Des marins affectés au groupe 2 de neutralisation des explosifs et munitions récupèrent un ballon de surveillance à haute altitude au large de Myrtle Beach, en Caroline du Sud, le 5 février 2023. (Image : wikimedia / U.S. Navy Photo by Mass Communication Specialist 1st Class Tyler Thompson / Domaine public)
Le 3 janvier, le ministère taïwanais de la Défense a rapporté que quatre ballons espions présumés auraient été envoyés par la Chine dans son espace aérien, intensifiant ainsi les relations déjà tendues entre les deux pays.
Trois des ballons ont été observés passant près d’une base aérienne à Taïwan, indiquant une potentielle escalade des tactiques d’intimidation de la Chine à l’encontre l’île autonome.
Un des ballons espions est entré dans l’espace aérien taïwanais dans la soirée du 1er janvier depuis le détroit de Taïwan à une altitude de 30 000 pieds, traversant l’île. Les trois autres ballons, qui ont violé l’espace aérien le 2 janvier, volaient à des altitudes allant de 12 000 à 24 000 pieds, a indiqué le ministère.
Cet incident survient dans un contexte de tensions accrues alors que la Chine continue de menacer de recourir à la force pour annexer Taïwan. Le moment est également crucial, alors que Taïwan se prépare à ses élections présidentielles et législatives prévues pour le 13 janvier. La Chine a toujours exercé son influence militaire, diplomatique et économique pour inciter les électeurs taïwanais à se tourner vers des candidats favorables à l’unification.
Cependant, la tendance actuelle des sondages suggère une orientation en faveur du Parti démocrate progressiste indépendantiste reflétant la préférence de l’électorat pour le maintien de l’indépendance de Taïwan par rapport à la Chine continentale.
Anciennement connue sous le nom de République de Chine (ROC), Taïwan a préservé son indépendance et son autonomie de facto, son gouvernement dirigeant autrefois la Chine avant que les rebelles communistes ne prennent le contrôle du continent en 1949.
Le Japon affirme que la Chine prépare l’invasion de Taïwan et lance des exercices de défense des îles. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Le Parti communiste chinois (PCC) considère tout soutien ou reconnaissance de Taïwan comme un défi direct à sa souveraineté et à son intégrité territoriale. En conséquence, il menace depuis longtemps de recourir à la force militaire et à d’autres moyens nécessaires pour reprendre et réunifier l’île avec le continent chinois. Il exige également que tous les pays souhaitant entretenir des relations diplomatiques avec la Chine rompent d’abord tout lien avec Taïwan, conformément au principe d’une seule Chine.
Cette politique, qui s’ajoute à l’expulsion de Taïwan des Nations Unies (ONU) en 1971 au profit de Pékin, a eu un impact significatif sur la réputation internationale et le rayonnement diplomatique de Taïwan.
En état d’alerte
La stratégie d’intimidation de la Chine implique généralement le déploiement de navires de guerre et d’avions de guerre près de Taïwan. L’utilisation de ballons pour la collecte de renseignements marque une nouvelle phase dans ces efforts.
Le ministère taïwanais de la Défense a noté que trois des ballons espions ont traversé d’est en ouest à proximité de la base aérienne de Ching-Chuan-Kangun, site critique pour la défense de Taïwan contre la Chine. Le quatrième ballon a été repéré au nord du port de Keelung, un nœud vital du commerce de Taïwan, en particulier avec le Japon, partenaire clé du traité américain.
Soldats de l’Armée populaire de libération à la base d’entraînement de Shenyang, en Chine, le 24 mars 2007. (Image : wikimedia / See page for author / Domaine public)
L’incident fait écho à une situation antérieure où un ballon chinois avait été abattu par l’US Air Force au-dessus de l’Amérique du Nord en février. L’administration Biden a révélé que le ballon faisait partie d’un vaste programme de surveillance géré par l’Armée populaire de libération (APL) visant plus de 40 pays. Cette flotte de ballons, équipée d’une technologie avancée de collecte de renseignements, serait conçue pour l’espionnage et a été observée dans diverses régions du monde.
Alors que Taïwan se prépare à ses prochaines élections, son animosité envers Pékin a attiré l’attention sur la question plus large de la sécurité régionale en Asie de l’Est. Les États-Unis, ainsi que d’autres pays démocratiques, ont exprimé leur soutien à Taïwan tout en équilibrant soigneusement leurs relations diplomatiques officielles avec la partie continentale de la Chine.
En mai 2022, lors d’une rencontre avec le Premier ministre japonais Fumio Kishida, le président américain Joe Biden a déclaré que si Pékin lançait une attaque contre Taïwan, les États-Unis interviendraient « militairement » et défendraient l’île.
Cependant, la Maison Blanche est revenue sur les commentaires de Joe Biden après la réunion, déclarant qu’ils ne reflétaient pas un changement dans la politique américaine à l’égard de Taïwan. C’est la troisième fois que le président déclare que Washington protégera Taïwan d’une attaque sur le continent, et que la Maison Blanche revient ensuite sur ces commentaires.
En vertu du Taïwan Relations Act (TRA), qui engage les États-Unis à soutenir l’autodéfense de Taïwan sous la forme d’armes et de renseignements, Washington continue d’entretenir des relations informelles avec l’île, même s’il ne la reconnaît pas officiellement comme une nation indépendante.
