Selon des chercheurs, la Chine a commencé à construire ce que des experts indépendants pensent être plus de 100 nouveaux silos pour missiles nucléaires, dans le désert, au nord-ouest de la ville de Yumen.
Les images satellites obtenues par les chercheurs du James Martin Center for Nonproliferation Studies basé à Monterey, en Californie, indiquent que des travaux sont en cours sur de nombreux sites dans la province chinoise du Gansu.
La découverte de ces activités amène les experts à penser que la Chine serait en train de développer considérablement son arsenal nucléaire. Les sites découverts sont très similaires aux installations de lancement de missiles existantes abritant l’arsenal de missiles balistiques à charge nucléaire chinois.
« Le nombre réel de nouveaux missiles destinés à ces silos est inconnu, mais il pourrait être beaucoup plus faible. La Chine a déployé des silos leurres dans le passé », a rapporté le Washington Post.
Il s’agirait d’une tactique utilisée par les États-Unis et vraisemblablement par d’autres puissances nucléaires. Les forces stratégiques américaines déplaceraient les missiles d’un silo à l’autre, comme un « tour de pass-passe », dans l’espoir de confondre leurs rivaux soviétiques.
Un arsenal « modeste »
Le nombre d’armes nucléaires en Chine se situerait entre 250 et 350, contre environ 1 750 déclarées dans l’arsenal américain. Ces deux pays sont largement dépassés par la Russie, dont le stock d’armes nucléaires est estimé à 6 400, incluant celles en attente de démantèlement.
Jefferey Lewis, directeur du programme de non-prolifération en Asie de l’Est au Center for Nonproliferation Studies, a déclaré au Washington Post que « si l’on ajoute les silos en construction sur d’autres sites en Chine, le total s’élève à environ 145 silos en construction », ajoutant : « nous pensons que la Chine développe ses forces nucléaires en partie pour maintenir une force de dissuasion capable de survivre à une première frappe américaine, en nombre suffisant pour vaincre les défenses antimissiles américaines ».
Les sites abritant les silos sont distants les uns des autres d’environ trois kilomètres et plusieurs sont dissimulés par une sorte de dôme, une pratique déjà observée sur d’autres sites de construction connus de silos de missiles.
Selon Jefferey Lewis, les silos en question sont très probablement destinés à recevoir des missiles balistiques intercontinentaux de type DF-41. Ce type de missile peut transporter plusieurs ogives et atteindre des cibles situées à 15 000 km, ce qui signifie que les Etats-Unis peuvent être une cible potentielle.
John Supple, porte-parole du ministère de la défense, a indiqué au Washington Post que « les responsables du ministère de la défense ont témoigné et parlé publiquement des capacités nucléaires croissantes de la Chine, qui devraient doubler ou plus au cours de la prochaine décennie. »
La longue histoire nucléaire de la Chine
Le premier essai nucléaire de la Chine a eu lieu en 1964, sous la direction de Mao Zedong. Trois ans plus tard, en 1967, la Chine a procédé aux essais de sa première bombe à hydrogène.
Mao Zedong ne s’attendait pas à ce que la Chine rivalise avec les États-Unis, mais il pensait que le fait de disposer de quelques bombes augmenterait la crédibilité diplomatique de la Chine.
La Chine a reçu l’aide de l’Union soviétique à l’époque. L’Union soviétique a envoyé des conseillers pour aider dans les installations consacrées à la production de matières fissiles et, en octobre 1957, elle a fourni un prototype de bombe ainsi que des missiles et des technologies connexes.
Ce n’est que dans les années 1980 que la Chine a commencé à progresser dans les techniques de miniaturisation nécessaires à la création d’un arsenal capable de concurrencer d’autres puissances nucléaires comme les États-Unis et le Royaume-Uni.
En 2004, la Chine a déclaré que « parmi les États dotés d’armes nucléaires, la Chine… possède le plus petit arsenal nucléaire », ce qui implique qu’elle possédait moins d’armes nucléaires que le Royaume-Uni, dont les ogives sont estimées à 200.
En 2011, une étude de trois ans menée par l’université de Georgetown a conclu que la Chine pouvait avoir un arsenal de plus de 3 000 armes nucléaires cachées dans un vaste réseau de tunnels souterrains mesurant près de 5 000 km). Certains observateurs l’ont surnommé la « Grande Muraille souterraine ».
Toutefois, cette étude a fait l’objet d’un examen approfondi et les experts ont conclu que la Chine n’avait pas la capacité de produire suffisamment de matières fissiles pour constituer un arsenal aussi important.
Rédacteur Fetty Adler
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