Des barricades ont été érigées près du pont de l’Unification le 11 juin 2024 à Paju, en Corée du Sud, suite aux tensions entre les deux Corées. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Le 9 juin, après que la Corée du Nord a lâché plus de 1 000 ballons remplis de déchets sur son voisin du sud, la Corée du Sud a réagi en intensifiant sa campagne de propagande en direction de Pyongyang.
En réponse à cette propagande, Kim Yo Jong, la sœur du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, a décrié les actions du Sud, affirmant qu’elles constituaient un « prélude à une situation très dangereuse ». Elle a également prévenu que si Séoul n’empêchait pas les tracts de propagande de s’envoler vers le nord, elle s’exposerait à une « nouvelle réponse » de la part de Pyongyang.
« J’avertis sévèrement Séoul de cesser immédiatement ses activités dangereuses qui provoqueraient une crise de confrontation », a déclaré Kim Yo Jong dans un communiqué publié par l’agence de presse gouvernementale Korean Central News Agency.
Selon Lee Sung Joon, porte-parole de l’état-major interarmées de la Corée du Sud, la Corée du Sud a diffusé ses émissions dans des lieux correctement armés, où les soldats pouvaient riposter en cas d’attaque. Il a également déclaré que les remarques de Kim Yo Jong « représentaient une menace verbale accrue », selon l’Associated Press (AP).
« Nous ne pensons pas qu’ils puissent nous provoquer aussi facilement », a déclaré Lee Sung Joon.
L’armée sud-coréenne a également signalé que la Corée du Nord avait lâché d’autres ballons remplis de déchets dimanche soir, mais elle n’a pas confirmé si l’un d’entre eux avait atterri.
L’état-major interarmées n’a pas précisé de quel côté de la frontière les émissions ont été diffusées dimanche après-midi, ni ce qu’elles contenaient, mais il a indiqué qu’elles n’avaient pas repris lundi matin. Les chefs d’état-major ont également déclaré que la reprise des émissions dépendrait « entièrement du comportement de la Corée du Nord ».
Les émissions sur haut-parleur anti-nord-coréennes diffusées par le passé le long de la frontière comprenaient des messages de propagande, des chansons K-pop et d’autres informations internationales. Mais en 2018, l’ancien président Moon Jae-in a supprimé ces émissions pendant une brève période afin d’améliorer les relations entre les deux Corées.
Ce récent échange pourrait faire monter les tensions entre les deux adversaires de longue date.
Des ballons remplis de déchets et de fumier
La semaine dernière, la Corée du Nord a lancé plus de 1 000 ballons remplis de déchets et de fumier en direction de villes de Corée du Sud. Soufflés par le vent, ces ballons dispersent leur contenu là où ils atterrissent.
Craignant que les ballons ne contiennent des substances dangereuses ou mortelles, l’armée sud-coréenne a envoyé des unités de neutralisation des explosifs et munitions et des équipes d’intervention en cas de guerre chimique pour vérifier les ballons, en avertissant les habitants de rester à l’écart et de signaler aux autorités les ballons qu’ils ont aperçus. Aucun des ballons signalés jusqu’à présent ne contenait de substances dangereuses.
Cet acte de la Corée du Nord a incité la Corée du Sud à suspendre l’accord intercoréen de 2018 visant à réduire les hostilités dans la zone démilitarisée (DMZ).
Kim Yo Jong a affirmé que 1 400 ballons avaient été déployés, larguant 7,5 tonnes de déchets tout au long du week-end.
La Corée du Nord a affirmé que les ballons avaient été lancés en réponse à un acte similaire de la part d’activistes sud-coréens qui avaient envoyé des ballons remplis de tracts anti-Pyongyang et de clés USB contenant des chansons K-pop et des pièces de théâtre. Le gouvernement communiste craignait que ces supports n’affaiblissent son régime répressif, selon les analystes.
Un groupe de civils sud-coréens, dirigé par le transfuge nord-coréen Park Sang-hak, a affirmé avoir envoyé 10 ballons à la Corée du Nord le 6 juin, avec des tracts et des clés USB contenant des chansons et des pièces de théâtre, ainsi que des billets d’un dollar. Un autre groupe, rapporté par les médias sud-coréens, a fait de même le lendemain.
Ces dernières années, Pyongyang a lancé une campagne de répression visant à éliminer l’influence culturelle sud-coréenne. En janvier, Kim Jong Un a annoncé qu’il cesserait de rechercher la réunification avec le Sud et qu’il le présenterait comme un ennemi définitif.
Dimanche, un nouvel incident a ravivé les tensions : des soldats sud-coréens ont effectué des tirs de sommation lorsque des troupes nord-coréennes ont franchi la frontière par erreur, a déclaré l’armée sud-coréenne le 12 juin. Les soldats nord-coréens se sont immédiatement repliés, et aucun autre engagement ou mouvement n’a eu lieu depuis.
