Le Vietnam partage une frontière de 1280 kms avec la Chine. Avec la pandémie de coronavirus qui sévit dans le pays voisin, on aurait pu s’attendre à ce que le Vietnam soit aussi relativement touché.
Mais étonnamment, le Vietnam n’a enregistré qu’environ 270 cas d’infections, avec zéro décès. Alors comment un pays disposant de ressources minimales a-t-il réussi à limiter l’épidémie alors que des nations beaucoup plus développées, disposant de ressources conséquentes, ont dû lutter pour contenir le virus du PCC (Parti communiste chinois) ?
Le succès du Vietnam
Le succès du Vietnam peut être attribué aux mesures rapides et strictes adoptées par le gouvernement. Le pays a testé plus de 210 000 personnes. Ce chiffre peut sembler peu élevé si l’on considère ses 95 millions d’habitants. Cependant, les 791 tests effectués par le pays pour chaque cas confirmé de coronavirus sont parmi les plus élevés au monde, éclipsant Taiwan au deuxième rang, qui n’a effectué que 140 tests pour chaque cas infecté. Début avril, alors que le Vietnam ne comptait que 250 cas d’infections, le pays avait mis près de 45 000 personnes en quarantaine dans les installations gouvernementales.
Dès février, l’État a décrété des mesures de confinement dans les régions qu’il avait identifiées comme potentiellement dangereuses. Des points de contrôle ont été mis en place pour limiter les mouvements des personnes en provenance et à destination de ces zones à haut risque. Depuis février les écoles ont été fermées, ce qui a permis d’éviter toute propagation du virus parmi les enfants. Des villages de 100 000 habitants ont été clôturés simplement parce qu’un seul cas d’infection y a été découvert. Le Vietnam a également validé des kits de dépistage peu coûteux (25 dollars US chacun) qui permettent d’obtenir des résultats en 90 minutes seulement. Ces kits ont tous été fabriqués dans le pays au pied levé.
Le Vietnam a pris des mesures rapides pour limiter le virus plutôt que d’adopter une politique d’attente et de surveillance. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
L’État a également évoqué le nationalisme, qualifiant le virus du PCC d’ennemi étranger et appelant les gens à s’unir pour vaincre la pandémie. La campagne a donné des résultats positifs, la plupart des gens prenant la pandémie au sérieux, d’autant plus que la crise du SRAS de 2003 était encore fraîche dans les esprits. Dans une enquête menée dans 45 pays où il a été demandé aux gens d’évaluer la réponse de leur gouvernement face au virus, près de 62 % des personnes interrogées au Vietnam ont déclaré que l’administration faisait « sa part du travail ». C’est la meilleure note, battant même des pays comme la Corée du Sud et Singapour.
Pour être juste envers les autres pays, disons qu’ils ont aussi appliqué des mesures telles que des tests intensifs, le confinement, etc. Mais ce qui distingue le Vietnam, c’est qu’il a été extrêmement strict sur ces points dès que des infections au coronavirus ont commencé à être signalées en Chine. Dans ce cas, le Vietnam est similaire à Taiwan dans le sens où ils ont agi rapidement et n’ont pas choisi d’« attendre et voir » ce qui se passerait. Les pays qui ont trop tardé à mettre en place des mesures de quarantaine et à effectuer des tests en masse sont ceux qui souffrent le plus de la pandémie.
Bien que certains aient exprimé des doutes quant à la fiabilité des données gouvernementales sur les infections et les décès, il n’existe aucune preuve solide pour étayer ces craintes. « S’il y avait eu une transmission communautaire continue et non signalée, ou non évaluée, nous aurions eu les patients dans notre hôpital. Ce qui ne s’est pas produit », a déclaré à Reuters Guy Thwaites, directeur de l’unité de recherche clinique de l’université d’Oxford à Ho Chi Minh Ville. Dans des endroits comme Hanoï, les pompes funèbres n’ont pas signalé d’augmentation du nombre de décès, ce qui ajoute encore à la validation des données de l’État.
Le problème de Singapour
Alors qu’en Asie du Sud-Est, le Vietnam est l’exemple brillant d’une nation ayant réussi à tenir le virus du PCC à distance, les choses ne se présentent pas aussi bien pour Singapour. En fait, Singapour est l’un des pays les plus touchés d’Asie du Sud-Est, avec plus de 17 000 cas. Pour un million de personnes, il y a 2 923 cas infectés, ce qui est non seulement le nombre le plus élevé d’Asie du Sud-Est, mais aussi le plus élevé de toute l’Asie. Les chiffres en Chine doivent encore être vérifiés.
Singapour est l’un des pays d’Asie du Sud-Est les plus touchés par la pandémie de coronavirus. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
L’une des principales raisons de ces taux élevés d’infection serait due aux classes de migrants pauvres qui vivent dans des conditions déplorables. La plupart de ces migrants, originaires de pays comme le Bangladesh et l’Inde, vivent dans des zones densément peuplées dans lesquelles il est impossible de respecter la distanciation sociale. Certains logements abritent même une trentaine de personnes. Chan Chun Sing, ministre du Commerce et de l’Industrie, a averti que la ville-État connaîtra très probablement une baisse assez importante de son PIB.
Rédacteur Camille Lane
Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.