Le médicament oral Molnupiravir des laboratoires Merck a été développé grâce au financement de 35 millions de dollars (provenant des contribuables) par le National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID) et les National Institutes of Health (NIH), au sein de l’université Emory. Aujourd’hui, Merck le revend au gouvernement à un prix supérieur à 35 fois le coût de sa production.
Le Molnupiravir, commercialisé par Merck et son partenaire Ridgeback Biotherapeutics, a réussi son essai clinique, qui a débuté en octobre 2020. Selon un communiqué de presse de l’entreprise daté du 1er octobre, seuls 28 des 385 patients ayant reçu la substance « ont été hospitalisés ou sont décédés au jour 29 suivant la randomisation », contre 53 des 377 patients du groupe placebo.
Le groupe ayant reçu le Molnupiravir n’a connu aucun décès, tandis que huit personnes du groupe placebo sont décédées. L’essai s’est concentré sur les patients PCR-positifs qui étaient à la fois symptomatiques et présentaient au moins une comorbidité, à l’exclusion de ceux déjà hospitalisés ou suffisamment malades pour que l’on s’attende à ce qu’ils soient hospitalisés.
Merck a présenté son médicament comme un « médicament antiviral oral expérimental ». Les essais, qui devaient initialement porter sur 1850 sujets, ont été interrompus de manière anticipée « sur recommandation d’un comité indépendant de surveillance des données et en consultation avec la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis ».
Les laboratoires Merck prévoient de demander une autorisation d’utilisation d’urgence pour le médicament dès que possible.
La façon dont le « Big Pharma » a fait main basse sur le médicament est illustrée dans un article du Washington Post, de juin 2020. L’article indique que « Ridgeback Biotherapeutics n’avait pas de laboratoires, pas d’usine de fabrication propre et un historique minimal lorsqu’elle a conclu un accord en mars avec l’Université Emory, pour obtenir une licence pour une pilule expérimentale contre le coronavirus, inventée par des chercheurs de l’université avec 16 millions de dollars de subventions des contribuables américains. »
Selon un communiqué de presse, deux mois après avoir acquis la licence, Ridgeback a vendu les droits mondiaux exclusifs à Merck en échange « d’un paiement initial non divulgué, d’étapes spécifiques et d’une part du produit net ».
Le communiqué indique également que le médicament agit en inhibant la réplication de « plusieurs virus à ARN ».
Les sociétés ont déclaré que, lors d’essais sur des animaux, le composé a montré sa capacité à « améliorer la fonction pulmonaire, à diminuer la perte de poids corporel et à réduire la quantité de virus dans les poumons » contre deux autres coronavirus : l’original ou SARS-CoV, et le MERS (syndrome respiratoire du Moyen-Orient).
Le rôle de la DTRA (Defense Threat Reduction Agency)
Le jour même où les laboratoires Merck annonçaient le succès des essais cliniques, la DTRA (Defense Threat Reduction Agency) se glorifiait dans un tweet d’avoir « investi dans un #antiviral à large spectre, ce qui a conduit à la découverte du Molnupiravir grâce à une recherche collaborative avec @Merck, @EmoryUniversity, #RidgebackBio, & @NIH ».
Selon une étude publiée le 4 octobre par l’organisation américaine Knowledge Ecology International (KEI), le gouvernement américain a versé 35 millions de dollars en R&D à Emory, entre 2013 et 2020, pour la recherche et le développement de la substance.
L’étude indique que le scientifique d’Emory, George Painter, a commencé à travailler sur des composés de type Molnupiravir en 2013 après avoir été approché par la Defense Threat Reduction Agency (DTRA). La DTRA cherchait un moyen de lutter contre l’encéphalite équine vénézuélienne. Tous les financements reçus par Emory l’ont été par le biais du NIAID de Francis Collin, aujourd’hui démissionnaire, et du NIH d’Anthony Fauci, deux entités au cœur du scandale de la recherche sur les coronavirus de chauve-souris par gain de fonction de l’Institut de virologie de Wuhan et de l’Alliance EcoHealth.
