Environ 150 membres du personnel médical de l’Armée populaire de libération (APL) ont été envoyés dans la ville chinoise de Xi’an, en état d’urgence depuis plus d’une semaine en raison de « dizaines de cas d’infection Covid-19 », selon le gouvernement.
La population locale soupçonne que la véritable raison serait due à une épidémie de fièvre hémorragique propagée par les rongeurs.
Selon un message publié sur les réseaux sociaux par le Quotidien du peuple, un grand nombre des membres du personnel arrivés à Xi’an le 27 décembre sont des « vétérans », aguerris au cours des précédentes crises de biosécurité, comme pour le SRAS en 2003, et la première vague de la pandémie de Covid-19 à Wuhan.
Une vidéo publiée sur Twitter par des utilisateurs chinois, montre de nombreux membres du personnel vêtus de lourds vêtements de protection contre les risques chimiques, circulant dans les rues de la ville de Xi’an, qui compte environ 13 millions d’habitants.
Les habitants mettent en doute l’explication officielle selon laquelle le confinement serait dû à une résurgence de l’épidémie de Covid-19, car la ville fait face à une poussée de fièvre hémorragique, une infection virale transmise par les rongeurs.
Une capture d’écran d’un texto envoyé par une résidente « mère de WuXinyu », à un ami, indique : « ceux qui veulent éviter la covid-19, n’allez pas dans le district de Chang’an. La fièvre hémorragique dans le district de Chang’an est particulièrement grave, mais elle n’a pas été signalée. Près de 200 personnes ont été infectées. Mon amie qui est médecin à l’hôpital de Chang’an m’a dit que le mari de sa collègue avait contracté la fièvre hémorragique alors qu’il courait dans le parc. Il est mort en une semaine. C’est très effrayant, alors restez chez vous et ne sortez pas. »
Dans un autre post « @shiwaigaoren007 » sur Twitter, la capture d’écran d’un message révèle : « Mon enfant a dit qu’il y a des souris à l’école. Leur professeur leur a dit beaucoup de choses sur les bactéries » et « Une sœur dans un autre groupe de messages Wechat qui travaille à l’hôpital a dit : La fièvre hémorragique est réelle, et les chambres du département des maladies infectieuses de l’hôpital Chang’an étaient remplies de patients ».
Des vidéos et des photos prises dans la ville montrent des milliers de résidents faisant la queue dans le froid pendant des heures pour attendre les tests d’acide nucléique.
Le 23 décembre, le bureau du quartier général de la prévention et du contrôle des épidémies de Xi’an a imposé des mesures de confinement après la détection de plusieurs cas. Il a déclaré : « À partir de 16 heures, le 22 décembre 2021, la circulation à Xi’an sera strictement contrôlée. Les résidents ne doivent pas quitter Xi’an sans raisons particulières. En règle générale, les véhicules et les personnes en partance ne doivent pas circuler dans Xi’an. Des heures de reprise spécifiques pour les situations de trafic normales seront annoncées. »
En vertu de la stratégie stricte « zéro Covid » de Pékin, les personnes vivant dans des zones confinées ne sont pas autorisées à sortir de chez elles sans autorisation, par exemple pour faire des courses ou passer des tests.
Le 27 décembre, le jour même où le personnel médical de l’APL est arrivé à Xi’an, le gouvernement a encore restreint les déplacements, annulant l’autorisation accordée à chaque ménage de faire des courses tous les deux jours. Désormais, chacun est tenu de rester chez lui.
Le manque de nourriture
Des internautes ont fait état d’une forte présence policière et médicale dans les grandes avenues de Xi’an, et de mesures quasi martiales. Les personnes trouvées dehors sans autorisation risquent une amende et leurs lieux de travail peuvent également faire l’objet de sanctions.
« Personne n’est autorisé à sortir. Le supermarché à l’extérieur est fermé, et le personnel chargé de fournir des produits de première nécessité comme de l’eau n’est pas autorisé à sortir », a posté sur Twitter un utilisateur chinois, contournant le « Grand Pare-feu ».
« Les patrouilles de police à l’extérieur des zones résidentielles ne permettent pas aux gens de sortir de leurs bâtiments ». Une vidéo montre plusieurs personnes poussées dans un véhicule de police.
Cette situation est similaire à celle qui s’est produite à de multiples reprises à Wuhan et dans d’autres villes confinées par les autorités du Parti communiste chinois (PCC). Les résidents ont déclaré être à court de nourriture et d’autres fournitures essentielles en raison du préavis extrêmement court accordé.
S’adressant à la chaîne de télévision indépendante de langue chinoise, NTD Television, un habitant de Xi’an, du nom de Wang a déclaré « presque tous les centres commerciaux de la rue ont été fermés. Seuls les grands supermarchés sont restés ouverts ».
Wang a indiqué que le prix des marchandises dans les magasins encore ouverts était très élevé, notamment en ce qui concerne les légumes. « Après la fermeture de la ville le 23, tout le monde n’était pas préparé, la ville a été soudainement confinée au milieu de la nuit. Nous n’avons pas du tout de réserves. De plus, les légumes sont trois fois plus chers. Les prix sont très élevés et il est difficile de trouver des produits. Tout le monde panique, nous n’avons aucune idée de ce qui se passe ».
Dans une vidéo postée le 29 décembre, on peut entendre des personnes vivant dans des immeubles résidentiels crier « Qui a de la nourriture à la maison ? Je suis en train de mourir de faim ». Le même jour, un message sur Twitter indiquait que la ville distribuait de la nourriture aux personnes en confinement.
Incertitude
La pandémie de Covid-19, provoquée par le virus SRAS-CoV-2, a émergé dans la ville de Wuhan, en Chine centrale, fin 2019. Elle a tué des millions de personnes dans le monde et causé d’énormes pertes économiques. La Chine a signalé un peu plus de 101 000 infections et moins de 5 000 décès à l’échelle nationale. Pékin fait l’éloge de sa politique « zéro Covid », comme ayant contribué à gagner une « guerre populaire » contre le virus.
Malgré cela, il existe des doutes considérables quant à la véracité de ces chiffres et à l’efficacité des politiques de confinement sévères de Pékin. Le PCC affirme que ses politiques et les vaccins chinois ont permis de maîtriser la Covid-19, mais les fréquentes épidémies et les mesures draconiennes prises pour lutter contre le faible nombre d’infections signalées ont mis à rude épreuve l’économie nationale, la vie sociale et la santé psychologique des habitants.
Selon les données publiées par la Commission chinoise de la santé, 151 nouveaux cas ont été recensés à Xi’an le 27 décembre, et 175 le lendemain. L’épidémie de Xi’an est survenue en même temps que d’autres foyers de contamination dans les provinces de Zhejiang et de Fujian, dans le sud-est de la Chine, où plus de 600 000 personnes ont été placées en confinement, ainsi que dans la région de la Mongolie intérieure, au nord.
Malgré la politique de confinement « zéro Covid », de nombreuses usines sont restées en activité. Xi’an est une base importante pour les industries automobile, aéronautique, aérospatiale et biotechnologique. L’usine locale de Samsung Electronics a annoncé des opérations d’urgence pour assurer une production normale.
M. Zhou, un habitant de Xi’an, a déclaré à NTD Television : « Ma femme travaille tous les jours et est en congé le samedi et le dimanche. Elle est dans la voiture de son collègue, elle ne peut donc rien faire. Son entreprise lui a délivré un certificat, elle doit donc se rendre au travail. Si elle ne se rend pas au travail, ils diront qu’elle fait de l’absentéisme ».
Rédacteur Fetty Adler
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