Lorsque la pandémie de coronavirus a éclaté l’année dernière, les gens ont prédit que les pays en développement feraient les frais de l’épidémie virale. Un expert a suggéré en mars dernier que le nombre de personnes infectées en Inde pourrait même dépasser les 300 millions. Cependant, en février 2021, l’Inde n’avait enregistré que 10 millions d’infections. Bien qu’elle se classe au deuxième rang mondial pour le nombre de cas d’infection, le taux par habitant est étonnamment bas.
Le ratio pour l’Inde serait de 7 894 cas d’infections par million d’habitants. D’après ce calcul, avec ses 1,3 milliard d’habitants, elle se situerait au 120ème rang. En revanche, des pays développés comme le Royaume-Uni, la France et l’Espagne comptent 50 000 cas par million d’habitants. Les États-Unis enregistrent 85 000 infections par million d’habitants.
La chute massive des cas d’infection en Inde
Ce qui déconcerte les experts, c’est que l’Inde a enregistré une baisse massive de 90 % des infections quotidiennes entre septembre 2020 et février 2021. Personne n’a de réponse claire quant aux raisons de cette baisse. Au plus fort de la pandémie, l’Inde enregistrait 100 000 cas par jour. Aujourd’hui, le nombre de cas de coronavirus ne serait plus que de 11 000 par jour.
Selon Jayaprakash Muliyil, épidémiologiste et président du comité scientifique consultatif de l’Institut national d’épidémiologie, les régions tropicales ont connu moins de cas de mortalité que les régions plus froides comme l’Europe et les États-Unis.
Comme l’Inde bénéficie de beaucoup de soleil, les gens reçoivent un apport élevé de vitamine D, qui pourrait agir comme protection contre le virus.
Le dynamisme démographique pourrait aussi être un atout pour l’Inde, qui compte une forte proportion de jeunes. De plus, de nombreux Indiens ne travaillent pas au-delà de 60 ans, ce qui réduit le risque que les générations plus âgées contractent le virus.
« Près de 40 % de la population indienne a moins de 18 ans, et le taux de mortalité dans cette tranche d’âge est de 0,001 à 0,01 % ... Dans les pays occidentaux, l’espérance de vie est plus longue et les gens vivent plus longtemps avec des maladies comme le diabète, le cancer ou les problèmes cardiaques. En conséquence, il y a plus de facteurs de comorbidités, ce qui augmente les risques de décès », a déclaré Jayaprakash Muliyil à QZ.
En Inde, le nombre de décès est de 112 par million d’habitants. C’est minuscule comparé aux chiffres des États-Unis (1 521), du Brésil (1 141) et du Royaume-Uni (1 753). Le nombre de décès par million en France, en Espagne et en Italie dépasse également les 1 000.
Dans des pays comme l’Inde, seules les personnes ayant un système immunitaire fort sont aptes à se défendre contre le virus. (Image : Kiran Hania / Pixabay)
Sayli Udas Mankikar, expert en politique urbaine à l’Observer Research Foundation de Mumbai, a déclaré que l’Inde est déjà confrontée à des maladies mortelles comme le choléra, la typhoïde, la dengue, la malaria et l’hépatite. Des millions de personnes n’ont pas accès à des installations sanitaires adéquates, à de l’eau propre et à des aliments nutritifs.
Il a indiqué que l’immunité plus élevée développée en raison de l’exposition à d’autres maladies mortelles pourrait s’être transformée en une bénédiction et avoir protégé les Indiens du virus. Cependant, le Dr Gagandeep Kang, chercheur en maladies infectieuses au Christian Medical College de Vellore, a averti que de telles théories ne sont bonnes qu’à générer des hypothèses et ne doivent pas être prises au pied de la lettre.
De nombreuses autres théories ont circulé pour expliquer la baisse des infections. Certaines suggèrent que le pays aurait développé une immunité collective, que la population pourrait avoir une protection préexistante contre le virus, ou que le succès serait dû au strict respect par la population des règles de distanciation sociale. Les experts en santé publique d’autres pays étudient avec intérêt les données en provenance de l’Inde. Ils espèrent découvrir le mystère qui se cache derrière la baisse des cas de Covid, afin qu’un tel scénario puisse être reproduit dans le monde entier pour réduire les infections.
Rédacteur Fetty Adler
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