terreur
Adnan Abu Walid al-Sahraoui, leader de Daech dans le Grand Sahara, avait migré au Mali et au Niger, rejoignant Al-Qaïda, et le groupe Daech ou État islamique en Irak et en Syrie en 2015.
Adnan Abu Walid al-Sahraoui s’est fait connaître en 2017, en orchestrant une embuscade contre une équipe de soldats américains à l’extérieur du village de Tongo Tongo au Niger, entraînant la mort de quatre soldats américains *, ainsi que d’au moins six soldats nigériens.
En août 2020, Adnan Abu Walid al-Sahraoui avait ordonné l’exécution de six travailleurs caritatifs français et d’un chauffeur nigérian. Des militants de l’EIGS ont aussi été impliqués dans la mort de civils dans la région de Tillaberi au Niger, une zone connue pour être un lieu d’activités du groupe.
Le gouvernement américain l’a inclus dans sa liste du « terrorisme mondial », mettant sa tête à prix pour 5 millions de dollars. Dans le même temps, le gouvernement français l’a désigné comme sa « cible numéro un ».
Le groupe détiendrait également des étrangers, comme l’Américain Jeffrey Woodke, qui a été enlevé chez lui au Niger en 2016.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a exprimé ses préoccupations concernant l’expansion des activités de Daech sur le continent africain.
La frappe
Du 17 au 22 août 2021, les forces françaises de l’opération Barkhane, en partenariat avec les forces armées maliennes, ont conduit une opération de reconnaissance et de harcèlement contre le groupe de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), cherchant à localiser Adnan Abu Walid al-Sahraoui.
Lors d’entretiens avec ABC News, un commandant français a déterminé qu’Adnan Abu Walid al-Sahraoui avait été « affaibli » après la mort de deux de ses commandants logistiques, connus sous le nom de Rhissa al-Sarhaoui et Ikarey . Il a également déclaré que les services de renseignement américains avaient retrouvé la trace d’Adnan Abu Walid al-Sahraoui à Ménaka et qu’il était sur le point de traverser la frontière nigérienne.
Selon des responsables français et américains, le 17 août, un drone de l’armée a repéré plusieurs individus, considérés comme membres des «groupes armés terroristes », l’EIGS, se dirigeant vers la frontière, et l’attaque a été déclenchée. Les forces spéciales françaises ont confirmé par la suite qu’Adnan Abu Walid al-Sahraoui et dix de ses hommes avaient été touchés lors de l’attaque, et que le chef de l’EIGS avait succombé à ses blessures un mois plus tard.
Alexander Raymakers, analyste principal pour l’Afrique chez Verisk Maplecroft, une société de renseignement sur les risques, estime que la mort d’Adnan Abu Walid al-Sahraoui va probablement perturber les opérations de l’EIGS, mais que l’attaque n’éliminera pas complètement le groupe.
Heni Nsaibia, un expert du Sahel, a déclaré : « La neutralisation du chef de l’EIGS fait suite à une série de succès tactiques des Français, qui ont récemment tué ou capturé plusieurs commandants supérieurs de l’EIGS. » Avec la paralysie de leur leadership, le groupe pourrait être perturbé par les tensions entourant la « question de savoir qui succédera à Adnan Abu Walid al-Sahraoui. »
Un autre succès majeur
« C’est un autre succès majeur dans notre lutte contre les groupes terroristes au Sahel », a déclaré Emmanuel Macron dans son tweet annonçant la mort d’Adnan Abu Walid al-Sahraoui.
La ministre française de la Défense, Florence Parly, a déclaré aux journalistes que cette frappe « renforce la détermination [de la France] à lutter contre le terrorisme » aux côtés de ses alliés sahéliens, américains et européens.
« Nous ne quitterons pas le Sahel », a déclaré Florence Parly, malgré les projets de la France de réduire sa présence militaire dans la région d’ici début 2022.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a appelé les gouvernements africains à profiter du vide du pouvoir de l’EIGS pour lancer des frappes.
Rida Lyammouri, membre du groupe de réflexion marocain Policy Center for the New South, a qualifié l’attaque de « coup dur pour l’EIGS », tout en soulignant qu’Adnan Abu Walid al-Sahraoui sera remplacé et que la véritable victoire ne viendra que lorsque la population civile sera libérée des menaces du groupe terroriste.
Pour les parents de Jeremiah Jonhson - l’un des soldats tués dans l’embuscade en 2017 au Niger - la mort du chef terroriste est une justice pour leurs proches disparus. Ils ont fait l’éloge des Français tout en regrettant que l’attaque n’ait pas été menée par les États-Unis.
« Nous aurions dû faire l’effort de tuer ou de capturer nous-mêmes les individus responsables de l’embuscade de l’ODA 3212, au lieu de compter sur d’autres pays », ont confié Debbie et Ray Gannon la mère et le beau-père de Jeremiah Johnson, à ABC News.
Dans son livre « Sacrifice : A Gold Star Widow’s Fight For The Truth », Michelle Black a écrit au sujet de son mari et de l’embuscade : « Le nombre de morts ne compense pas la perte de Bryan, mais savoir qu’il y a un homme maléfique de moins dans ce monde m’apporte la paix. Peut-être que cela empêchera d’autres familles de souffrir de la terreur, et pour moi, c’est suffisant ».
Une cérémonie a été organisée pour les familles des quatre soldats tombés au combat en juillet. Le sergent La David Johnson et le sergent Jeremiah Johnson, ont tous deux étés nommés membres honoraires des bérets verts, à titre posthume.
- Les soldats américains tués lors de l’assaut sont : Le sergent-chef Dustin Wright, le sergent La David Johnson, le sergent-chef Bryan Black et le sergent de première classe Jeremiah Johnson.
Rédacteur Fetty Adler
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