Jusqu’à présent, l’Afrique a été relativement moins touchée par le virus du PCC (Parti communiste chinois) que l’ont été d’autres pays. Mais, depuis le 13 mai, tous les pays africains ont enregistré des cas d’infection. Selon les dernières données de l’Université John Hopkins et du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies sur le Covid-19, au 10 juin, il y avait plus de 140 000 cas confirmés sur le continent, avec au moins 5 000 décès. Si le Covid-19 n’est pas correctement contenu, il pourrait affecter tous les secteurs de l’économie africaine et causer la perte d’innombrables vies humaines.
À ce jour, l’impact économique du Covid-19 et du confinement sur les pays en développement n’a pas été entièrement évalué. Pourtant, les premières études menées par l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) ont montré que de nombreuses économies africaines montrent des signes d’atteintes graves, à différents nivaux. Les familles les moins défavorisées sont confrontées à des pertes de revenus plus conséquentes. Les ménages les plus pauvres, qui étaient déjà au bord de la famine avant même la pandémie, sont les plus vulnérables.
L’Afrique subsaharienne
Depuis le 5 juin, le Nigeria est le troisième pays le plus touché, après l’Afrique du Sud et l’Égypte, avec 9000 cas confirmés. Le prix des denrées alimentaires a explosé au Nigeria, avec une augmentation allant jusqu’à 50 % dans certains cas. La population locale a reproché au gouvernement d’avoir mis en place le confinement, affirmant qu’il causait plus de tort que de bien, le secteur informel du Nigeria étant le plus durement touché.
Les principaux exportateurs de riz ont interdit ou limité l’exportation de riz. (Image: Pixabay / CC0 1.0)
La société de logistique Kobo360, spécialisée dans le transport routier longue distance, a indiqué que 30 % de sa flotte au Nigeria, au Kenya, au Togo, au Ghana et en Ouganda n’était plus en service à la suite du confinement dû au Covid-19. Il a également été fait mention de plusieurs rapports d’agriculteurs disant que de nombreuses cultures pourrissaient dans les champs. Les produits livrés aux dépôts n’étaient pas collectés par les camions, et les meuniers se plaignaient de ne pas pouvoir livrer leur riz aux acheteurs.
Alors que les récoltes nationales s’épuisent et que les affaires vont mal, les importations dont les régions dépendent se sont également taries, car les principaux fournisseurs de l’Afrique comme l’Inde, le Vietnam et le Cambodge ont depuis lors réduit considérablement, voire interdit, les exportations de riz. Cette mesure a été mise en place pour protéger leurs propres pays des pénuries.
Selon les chiffres du ministère américain de l’agriculture (USDA), le Nigeria importe au moins un tiers de sa consommation. Les pays d’Afrique subsaharienne dépendent fortement des importations pour environ 40 % de leur consommation de riz. En dehors de l’Afrique de l’Est, pour des pays comme le Nigeria, la culture du riz est cruciale, d’autant plus que le récent fléau de criquets a pratiquement décimé les cultures destinées à la consommation de cette année. « Si les importations ne reprennent pas, l’Afrique de l’Est pourrait être confrontée à un déficit d’au moins 50 000 à 60 000 tonnes d’ici la fin du mois », selon une déclaration de Mital Shah, directeur général de Sunrice, l’un des plus grands importateurs de riz de la région, basé au Kenya.
Le confinement dû au Covid-19 a perturbé les chaînes d’approvisionnement. (Image : Capture d’écran / Youtube)
Afrique du Sud
Les prévisions de croissance économique de l’Afrique du Sud se sont détériorées de façon alarmante après que le gouvernement ait imposé l’un des confinements les plus stricts à compter du 27 mars. La SARB (South African Reserve Bank) prévoit une baisse du PIB de 7 % en 2020, le premier effondrement de la croissance sur une année complète depuis 2009. L’économie est confrontée à la pire performance de croissance du PIB depuis la Seconde Guerre mondiale. Beaucoup plus de personnes, dont la moitié vit en dessous du seuil de pauvreté officiel, risquent de souffrir de la faim en raison de l’arrêt brutal de l’économie. Le Nigeria est la plus grande puissance économique d’Afrique et on estime que son PIB a chuté de 38 % au cours des cinq semaines de confinement, de fin mars à fin avril. Le PIB du Rwanda a presque diminué de moitié pendant les six semaines du confinement dans le pays.
L’insécurité alimentaire
Les mesures de confinement jouent certainement un rôle important dans la perturbation des chaînes d’approvisionnement nationales et l’arrêt de la production alimentaire sur l’ensemble du continent africain. Cela a radicalement intensifié l’insécurité économique et alimentaire. Les effets sont très préoccupants pour de nombreuses régions du continent. La majorité des habitants des villes travaillent dans le secteur informel et ne peuvent tout simplement pas se permettre de rester chez eux.
Les répercussions économiques du confinement sont colossales et rendent difficile pour les gouvernements de maintenir leur soutien à ces politiques.
« Pour transformer ses économies, l’Afrique nécessite davantage que la croissance économique, sinon les répercussions sanitaires, économiques et politiques continueront à secouer l’Afrique », selon un rapport de l’African Center for Economic Transformation (ACET). La solution réside dans la diversification de la production et de l’exportation.
Rédacteur Fetty Adler
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