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Monde. La dépendance au téléphone portable favorise-t-elle la dépression, le cyberharcèlement et le manque de sommeil ?

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Selon de nombreuses études et enquêtes, la dépendance au téléphone portable n’a jamais été aussi forte. Plus de la moitié des adolescents passent de longues heures sur leur smartphone, et un tiers d’entre eux passent plus de temps en ligne avec leurs amis proches, qu’en rencontres réelles.

Dans la tranche d’âge des 18 à 29 ans, 22 % des personnes interrogées ont déclaré vérifier leur appareil toutes les quelques minutes. Les adultes ont déclaré passer environ 45 minutes par jour sur les médias sociaux, et 96 % des Américains possédaient un téléphone portable en juin 2019.

Si ces appareils sont devenus des outils indispensables pour la communication et la productivité, quels en sont les impacts négatifs sur la société ? Des études ont montré que l’utilisation excessive des appareils mobiles est associée à des problèmes de santé mentale, au cybeharcèlement et au manque de sommeil.

Prévalence de la dépendance

Selon un article des National Institutes of Health (NIH), paru en 2016, plusieurs problèmes physiques et psychologiques liés à la dépendance aux téléphones portables ont été exposés, notamment des douleurs musculaires, une vision floue, une irritation et une rougeur des yeux, des illusions auditives et tactiles : la « sensation d’avoir entendu une sonnerie ou ressenti une vibration d’un téléphone portable », et des douleurs ou des faiblesses dans les pouces et les poignets dues à une utilisation excessive.

Des changements de comportement problématiques ont également été notés, notamment la perte d’intérêt pour d’autres activités, l’usage constant du téléphone portable, ceci même dans des situations dangereuses ou des contextes interdits, et au détriment des contacts personnels, ainsi que des troubles du sommeil.

Des utilisateurs ont également fait état d’anxiété et de solitude lorsqu’ils sont « dans l’incapacité d’envoyer un message ou de recevoir une réponse immédiate. »

Une étude réalisée en 2006 révèle que « 22,1 % des adolescents et 27,9 % des jeunes étaient considérés comme accros au téléphone portable, même si seulement 5,35 % et 5,26 % d’entre eux présentaient des comportements dangereux ou nuisibles. »

Les différences géographiques et interculturelles ont nécessité davantage d’investigations, mais une prévalence plus élevée a été observée dans les populations du Moyen-Orient et de l’Asie de l’Est. Les étudiants universitaires de Corée « ont montré un plus grand niveau de dépendance (11,15%) que les Américains (6,36%). »

Cyberharcèlement

Des chercheurs chinois ont analysé les comportements liés au cyberharcèlement, à la dépression et à la dépendance aux téléphones portables chez des lycéens. Les auteurs de l’ étude, publiée en avril 2022 dans la revue Frontiers in Psychology, ont recruté 1 297 lycéens, soumis à trois questionnaires.

Les questions concernaient les comportements de sevrage, les comportements saillants tels que le besoin d’utiliser un téléphone pour se sentir satisfait, le confort social, les effets négatifs et l’utilisation excessive des applications. Des scores plus élevés étaient associés à des niveaux plus élevés de dépendance.

Le questionnaire du programme européen d’intervention contre le cyberharcèlement portait sur la victimisation et la perpétration du cyberharcèlement. La victimisation faisait référence à des éléments tels que des messages de menace ou de harcèlement, et la perpétration à des activités telles que la publication de « rumeurs incendiaires qui ont porté atteinte à la réputation d’autrui ».

Enfin, l’échelle du CES-D (Center for Epidemiologic Studies- Depression) portait sur les troubles dépressifs, tels que le fait d’être dérangé par quelque chose, sur les ressentis positifs, tel que le fait de ne se sentir « pas pire » que les autres, sur l’activité somatique et retardée, comme n’avoir pas d’appétit et sur les sentiments interpersonnels, tels que le fait de penser que les autres ne vous aiment pas. Des scores plus élevés étaient associés à des niveaux plus élevés de dépression.

Dans l’ensemble, la dépendance aux téléphones portables était associée à un taux élevé de dépression. La dépendance est un facteur des risques liés au cyberharcèlement. Elle peut aussi faire que l’on devient soi-même un cyberharceleur. Les élèves victimes de cyberharcèlement étaient plus susceptibles de devenir des cyberharceleurs.

Les auteurs ont constaté que la dépression et la dépendance étaient significativement plus élevées chez les filles que chez les garçons, tandis que le « niveau de victimisation et de perpétration par cyberharcèlement » était plus élevé chez les garçons que chez les filles.

Une analyse plus approfondie a également montré que les garçons victimes de cyberharcèlement étaient plus susceptibles de devenir des cyberharceleurs, que les filles.

La qualité du sommeil

Une étude publiée dans la revue BMC Psychiatry en août 2022, incluant 450 étudiants en médecine chinois, a examiné le rôle médiateur de la qualité du sommeil dans la relation entre la dépendance au téléphone portable et la dépression. Les participants ont pris environ 10 minutes pour répondre aux enquêtes en ligne Ceux qui ont pris moins de cinq minutes ont été exclus de l’étude.

L’étude a utilisé l’indice de dépendance au téléphone portable ((Mobile Phone Addiction Index- MPAI), le questionnaire sur la santé du patient 9 ( Patient Health Questionnaire – PHQ) sur la dépression, et l’indice de qualité du sommeil de Pittsburgh (PSQI). Les relations avec les pairs ont été mesurées sur la base de l’échelle IPPA (Inventory of Parent and Peer Attachment).

La dépression était associée à l’addiction, et la mauvaise qualité du sommeil était associée à de mauvaises relations avec les pairs. La dépendance aux téléphones portables était associée à une mauvaise qualité du sommeil et à des relations plus difficiles avec les pairs.

Les auteurs ont conclu : « la qualité du sommeil a partiellement contribué à l’association entre la dépendance au téléphone portable et la dépression. De plus, l’effet de la qualité du sommeil sur la dépression était modéré par les relations avec les pairs. »

Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann

Source : Mobile Phone Addiction Linked to Depression, Cyberbullying, and Poor Sleep

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