La Knowledge Ecology International souligne notamment que le gouvernement américain s’intéresse aux cinq brevets de Molnupiravir détenus par Emory après que l’université ait « exécuté des licences confirmatives respectives au DTRA et au NIAID déclarant que les composés et les méthodes revendiqués dans la… demande sont des inventions sujettes aux… dispositions légales relatives à la loi Bayh-Dole », en mai 2020.
C’est là le point critique. Le même jour de l’annonce de Merck et Ridgeback, Melissa Barber, chercheuse à Harvard, et Dzintars Gotham, chercheur au King’sCollege, ont publié une estimation des coûts de production du Molnupiravir pour les génériques.
Ils ont utilisé la base de données Panjiva sur l’import/export afin de rechercher le Molnupiravir dans la partie description de l’expédition de données allant de 2016 à aujourd’hui, avec l’Inde comme pays exportateur, et les Etats-Unis comme pays importateur, ainsi que dans 18 autres pays d’Amérique du Sud et d’Asie, dont le Venezuela et la Chine.
Les résultats étaient composés de 12 expéditions, dix provenant de trois entreprises différentes en Inde, et deux d’une entreprise en Chine. Sur les dix sociétés indiennes, huit étaient Optimus Drugs Private Ltd.
L’équipe a déterminé que le prix moyen pondéré du marché était de 2 162 dollars au kilo, ce qui revient à 17,74 dollars pour un traitement de cinq jours, avec une dose de quatre capsules de 200 mg deux fois par jour, utilisé dans l’essai clinique.
L’Administration Biden a déjà pris la liberté d’acheter 1,7 million de traitements de Molnupiravir à Merck au coût de 700 dollars par patient
En outre, l’équipe a noté que l’analyse effectuée par le MIT en avril 2021 a déterminé qu’« à partir de matières premières et en utilisant un processus de synthèse optimisé, le principe actif du Molnupiravir coûterait entre 427 et 799 dollars au kilo, à fabriquer ».
Dans la section « Conclusions », le duo a noté que « la société pharmaceutique propriétaire, Merck, a annoncé le 27 avril 2021 qu’elle avait conclu des accords de licence volontaire non exclusive pour le Molnupiravir avec cinq fabricants indiens de produits génériques (Cipla Limited, Dr. Reddy’s Laboratories Limited, Emcure Pharmaceuticals Limited, HeteroLabs Limited et Sun Pharmaceutical Industries Limited) ».
Ces cinq entreprises n’incluent pas les trois entreprises indiennes qui exportent déjà publiquement le produit.
L’équipe a indiqué que l’administration Biden a déjà pris la liberté d’acheter 1,7 million de traitements de Molnupiravir à Merck au coût de 700 dollars par patient, ce qui représente 35 fois le coût de l’importation et 161 fois le coût de « l’optimisation de la synthèse du Molnupiravir et la baisse du coût de l’API qui en résulte ».
L’étude met en évidence les chiffres bruts :
1,7 million de traitements de Merck = 1,19 milliard USD
1,7 million de traitements au « prix estimé du générique durable, coût actuel de l’API [principe actif] sur le marché » = 33,978 millions de dollars
1,7 million de traitements au « prix estimé du générique durable, coût de l’API avec une synthèse optimisée » = 7,394 millions de dollars.
Selon un article publié le 3 octobre par le média indien Collab, « en Inde, les entreprises cherchent à fixer le prix du médicament entre 880 et 1000 roupies (chaque comprimé coûtant 22 roupies) pour un traitement complet. Avec près d’une douzaine de sociétés indiennes dans la course pour lancer le médicament en Inde et dans d’autres pays à revenu faible ou intermédiaire, le prix du médicament devrait encore baisser. »
1 000 roupies indiennes équivalent à environ 13,36 dollars américains au moment de la rédaction de cet article.
Rédacteur Fetty Adler
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